Uzel, Jean-Philippe
(2014).
« L’autochtonie dans l’art actuel québécois : une question partagée ».
Globe. Revue internationale d’études québécoises, 17(1), pp. 33-57.
Fichier(s) associé(s) à ce document :
Résumé
À l'heure où les artistes visuels autochtones (Premières Nations, Inuits et Métis) se détachent de la « politique de l'identité », les artistes allochtones (d'ascendance européenne) font de plus en plus souvent référence dans leurs oeuvres à des questions en lien avec l'autochtonie. Cet article examine certaines de ces questions en établissant trois dialogues entre le travail d'un artiste autochtone et d'un artiste allochtone vivant au Québec : l'exploitation industrielle des territoires autochtones dans le Nord du Québec, par l'Algonquine Nadia Myre et l'artiste d'origine suisse Thomas Kneubühler ; les nouvelles attitudes et comportements générés par la société d'hyperconsommation, par l'artiste laich-kwil-tach Sonny Assu et le collectif BGL ; les relations entre Autochtones et colons durant le régime colonial français, chez l'artiste innue Sonia Robertson et l'artiste montréalaise Cynthia Girard. Bien que l'autochtonie, à travers ces trois dialogues, apparaisse comme une question partagée par les artistes actuels autochtones et allochtones, à aucun moment il n'est possible d'établir une équivalence entre les uns et les autres. Alors que chez les artistes allochtones l'autochtonie est traitée comme un motif secondaire, passant parfois inaperçue aux yeux des critiques d'art, elle constitue toujours le thème central des artistes autochtones chez qui elle s'ancre dans le destin, souvent tragique, de leur communauté.
As Aboriginal visual artists (First Nations, Inuit, and Métis) break away from "identity politics", non-Aboriginal artists (of European ancestry) increasingly make reference to questions of indigeneity in their work. The article examines this issue by establishing three dialogues between the work of Aboriginal and non-Aboriginals artists living in Quebec : Nadia Myre (Algonquin) and Swiss-born artist Thomas Kneubühler, who address the industrial uses of Aboriginal territories in northern Quebec ; Sonny Assu (Laich-kwil-tach) and the BGL artist collective, who explore new attitudes and behaviours generated by rampant consumerism ; and Innu artist Sonia Robertson and Montreal artist Cynthia Girard, who focus on the relationship between Aboriginal peoples and settlers during the French colonial regime. If, through the lens of these three dialogues, indigeneity appears as an issue shared by both Aboriginal and non-Aboriginal artists, it remains impossible to establish equivalence between the two groups. While indigeneity is usually a secondary motif in the work of non-Aboriginal artists, sometimes even going unnoticed by art critics, it remains a central theme for Aboriginal artists, rooted in the often tragic experiences of their communities.