Marquis, Isabelle
(2015).
« La phase d'émergence de la coconstruction d'une politique publique comme levier au processus de l'acceptabilité sociale des événements touristiques : le cas du Vieux-Québec » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en études urbaines.
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Résumé
Les événements participent à l'attrait de la ville et à son caractère distinctif. Ils ont le potentiel d'améliorer la qualité de vie contribuant à régénérer la ville autour de ses habitants et de leurs valeurs (cultures) créant ainsi une spécificité à la destination supportant sa compétitivité. Une ville touristique implique des considérations économique, sociale et environnementale en plus d'une diversité de parties prenantes. L'État et les divers niveaux de gouvernement en son sein doivent s'ouvrir à leur environnement et adopter une gouvernance correspondant à celle de l'État stratège tel que défini par Vaillancourt (2009), qui privilégie notamment la coconstruction d'une politique publique. Une telle relation entre les pouvoirs publics et les parties prenantes doit se développer selon les dimensions de la théorie générale de l'égalité développée par Rosanvallon (2011), que sont l'égalité-relation, l'égalité-distribution et l'égalité-redistribution. Dans un contexte de remise en question de la légitimité des pouvoirs publics, cette approche permettrait à l'État de développer sa capacité d'action et de renforcer le pouvoir d'influence des parties prenantes sur le processus décisionnel. De plus, l'application de la théorie des parties prenantes (Freeman, 1984) favorise l'acceptabilité sociale par la population de décisions prises par un ordre de gouvernement et contribue à construire une destination durable à l'image de son environnement. Nous nous intéressons dans le cadre de cette thèse à la contribution de la coconstruction de la politique publique comme levier à l'acceptabilité sociale des événements touristiques du Vieux-Québec. Nous nous demandons de manière générale : « Quel est le processus par lequel les parties prenantes coconstruisent une politique publique et comment ce processus peut-il contribuer à construire l'acceptabilité sociale? », et plus précisément : « Quelles peuvent être les solutions aux enjeux soulevés par les événements touristiques en vue d'en arriver à l'acceptabilité sociale de leur développement? », et encore « Dans quelles conditions le processus de coconstruction d'une politique publique événementielle peut-il fortifier le pouvoir d'influence des parties prenantes sur les décisions rendues par les pouvoirs publics et renforcer la capacité d'agir de ces derniers? ». Nous soutenons que les conditions à remplir afin que le processus de coconstruction d'une politique publique puisse soutenir l'acceptabilité sociale sont, d'abord, l'établissement d'une relation sous le principe de l'égalité entre les pouvoirs publics et les parties prenantes. Cette relation, ensuite, doit se concrétiser par l'ouverture d'un processus délibératif inclusif, à la fois sur le court terme et le long terme, qui mène à trouver des solutions reliées aux problèmes soulevés et à débattre de questions de fond, guidé par les principes de la singularité, la réciprocité et la communalité. Pour répondre à cette question et vérifier l'hypothèse, nous avons effectué une étude de cas, celle du Vieux-Québec et de ses événements. En effet, la ville de Québec cherche à se positionner mondialement et pour y arriver développe le tourisme, et surtout la filière événementielle, dans l'arrondissement historique du Vieux-Québec. Ce faisant, la Ville se retrouve confrontée aux enjeux d'acceptabilité sociale d'ordres politique, économique et social que ses décisions soulèvent dans la population du quartier. Pour réaliser cette étude de cas, nous avons effectué une collecte de données mixte, qualitative et quantitative, en s'appuyant sur une recherche documentaire, l'apport d'un groupe de travail utilisant la méthode Delphi et sur un sondage réalisé auprès de la population du Vieux-Québec. Après deux vagues de développement quelque peu houleuses, l'avenir de la filière événementielle dans le Vieux-Québec, selon les résultats obtenus, reste à construire. En effet, les externalités économiques doivent demeurer et être renforcées à l'aide d'autres facettes propres aux événements, ceci selon une vision qui fera en sorte de maintenir l'équilibre résidentiel-commercial-touristique-événementiel du quartier. Nous avons également constaté que les personnes membres du groupe de travail sont prêtes à l'échange de points de vue et vont même jusqu'à réclamer que la Ville les consulte. Les parties prenantes ont amorcé un processus de coconstruction concernant certains enjeux et solutions à apporter. La plupart d'entre eux font par ailleurs preuve d'ouverture face aux autres et à leurs préoccupations selon les principes de singularité, réciprocité et de communalité. Le processus de délibération à l'intérieur du groupe de travail s'est déroulé en trois temps : l'éclatement, le rapprochement et la consolidation. L'acceptabilité sociale n'est pas toujours coconstruite à l'aide d'une politique publique, mais dans le cas à l'étude, elle serait pertinente et même nécessaire. Selon les résultats du groupe de travail, il semble que l'innovation nécessaire pour faire face à ce point d'inflexion dans lequel se retrouve le Vieux-Québec soit en partie de nature institutionnelle. Le processus de coconstruction d'une politique servirait de véhicule d'engagement des parties prenantes concernant l'encadrement des événements touristiques du Vieux-Québec, selon une vision commune du développement touristique événementiel.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : acceptabilité sociale, coconstruction d'une politique publique, événements touristiques, parties prenantes, rôle de l'État, développement durable