Sémiotique musico-littéraire de la voix : cinq voix dans la mouvance de la musique vers le texte

Mongrain, Daniel (2007). « Sémiotique musico-littéraire de la voix : cinq voix dans la mouvance de la musique vers le texte » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en études littéraires.

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Résumé

L'objectif de cette thèse est de démontrer que les textes du corpus constituent différentes avancées sémiosiques de la voix, entre la musique et le texte littéraire. La voix ne semble pas exister par elle-même. Elle est généralement liée à un événement sonore. Elle serait l'ensemble des qualités sonores de la parole. Lorsqu'on parle de l'émotivité ou du ton de la parole, il est généralement question de qualités sonores qui définissent la voix. C'est pourquoi la parole est neutre sans la voix. Toutefois, en l'absence de qualités sonores, est-ce que la parole littéraire est condamnée à la monotonie? Peut-on toujours parler de voix narrative? Comment reconnaît-on une voix à l'énonciation ou à la parole littéraire? Pour répondre à ces questions, il est nécessaire de passer par une sémiotique musico-littéraire. En effet, selon Suzanne K. Langer, le signe musical est non consommé (« an unconsumated symbol »), c'est-à-dire qu'il appartient à la priméité, au sens de Peirce, puisque la relation entre le fondement et l'objet du signe n'est jamais fixée, ce qui relance indéfiniment le mouvement de la sémiose – toujours au sens de Peirce. C'est à partir de cette définition du signe musical que Jean Fisette a formulé l'hypothèse selon laquelle le texte littéraire pourrait se situer dans le prolongement sémiosique de la musique. Dans ce processus, la musique structurerait le texte de l'intérieur et agirait sur l'écriture en devenant une voix. Le texte littéraire serait ainsi l'occasion de faire parler la musique. Définir la voix consiste alors à décrire son avancée dans un mouvement sémiosique qui se fonderait sur une expérience esthésique de la musique et qui générerait une action sensible dans le texte littéraire. Les textes du corpus contiennent virtuellement une sémiotique musico-littéraire de la voix qui sera explicitée et formalisée dans un discours théorique. Plus précisément, les cinq œuvres, dans leur succession et telles qu'analysées, tracent un parcours, celui de la construction progressive d'une sémiotique de la voix. Le post-exotisme en dix leçons, leçon onze d'Antoine Volodine construit ce que R. Murray Shafer nomme un paysage sonore de la voix dont la sonorité, ou les qualités sensibles, en détermine l'habitabilité, c'est-à-dire la manière possible d'habiter, d'agir et d'être dans ce paysage sonore. Le Neveu de Rameau de Denis Diderot esquisse un personnage qui imite la musique du 18ième et qui lui assigne un nombre indéterminé de voix sociales sans jamais en réaliser une seule. Ces voix suggèrent continuellement de nouvelles habitations possibles de la musique, bouleversent la manière habituelle d'habiter la musique et suscitent l'émotion. Ainsi, la virtualité de ces voix relance indéfiniment le mouvement de la sémiose. Vie secrète de Pascal Quignard pose la question du fondement silencieux de la voix. Comment conférer une voix au silence si celui-ci se définit comme une négativité sonore? Il s'agit alors de définir le silence comme une distention vocale, au sens de Saint-Augustin, c'est-à-dire comme un point de passage entre les voix du passé et des voix anticipées. Ainsi, faire silence, c'est rythmer la mouvance sémiosique de la voix. Le Petit Köchel de Normand Chaurette est une performance collective d'une seule voix qui contraint les corps parlant à s'unir et à se répéter indéfiniment. Ce texte questionne principalement le danger d'une euphonie, au sens d'Herman Parret, c'est-à-dire la fusion des voix d'une communauté affective, lorsque celle-ci ne repose plus sur l'expérience esthésique et devient une dictature de la voix. A Clockwork Orange d'Anthony Burgess gonfle la voix pour en faire un chant. Le chant est une performance, au sens de Paul Zumthor, sensuelle et corporelle de la voix qui se fonde sur une expérience esthésique de la musique et qui devient le fondement sensible d'un signe ultérieur. Dans ce texte, le chant confère une théâtralité violente à la musique orchestrale qui se cristallisera sous l'action d'une force extérieure. Finalement, le chant relance la sémiose en faisant de la voix un espace sensible pour autrui. En somme, on reconnaît une voix au texte littéraire lorsque celle-ci se fonde sur une expérience esthésique du paysage sonore, qu'elle suggère diverses façons d'habiter celui-ci et qu'elle chante librement et avec émotion une habitation du monde. C'est ainsi que le texte littéraire, en s'inscrivant dans la mouvance sémiosique de la voix, fait de la position esthétique un passage nécessaire à la position éthique de la voix. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : voix, musique, paysage sonore, texte, littérature, sémiotique, esthétique, éthique

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: La thèse a été numérisée telle que transmise par l'auteur.
Directeur de thèse: Fisette, Jean
Mots-clés ou Sujets: Littérature / Musique / Esthétique / Analyse sémiotique / Sémiotique / Voix / Environnement sonore
Unité d'appartenance: Faculté des arts > Département d'études littéraires
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 27 avr. 2017 15:09
Dernière modification: 27 avr. 2017 15:09
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/9615

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