Effet du contexte spatial sur la dynamique des populations d'un ravageur exotique, le puceron du soya (Aphis glycines Matsumura)

Maisonhaute, Julie-Éléonore (2016). « Effet du contexte spatial sur la dynamique des populations d'un ravageur exotique, le puceron du soya (Aphis glycines Matsumura) » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en biologie.

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Résumé

Les invasions biologiques, en perturbant les écosystèmes naturels, forestiers ou agricoles, peuvent engendrer d'importants dommages écologiques et économiques. En Amérique du Nord, un ravageur exotique qui sévit en grandes cultures depuis plusieurs années est le puceron du soya, Aphis glycines Matsumura, introduit au Canada en 2001. Des études américaines ont révélé que ce puceron était influencé par la structure du paysage agricole, ce qui laisse entrevoir des possibilités de lutte basées sur des aménagements du paysage. L'objectif de ce projet était de comprendre comment le contexte spatial influence la dynamique des populations d'un ravageur exotique dans le temps et son contrôle naturel. Grâce aux archives du Réseau d'avertissement phytosanitaires et à des données terrain, la dynamique des populations du puceron du soya a été étudiée sur 12 années (2004-2015) en Montérégie (Québec). L'effet du contexte spatial sur la densité en pucerons a été étudié à trois échelles (locale, paysage, régionale) et pendant sept années, ce qui a permis de comprendre l'évolution des effets spatiaux au cours du processus d'invasion, en proposant deux nouvelles hypothèses : l'hypothèse « spatiale hiérarchique » et l'hypothèse d'un « changement d'effet des plantes hôtes ». L'effet du contexte spatial et des pratiques agronomiques a également été évalué en début de saison, en étudiant la colonisation initiale des champs par le puceron, ainsi que la relation existante entre la séquence de colonisation et la densité maximale en pucerons observée en pleine saison. Enfin, nous avons évalué les effets directs (contexte spatial et ennemis naturels) et indirects (effet du contexte spatial sur les ennemis naturels) agissant sur le contrôle naturel du puceron du soya, afin de proposer des aménagements du paysage pouvant aider les producteurs dans leur lutte contre le puceron. Nos résultats montrent qu'un cycle bisannuel a été observé pour le puceron du soya au Québec, mais les données des plus récentes années remettent en question sa persistance. Concernant l'effet du contexte spatial au fil du temps, nos résultats sont en accord avec l'hypothèse d'un changement d'effet des plantes hôtes, avec un effet principal de l'hôte secondaire (soya) pendant les premières années d'invasion et un effet principal de l'hôte primaire (nerprun) et des habitats associés (zones boisées) pendant les années ultérieures. En revanche, l'hypothèse spatiale hiérarchique n'est pas apparue comme un modèle adéquat pour le puceron du soya, l'échelle d'influence maximale n'ayant aucun lien avec le stade d'invasion. En début de saison, le contexte spatial et les pratiques agronomiques ont montré des effets globalement équivalents. Les champs de soya colonisés plus tôt par le puceron du soya étaient ceux présentant une grande richesse en plantes hôtes secondaires occasionnelles (ex. luzerne, trèfle, vesce) en bordures de champs, et situés au sein de paysages possédant une grande proportion d'habitats pouvant abriter ces plantes hôtes (cultures fourragères) et une faible proportion de soya. Les champs semés plus tôt et en semis conventionnel étaient également colonisés plus tôt. Cependant, l'absence de relation entre la séquence de colonisation des champs et la densité maximale en pucerons observés en pleine saison vient atténuer l'importance des facteurs affectant le puceron du soya en début de saison. Enfin, nos résultats révèlent que le contrôle naturel du puceron du soya est principalement influencé par l'effet conjoint des ennemis naturels (densité en champignons entomopathogènes, prédateurs, diversité fonctionnelle, richesse spécifique) et du contexte spatial. La lutte au puceron du soya devrait donc reposer sur des aménagements paysagers ayant un effet positif sur les ennemis naturels et le contrôle naturel : réduire les proportions de soya, diversifier les cultures et conserver les zones boisées. En somme, cette étude est la première s'intéressant aux effets du contexte spatial sur un ravageur exotique envahissant en fonction des stades d'invasion. Au niveau théorique, cette étude révèle que l'évolution de l'effet du contexte spatial sur le puceron du soya repose sur un changement d'effet des plantes hôtes au fil du processus d'invasion, ce qui amène des réflexions quant à l'étude du contexte spatial sur d'autres espèces exotiques envahissantes. Au niveau appliqué, cette étude montre que la gestion intégrée du puceron du soya devrait reposer sur des aménagements paysagers affectant positivement les ennemis naturels sur l'ensemble de la saison. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : espèces exotiques envahissantes, Aphis glycines Matsumura, contrôle naturel, ennemis naturels, contexte spatial, échelle spatiales, plantes hôtes, partition de la variation.

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: La thèse a été numérisée telle que transmise par l'auteur.
Directeur de thèse: Lucas, Éric
Mots-clés ou Sujets: Invasions biologiques / Animaux et plantes nuisibles non indigènes / Puceron du soja -- Lutte biologique contre / Puceron du soja -- Plantes-hôtes / Agents de lutte biologique / Écologie spatiale / Comportement spatial chez les animaux / Paysages agricoles -- Gestion
Unité d'appartenance: Faculté des sciences > Département des sciences biologiques
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 26 janv. 2017 14:52
Dernière modification: 26 janv. 2017 14:52
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/9275

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