Lussier, Maxime
(2015).
« Examen des effets de transfert suite à un entrainement en double-tâche chez les jeunes adultes et les ainés » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en psychologie.
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Résumé
Entre l'an 2000 et 2050, la proportion mondiale des gens âgés de 60 ans et plus doublera, passant de 11% à 22% et atteignant les 2 milliards (Organisation mondiale de la santé, 2014). Il est connu que les personnes âgées ont des difficultés particulièrement marquées lorsque vient le temps de faire deux choses en même temps, ce qu'on attribue à un déficit de l'attention divisée associé au vieillissement normal (McDowd et Shaw, 2000; Verhaeghen, 2003; Verhaeghen et Cerella, 2002). Cette diminution de l'attention divisée a été entre autres associée à un plus grand risque de chutes lors de la marche (Beauchet, Annweiler, Allali, Berrut et Dubost, 2008; Beauchet et coll., 2009; Beauchet et coll., 2007), d'accidents automobiles (Hoffman, McDowd, Atchley et Dubinsky, 2005; Wood, Chaparro, Lacherez et Hickson, 2012) et de troubles liés à l'incontinence (Fraser, Elliott, de Bruin, Bherer et Dumoulin, 2014; Lussier, Renaud, Chiva-Razavi, Bherer et Dumoulin, 2013). Malgré ce déficit lié à l'âge, plusieurs études ont démontré que les personnes âgées pouvaient améliorer leur performance en situation de double-tâche et ce, même de façon plus marquée que les jeunes adultes (Bherer et coll., 2005a, 2008; Kramer, Larish et Strayer, 1995a; Kramer, Larish, Weber et Bardell, 1999). Ces observations portent à croire que l'entraînement cognitif peut réduire l'écart de performance entre les jeunes et les ainés et donc compenser pour les effets du vieillissement. Toutefois, un objectif crucial de l'entraînement cognitif est de générer du transfert, c'est-à-dire d'engendrer des bénéfices pouvant se généraliser à des situations différentes de celles entraînées. D'un point de vue fondamental, les effets de transfert permettent de suggérer que l'entraînement permet d'améliorer une fonction cognitive et non simplement une association spécifique entre un stimulus et une réponse dans un contexte donnée (Lindenberger, 2014). D'un point de vue clinique, le transfert pourrait engendrer des bénéfices dans les activités de la vie quotidienne suite à un entraînement effectué sur l'ordinateur dans un laboratoire (Hertzog, Kramer, Wilson et Lindenberger, 2009; Schmiedek, Lovden et Lindenberger, 2014). Toutefois, les déterminants du transfert (p. ex., nature de l'entraînement, similarité entre les tâches) sont encore peu étudiés. Cette thèse porte donc sur les effets de transfert suite à un entraînement de l'attention divisée chez les personnes âgées. La première étude de cette thèse aborde les limites du transfert. Bien que certaines études aient rapporté un transfert proximal en modifiant la nature des stimulus utilisés, aucune étude n'avait examiné le transfert distal de façon systématique, soit en variant les modalités de stimulus et/ou de réponses (Zelinski, 2009). Nous avons recruté 23 personnes âgées et 23 jeunes adultes. Dans chaque groupe d'âge, treize participants ont suivi un entraînement en double-tâche de cinq séances d'une heure et les autres participants ont été attribués à une liste d'attente. Suite à l'entraînement, tous les participants ont été évalués à la tâche entraînée et à trois tâches de transfert distal : 1) différentes modalités de stimulus, 2) différentes modalités de réponse, 3) différentes modalités de stimulus et de réponse. Les résultats ont montré que les participants entraînés se sont davantage améliorés dans toutes les conditions. Lorsque les modalités de stimulus ou de réponses variaient, des effets de transfert spécifiques à la coordination des deux tâches ont été observés, ce qui n'a pas été observé lorsque les modalités de stimulus et de réponse variaient. Les effets de transfert sont comparables entre les jeunes et les ainés. La première étude suggère donc d'une part que le transfert modal distal est possible mais qu'il présente certaines limites, et d'autre part que les effets de transfert sont préservés dans le vieillissement normal. La deuxième étude vise à mieux comprendre les modalités d'entraînement pouvant influencer le transfert. Plusieurs auteurs ont suggéré que le fait de varier certains aspects de l'entraînement pourrait mener à un apprentissage moins spécifique au contexte entraîné, favorisant ainsi les effets de transfert (Geusgens, Winkens, van Heugten, Jolies et van den Heuvel, 2007; Green et Bavelier, 2008b; Schmidt et Bjork, 1992). Une forme de variation existante dans le cadre de l'entraînement de l'attention divisée est l'entraînement à priorité variable. Lors d'un entrainement en double-tâche avec priorité variable, les participants doivent prioriser une tâche ou l'autre ou donner une priorité égale aux deux tâches. Plusieurs études rapportent que ce type d'entraînement mène à une amplitude d'amélioration plus importante dans le cadre de l'entrainement en comparaison à un entraînement à priorité fixe (Bier, de Boysson et Belleville, 2014; Boot et coll., 2010b; Kramer, Larish et Strayer, 1995b; Kramer, Larish, et coll., 1999; Silsupadol, Lugade, et coll., 2009), mais son impact sur les effets de transfert demeure mitigé. Nous avons donc comparé l'entraînement en double-tâche à priorité variable (n=27), l'entrainement à priorité fixe (n=18) et un placébo actif (n=38) sur les effets de transfert proximal et distal. Les résultats ont montré que l'entraînement à priorité variable mène à plus de transfert proximal et distal que les autres types d'intervention et que les effets de transfert étaient en partie spécifiques à la capacité de coordonner deux tâches. Toujours dans l'optique de varier le contexte de l'entraînement afin de permettre un apprentissage plus indépendant des éléments de surface de la tâche, nous avons mené une troisième étude pour comparer trois conditions : un entraînement hétérogène composé de trois différentes combinaisons de double-tâches visuomotrices (n=14), un entraînement homogène composé d'une seule combinaison (n=13) et un placébo actif. Les trois types d'intervention se déroulaient sur 12 séances d'une heure. Les résultats ont montré que les deux types d'entrainement ont engendré plus d'effets de transfert proximaux que le placébo actif. De plus, l'entraînement hétérogène est la seule intervention qui ait mené à une amélioration significative et spécifique de la capacité de coordonner deux tâches. Finalement, l'entraînement hétérogène a mené à une plus grande vitesse d'amélioration que l'entraînement homogène lors de nouveaux contextes dans le cadre de l'entraînement. En somme, la présente thèse apporte une contribution majeure dans la littérature sur les effets de l'entraînement cognitif chez les personnes âgées et amène une meilleure compréhension des limites du transfert et des facteurs pouvant favoriser le transfert suite à un entraînement cognitif de l'attention divisée.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : vieillissement, attention divisée, transfert des apprentissages, entraînement cognitif, fonctions exécutives
Type: |
Thèse ou essai doctoral accepté
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Informations complémentaires: |
La thèse a été numérisée telle que transmise par l'auteur. |
Directeur de thèse: |
Bherer, Louis |
Mots-clés ou Sujets: |
Vieillissement / Personnes âgées / Apprentissage cognitif / Multiplicité des tâches / Attention partagée / Transfert d'apprentissage / Fonctions exécutives (Neuropsychologie) |
Unité d'appartenance: |
Faculté des sciences humaines > Département de psychologie |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
22 avr. 2016 18:46 |
Dernière modification: |
22 avr. 2016 18:46 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/8240 |