Marcotte, Geneviève
(2007).
« Modèle prédictif du biais d'évaluation de sa compétence chez des enfants du primaire » Thèse.
Montréal, Québec, Université du Québec à Montréal, Doctorat en psychologie.
Fichier(s) associé(s) à ce document :
Résumé
La présente recherche s'intéresse aux perceptions de compétence lesquelles sont largement reconnues pour leur effet sur l'expérience scolaire, y compris sur le rendement de l'enfant (p. ex. Assor et Connell, 1992; Bandura, 1993). Plus précisément, la présente s'intéresse à ces perceptions, dans le contexte où elles ne rendent pas compte des capacités réelles de l'enfant. Ce décalage négatif entre les perceptions de compétence et les capacités réelles, aussi appelé illusion d'incompétence (Bouffard, Boisvert et Vezeau, 2003a; Phillips, 1984, 1987), a fait l'objet de peu d'études, et celles qui l'ont fait se sont plutôt attardées aux conséquences d'une telle situation chez des élèves doués. Visant une meilleure compréhension du phénomène, nous l'avons étudié chez des élèves de milieu scolaire régulier et en avons proposé un modèle prédictif. Pour ce faire, différentes variables reconnues pour leur implication dans le développement des perceptions de compétence ont été identifiées. Leurs interrelations et leurs liens avec le biais d'évaluation de sa compétence ont été examinés. Quatre variables prédictives ont été retenues : le perfectionnisme négatif, l'estime de soi, les attributions causales et les perceptions réfléchies de compétence. Le perfectionnisme négatif s'exprime par des standards très élevés de réussite, ce qui augmente la probabilité d'échouer et peut ainsi contribuer à miner le sentiment de compétence (Bouffard, Vezeau, Chouinard et Marcotte, 2004, 2006); il nous paraît qu'avec le temps, le perfectionnisme négatif peut entraîner un biais négatif d'évaluation. En ce qui a trait à l'estime de soi, son étroit lien aux perceptions de compétence a été montré à plusieurs reprises (Harter, 1982, 1985, 1998, 1999; Wigfield et Eccles, 1994). Bien que Harter (1990, 1993) ait proposé la possibilité d'un lien bidirectionnel entre ces variables, les études portent surtout sur l'influence des perceptions de compétence relatives à un domaine précis sur l'estime de soi générale. À cet égard, l'importance quotidiennement accordée au domaine scolaire amène inévitablement l'enfant à utiliser ses perceptions de compétence scolaire pour forger son estime de lui-même (Bouffard et al., 2004). Tout en reconnaissant ce lien, notre modèle vérifie plutôt l'effet de l'estime de soi sur le biais d'évaluation, dans le but de proposer un modèle prédictif du phénomène. Concernant cette fois les attributions causales, celles impliquant un sentiment de non contrôle diminuent les probabilités d'expériences scolaires de réussite (Bandura, Barbaranelli, Caprara et Pastorelli, 1996) et entraînent généralement de plus faibles perceptions de compétence (Connell, 1985; Harter et Connell, 1984); ceci justifie l'intérêt de les considérer dans l'examen du biais d'évaluation. Enfin, sachant que les perceptions de compétence de l'enfant se développent aussi en fonction de l'interprétation qu'il fait du jugement parental plutôt qu'en fonction de ce jugement réel (Bouffard et Bordeleau, 2002; Phillips, 1987), cette variable semblait avoir toute son importance dans la compréhension du biais d'évaluation. L'objectif général de cette thèse vise à tester la validité d'un modèle prédictif du biais d'évaluation de sa compétence chez un groupe d'élèves réguliers du primaire. À ce jour, cette étude est la seule à proposer une telle organisation des variables pouvant prédire le phénomène. L'étude longitudinale de deux ans a été réalisée auprès des 821 participants ayant été présents à toutes les rencontres. Les élèves de la première cohorte fréquentaient la 3e année du primaire au premier temps de mesure et la 4e année au deuxième temps, alors que les élèves de la deuxième cohorte fréquentaient la 4e année au premier temps de mesure et la 5e année au deuxième temps. Cette étude poursuit deux objectifs spécifiques. Le premier est préalable à l'examen du second et vise à vérifier la présence et la valence des liens postulés dans notre modèle. Nos résultats permettent de confirmer ce qui avait été postulé et ces résultats sont reproduits pour chacune des cohortes, aux deux temps de mesure. Ainsi, tel qu'attendu, le perfectionnisme négatif est lié négativement au biais d'évaluation de sa compétence, à l'estime de soi et aux perceptions réfléchies de compétence en mathématiques et en français. Le perfectionnisme est aussi lié positivement aux attributions à la cause externe. Pour sa part, l'attribution à la cause externe est liée négativement au biais d'évaluation, à l'estime de soi et aux perceptions réfléchies de compétence dans les deux matières. Par ailleurs, l'estime de soi est liée positivement au biais d'évaluation de sa compétence et aux perceptions réfléchies de compétence en mathématiques et en français. Enfin, les perceptions réfléchies de compétence dans les deux matières sont liées positivement au biais d'évaluation de sa compétence. Pour sa part, le deuxième objectif vise à vérifier la robustesse et la stabilité du modèle prédictif du biais d'évaluation de sa compétence. La poursuite de cet objectif a d'abord été réalisée par l'inclusion de deux cohortes d'élèves, permettant le réexamen des élèves pour deux années consécutives. La reproduction du modèle à ces deux années pour chacune des deux cohortes indique qu'il est stable et fidèle au moins de la 3e à la 5e année du primaire. Ensuite, l'examen de deux informations précises a été fait pour vérifier la robustesse du modèle. Nous nous attendions premièrement à ce que les effets totaux des variables du modèles soient supérieurs aux effets non spécifiques et deuxièmement à ce que les effets indirects des variables soient supérieurs aux effets directs et non spécifiques, et ce, pour les quatre examens du modèle. Ces conditions sont confirmées à quelques exceptions près. Les effets néfastes d'un biais d'évaluation négatif de sa compétence sur le bien-être psychologique et le cheminement scolaire des enfants, ainsi que la stabilité du phénomène dénotent l'importance du dépistage en milieu scolaire et la nécessité d'offrir un soutien professionnel aux élèves concernés. En effet, ce problème ne semble pas se résoudre de lui-même avec l'avancement en âge et il nous paraît plausible que les enfants en étant affectés soient plus fragiles, par exemple lors de la transition du primaire au secondaire. De futures recherches permettront de vérifier si la stabilité du phénomène se maintient, de confirmer les conséquences y étant associées et éventuellement de développer des modes d'intervention appropriés.
_____________________________________________________________________
MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Perceptions de compétence, biais d'évaluation de sa compétence, illusion d'incompétence, perfectionnisme, attributions causales, estime de soi, perceptions réfléchies de compétence, enfance.
Type: |
Thèse ou essai doctoral accepté
|
Informations complémentaires: |
La thèse a été numérisée telle que transmise par l'auteur. |
Directeur de thèse: |
Bouffard-Bouchard, Thérèse |
Mots-clés ou Sujets: |
Capacité d'apprentissage / Compétence / Connaissance de soi / Élève du primaire / Estime de soi / Incompétence |
Unité d'appartenance: |
Faculté des sciences humaines > Département de psychologie |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
|
Date de dépôt: |
02 mai 2017 10:46 |
Dernière modification: |
02 mai 2017 10:46 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/9630 |