Quand la langue d'enseignement n'est pas une langue première : connaissance du vocabulaire scolaire chez des élèves allophones du secondaire

Bastien, Michel (2015). « Quand la langue d'enseignement n'est pas une langue première : connaissance du vocabulaire scolaire chez des élèves allophones du secondaire » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en linguistique.

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Résumé

Le but de cette étude est de dresser un portrait de la connaissance du vocabulaire scolaire d'élèves allophones qui évoluent depuis plusieurs années dans le système scolaire francophone. Les élèves ont besoin de connaitre les mots du vocabulaire scolaire pour comprendre les contenus scolaires. Parmi ces élèves, ceux qui parlent une ou des langues autres que le français à la maison et qui ne possèdent pas les mêmes bases lexicales que leurs camarades francophones au début de leur scolarité, sont particulièrement susceptibles de ne pas développer une connaissance suffisante de ce vocabulaire. Le nombre de mots connus autant que la profondeur de la connaissance de ces mots importent pour comprendre les textes scolaires. Au fur et à mesure que le nombre de mots connus augmente, des liens entre les mots se tissent, contribuant à approfondir la connaissance du vocabulaire. Dans notre travail, nous nous intéressons à la fois aux liens syntagmatiques et aux liens paradigmatiques, les premiers indiquant une connaissance lexicale de l'usage des mots en contexte, les seconds indiquant une connaissance lexicale du sens du mot au sein d'un système organisé, tel qu'il est présenté dans le monde scolaire. De plus, nous prenons en considération le degré d'abstraction des mots comme facteur d'apprentissage du vocabulaire, les mots plus abstraits étant plus difficiles à acquérir. La recension des écrits révèle que les élèves allophones ne semblent pas avoir développé une connaissance en profondeur des mots de la langue d'enseignement équivalente à celle développée chez les locuteurs natifs. Comme nous n'avons que très peu de données pour les élèves au secondaire, nous proposons les objectifs suivants : 1. Évaluer l'étendue du vocabulaire scolaire d'élèves allophones du premier cycle du secondaire. 2. Évaluer la profondeur de la connaissance du vocabulaire scolaire de ces élèves, c'est-à-dire plus précisément évaluer les connaissances paradigmatiques et syntagmatiques de noms des domaines d'apprentissages du premier cycle du secondaire. 3. Mesurer la relation entre le degré d'abstraction des mots et la profondeur de la connaissance du vocabulaire des élèves. Au total, 627 élèves de secondaire 1 à 3 âgés entre 12 et 17 ans fréquentant une école secondaire privée de Montréal ont répondu aux questionnaires et ont procédé aux tests de vocabulaire. Les élèves proviennent d'un milieu multiethnique et socioéconomique moyen à élevé. Pour procéder aux diverses mesures, nous avons extrait un échantillon de mots du vocabulaire scolaire et développé une application informatisée disponible sur Internet mesurant la connaissance en étendue et en profondeur de ces mots. Pour mesurer l'étendue du vocabulaire, nous avons adapté un test de reconnaissance des mots. Les élèves doivent cocher oui ou non vis-à-vis d'items (des mots et des pseudo-mots) pour dire s'ils connaissent l'item ou non. Pour mesurer la profondeur de la connaissance, nous avons développé un test dans lequel les élèves doivent choisir deux mots qui partagent le sens avec un mot cible (connaissances paradigmatiques) et deux mots susceptibles d'apparaître dans le même contexte que le mot cible (connaissances syntagmatiques). Les résultats au test sur l'étendue montrent que les élèves allophones reconnaissent la plupart des mots. Les analyses de variance pour la mesure de la profondeur de la connaissance montrent des effets statistiques en fonction de la langue maternelle et du niveau de scolarité. Les élèves allophones obtiennent des résultats plus faibles que les élèves francophones à tous les niveaux de secondaire en ce qui concerne les connaissances paradigmatiques. Ils obtiennent également des résultats plus faibles pour les connaissances syntagmatiques, sauf en secondaire 3. Une modélisation linéaire d'équations d'estimation généralisées (GEE) montre que le degré d'abstraction est un facteur de la profondeur de la connaissance pour tous les élèves. Plus un mot est abstrait, moins il y a de chance de bien répondre, autant pour les connaissances paradigmatiques que pour les connaissances syntagmatiques. Nous soulignons l'impact négatif qu'une plus faible profondeur de la connaissance peut entraîner chez les élèves allophones en lecture comme en écriture. Par contre, les résultats des élèves allophones ne semblent pas plus affectés par le degré d'abstraction des mots que les élèves francophones, ce qui suggère qu'ils ont développé une représentation verbale des mots abstraits dans leur langue première sur laquelle ils appuient l'apprentissage des mots correspondant en français ou qu'ils parviennent à développer un lexique des mots abstraits directement en français, comme le font les locuteurs natifs. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : vocabulaire scolaire, allophone, profondeur de la connaissance lexicale, paradigmatique, syntagmatique

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: La thèse a été numérisée telle que transmise par l'auteur.
Directeur de thèse: Morris, Lori
Mots-clés ou Sujets: Langue d'enseignement. Québec (Province), Langue seconde. Acquisition, Langue maternelle et éducation, Français (Langue). Étude et enseignement. Allophones, Élèves du secondaire, Vocabulaire
Unité d'appartenance: Faculté des sciences humaines > Département de linguistique
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 28 sept. 2015 12:53
Dernière modification: 28 sept. 2015 12:53
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/7243

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