Fréchette, Simon
(2013).
« Les mutations contemporaines du travail et le rapport de l'individu au travail : un essai sur l'aliénation » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en sociologie.
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Résumé
L'aliénation a été un concept clé pour une critique du travail au sein du capitalisme depuis que Karl Marx l'a exploré dans Les Manuscrits de 1844. Ce concept a connu une vie mouvementée, il a parfois réussi à conjuguer les usages militant et scientifique, avant d'être finalement emporté par le raz-de-marée néolibéral des années 80. À partir d'une recherche documentaire approfondie et d'une synthèse critique nuancée des conceptions et des principales écoles de pensée à l'origine de ce concept, ce mémoire en réinterroge la substance et la puissance explicative dans le contexte des mutations contemporaines du travail. Il pose la question de sa réhabilitation dans un monde qui n'est plus celui du fordisme. Pourtant, c'est précisément dans l'univers éclaté actuel (postfordiste, néolibéralisé, postmoderne), et dans les rapports au travail qu'il induit, que l'individu est dessaisi des objets produits et de son objectivité même. Des formes de vie lui sont niées. Pensé en tant que sujet libre et souverain, en tant que déraciné, le sujet est désinscrit du monde, d'où son impuissance : il le retrouve face à lui, extérieur, étranger et hostile. Ce qui pose problème réside dans le fait que les mutations contemporaines du travail se fondent précisément sur l'autonomie individuelle dans l'expérience-travail. Supporté par tout l'attirail d'un management surpuissant, ce rapport au travail est présupposé épanouissant pour un individu qui peut/doit mettre en jeu ses qualités et compétences afin de toujours se valoriser (injonction à l'excellence). Cet état est pensé/créé en tant que mis sous tension, flexible et réactif, donc instable. Il condamne les individus à une incorporation du contrôle, à une autonomie sans moyens, à l'impuissance; à une expérience contemporaine de l'aliénation. Être aliéné signifie dès lors être individualisé et assujetti par le pouvoir, être désinscrit du monde, être étranger à lui, à la nature, à soi, ainsi qu'aux objets de son activité, à la détermination et au sens de celle-ci. Et c'est toujours déjà la condition dans laquelle l'individu se présente au travail. La précarisation actuelle du travail repose sur une stratégie de déstructuration des collectivités et des solidarités. Toutefois et malgré tout, le travail demeure une expérience structurellement collective : elle est partagée. Le concept d'aliénation est appelé à s'appliquer dans un contexte où il y a une intensification des processus d'individualisation et un approfondissement de l'interpellation des individus par le pouvoir au niveau de leur qualité propre. Finalement, les mutations contemporaines du travail se doivent d'être étudiées en tant que phénomène social complexe, et non réduites à des pathologies individuelles ou à des effets d'inefficacité de la performance organisationnelle. Ce qui est en jeu aujourd'hui est une expérience nouvelle de l'aliénation dans un contexte de transmutations concrètes du rapport au travail.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : aliénation, mutations contemporaines du travail, paradigme gestionnaire, management, rapport au travail.
Type: |
Mémoire accepté
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Informations complémentaires: |
Le mémoire a été numérisé tel que transmis par l'auteur |
Directeur de thèse: |
Soussi, Sid Ahmed |
Mots-clés ou Sujets: |
Aliénation (Psychologie sociale), Attitude, Changement social, Individu, Satisfaction au travail, Travail, Travailleur |
Unité d'appartenance: |
Faculté des sciences humaines > Département de sociologie |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
09 sept. 2014 17:44 |
Dernière modification: |
01 nov. 2014 02:28 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/6130 |