Quérin, Joëlle
(2015).
« Le nouveau discours pédagogique québécois et les transformations de la communauté politique » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en sociologie.
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Résumé
Cette thèse porte sur le nouveau discours pédagogique qui s'est construit progressivement au Québec depuis le Rapport Parent, et qui s'est inscrit officiellement dans les politiques éducatives et les programmes d'enseignement avec la réforme scolaire des années 1990-2000. En abordant l'école en tant qu'actrice et témoin des changements politiques, cette thèse vise à identifier sur quelles représentations de la communauté et du sujet politiques se fonde le nouveau discours pédagogique et quelles sont les pratiques éducatives qui découlent de ces représentations. Le corpus d'analyse est constitué de documents publiés par le ministère de l'Éducation du Québec entre 1996, date de publication du rapport ayant enclenché le processus de réforme de l'éducation, et 2010, soit l'année qui marque la fin de l'implantation de la réforme au secondaire. Les documents se divisent en deux sous-corpus composés respectivement des documents d'orientation, qui définissent les grandes orientations de l'école québécoise, et des programmes scolaires, qui énoncent, pour chaque cours et pour chaque niveau scolaire, ce qui doit être enseigné dans l'ensemble des écoles du Québec. L'analyse qualitative de ces deux sous-corpus, effectuée d'après une approche inductive, a permis de constater le caractère paradoxal du nouveau discours pédagogique. Elle a d'abord révélé la coexistence d'anciens et de nouveaux discours. En effet, le nouveau discours pédagogique intègre des éléments de discours plus traditionnels, soit les discours nationaliste, social-démocrate et moderne, qu'il affirme pourtant vouloir dépasser afin de s'adapter à un monde caractérisé par la diversité identitaire et le changement perpétuel. Le nouveau discours pédagogique se caractérise également par une tension entre politisation et dépolitisation de l'école. Cette politisation de la mission de l'école s'effectue par l'intégration d'un grand nombre d'objectifs sociétaux, tels que le rapprochement interculturel, la lutte contre les discriminations et la construction d'une nouvelle citoyenneté, qui se traduisent par diverses pratiques pédagogiques, telles que les accommodements linguistiques et religieux, mais surtout par la révision du curriculum. Le cours d'Histoire et éducation à la citoyenneté (HÉC) ainsi que celui d'Éthique et culture religieuse (ÉCR) contribuent de façon importante à la politisation du rôle de l'école. Celle-ci s'accompagne toutefois d'une dépolitisation du discours, qui s'effectue par la négation du caractère polémique des orientations et des interventions scolaires, présentées comme des conséquences nécessaires de changements sociaux inévitables, ou encore comme des impératifs moraux, auxquels il serait impensable de s'opposer. Le troisième paradoxe du nouveau discours pédagogique réside dans le fait qu'il propose à la fois de libérer l'individu et de le prendre en charge. D'une part, on accorde une grande liberté à l'élève, considéré comme un individu unique et autonome, capable de faire ses propres choix et d'apprendre par lui-même. Cette grande liberté accordée à l'élève s'accompagne toutefois d'une importante prise en charge de l'élève dans de nombreuses dimensions de sa vie, telles que les dimensions cognitive, affective, sociale, psychologique et spirituelle. Cette prise en charge témoigne d'une mission thérapeutique de l'école québécoise, qui devient ainsi une composante essentielle de l'État thérapeutique contemporain. En somme, le nouveau discours pédagogique apparaît comme une composante essentielle des transformations récentes de la communauté politique. Celles-ci conjuguent un nouveau rapport à la diversité, considérée comme une caractéristique fondamentale de toute société devant impérativement être prise en compte institutionnellement, et un nouvel individualisme postmoderne, dans lequel le sujet politique est appréhendé avant tout comme un individu porteur d'une identité propre et des droits et libertés qui s'y rattachent. S'il est indéniable que l'école québécoise reflète en partie des changements qui la dépassent, il n'en demeure pas moins que le nouveau discours pédagogique est en mesure de contribuer puissamment au changement politique, par l'intermédiaire de changements organisationnels, par la révision du curriculum et par l'introduction de nouvelles méthodes d'enseignement. Pour que l'école puisse exercer ce pouvoir politique, il importe toutefois que le nouveau discours pédagogique se traduise sous la forme de pratiques enseignantes, impératif qui ne fait toutefois pas l'objet de cette thèse.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Nouveau discours pédagogique, Communauté politique, École, Québec
Type: |
Thèse ou essai doctoral accepté
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Informations complémentaires: |
La thèse a été numérisée telle que transmise par l'auteur. |
Directeur de thèse: |
Beauchemin, Jacques |
Mots-clés ou Sujets: |
Changement social. Québec (Province), Éducation. Aspect politique. Québec (Province), Enseignement. Réforme. Québec (Province), Programmes d'études. Changements. Québec (Province), Québec (Province). Politique et gouvernement. 20e siècle |
Unité d'appartenance: |
Faculté des sciences humaines > Département de sociologie |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
06 oct. 2015 19:51 |
Dernière modification: |
06 oct. 2015 19:51 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/7302 |