Cotte, Jérôme
(2012).
« L'humour et le rire comme outils politiques d'émancipation? » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en science politique.
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Résumé
L'humour intrigue les philosophes depuis des siècles. Les questions existentielles riment très bien avec toute la liberté et l'inventivité intellectuelle propre aux différentes façons de provoquer le rire. Curieusement, il ne s'agit pas d'un sujet de prédilection pour les politologues même si l'humour, par les nombreux référents sociaux qui l'alimentent, peut être un outil de domination ou d'émancipation. Mais à l'heure où le rire devient une marchandise et un bien de consommation au même titre qu'un produit en conserve, certaines personnes jugent que l'humour a perdu toute substance politique. Nous serions désormais pris dans ce que Gilles Lipovetsky nomme la « société humoristique ». Devant ces propos qui annoncent la désubstantialisation définitive du rire, il est urgent de penser comment et en quels endroits l'humour peut encore avoir une valeur politique. Deux types d'humour, entre autres, nous permettent cette sortie : l'humour policier et l'humour anarchisant. Le premier accompagne les schèmes de la domination systémique, intergroupale et interpersonnelle. Il a pour principale fonction de maintenir les hiérarchies et de figer les identités des groupes dominés. Le deuxième est directement lié à l'émancipation. Il marque un refus des classifications sociales imposées par le sens commun et permet de se libérer momentanément des mains de l'oppression. Si l'humour policier prend très au sérieux le maintien des inégalités, l'humour anarchisant en fait de même avec la liberté et l'égalité.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Humour, rire, domination, émancipation, anarchisme, féminisme, antiféminisme, police, subversion.