Le poids des mots, ou, La matérialité du langage dans Les mémoires d'un névropathe de Daniel Paul Schreber

Arcan, Nelly (2003). « Le poids des mots, ou, La matérialité du langage dans Les mémoires d'un névropathe de Daniel Paul Schreber » Mémoire. Montréal, Québec, Université du Québec à Montréal, Maîtrise en études littéraires.

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Résumé

Le délire dans les Mémoires d'un névropathe, dont l'un des principaux ressorts est la conviction de Schreber qu'un malentendu est venu rabattre la vérité sur une supposée folie, peut se concevoir comme la matérialisation, dans le Réel, du remaniement du système signifiant effondré sous le poids d'un manque à l'intérieur de sa structure. Dit autrement, Schreber tente de redonner un sens au monde, non pas dans l'ordre symbolique où la signification renvoie à une autre signification, l'intégrant ainsi dans une dialectique, mais dans celui de l'imaginaire où la signification, à la fois énigmatique et univoque, prend corps. L'univers devient alors un chaos où Schreber, et plus précisément son corps, sert de point d'attache avec le sens. C'est en ce sens que nous pouvons dire que les Mémoires racontent une histoire où se joue, de façon voilée, la survie psychique de Schreber, et où ce qui se montre n'est rien d'autre que l'effondrement du langage, et donc de la possibilité même de penser. Le langage est une condition d'existence du sujet ; il est introduit par le corps, en même temps qu'il le produit. Si nous parcourons à rebours le processus d'assimilation du langage, ce même corps sert de matériau lorsque le système signifiant s'effondre, dans la mesure où le sens se reconstruit dans un ordre où l'image spéculaire fait la loi. Les Mémoires d'un névropathe s'inscrivent dans un contexte historique où la médecine associait la folie à un dysfonctionnement nerveux : les nerfs deviennent donc, pour Schreber, le lieu du drame, et forment le réseau explicatif du monde. Son médecin, un neurologue réputé, tente sur lui des expériences qui le noue indissociablement avec Dieu, créant ainsi une faille à l'origine d'un désordre cosmique. En ce lieu à la fois transcendant et organique, apparaît sous la forme d'un Dieu étrange, défaillant et jouisseur, l'Autre de Schreber, dont les assauts répétés sont longuement décrits, puis dénoncés. Que l'enjeu de la relation duelle entre Dieu et Schreber soit son intégrité corporelle n'est pas par hasard : la matérialité du langage constitue, au tout début de la vie, un environnement primordial, et proprement physique. Les expressions de la langue de fond sont construites à partir d'une imagerie métabolique qui leur sert de prolongement, ou encore de correspondant sensoriel. Derrière l'impossible assomption de la castration et la non symbolisation d'un signifiant primordial, apparaît une jouissance féminine posée comme idéale par laquelle Schreber s'assurera la complicité de Dieu et rétablira l'ordre cosmique. En incarnant le phallus de l'Autre, Schreber donne chair à ce qui a été chez lui forclos : le signifiant du Nom-du-Père. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Mémoires d’un névropathe, Schreber, délire, langage, psychanalyse

Type: Mémoire accepté
Informations complémentaires: Le mémoire a été numérisé tel que transmis par l'auteur.
Directeur de thèse: Cliche, Anne Élain
Mots-clés ou Sujets: Schreber, Daniel Paul, 1842-1911 / Langage / Psychanalyse / Délire
Unité d'appartenance: Faculté des arts > Département d'études littéraires
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 11 juill. 2017 12:26
Dernière modification: 11 juill. 2017 12:26
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/9888

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