St-Germain, Philippe
(2010).
« La culture des contraires : éclectisme, syncrétisme et bricolage religieux » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en sciences des religions.
Fichier(s) associé(s) à ce document :
Résumé
Cette thèse a pour objectif de mettre en lumière divers aspects de la « culture des contraires » - une culture traduisant une propension pour la juxtaposition d'éléments à première vue fort différents. Dans le premier chapitre, nous offrons au thème de la culture des contraires un point d'ancrage qui a été assez peu exploité dans la recherche : les réflexions des néoplatoniciens sur les symboles. Ces réflexions développent une conception selon laquelle la monstruosité et la laideur sont le reflet nécessaire - et non la pure antinomie - du beau. Le monstrueux ou « contre nature » est alors digne d'être considéré puisqu'il peut évoquer son contraire. Nous concluons ce chapitre par une illustration de la singularité et de la fécondité de cette perspective, avec l'étude d'un film, Night of the Demon (1957), dans lequel luttent deux tendances opposées par rapport au monstrueux : l'évocation et la monstration. Dans le deuxième chapitre, nous retenons trois notions importantes pour bien comprendre la culture des contraires: l'éclectisme, le syncrétisme et le bricolage. L'éclectisme se traduit par une ouverture aux différences; par la volonté d'accueillir les idées les plus diverses sans les considérer exclusives. Le syncrétisme, pour sa part, implique davantage : la synthèse d'éléments divers débouche ultimement sur la fusion de doctrines qui semblent avoir peu de choses en commun. Autrement dit, le libre choix n'est pas effectué pour lui-même, mais pour faire système. La notion de bricolage, quant à elle, a souvent été utilisée dans les sciences sociales, au XXe siècle. Nous nous attardons d'abord aux réflexions de Lévi-Strauss sur le bricolage, puisque ces réflexions ont durablement influencé des penseurs (Genette, Derrida, Deleuze et Guattari, de Certeau, Lyotard) dont nous rappelons les principales intuitions. Une fois le sens de l'éclectisme, du syncrétisme et du bricolage bien établi, nous nous efforçons, dans la deuxième partie de la thèse, d'étudier les contraires en tant qu'ils s'inscrivent dans des pratiques et des productions culturelles. Nous nous intéressons d'abord aux conduites extrêmes. Moins encadrées par les institutions, les formes contemporaines du rite de passage sont souvent étonnantes, voire choquantes. Les jeunes sont amenés à expérimenter d'une manière souvent forcenée: ils doivent inventer de nouvelles formes rituelles pour mieux négocier les passages les plus cruciaux de leur existence. Dans un premier temps, nous nous penchons sur l'engouement des jeunes pour les jeux vidéo - plus précisément, pour les jeux de combat. Nous poursuivons avec l'analyse de deux phénomènes unissant l'expression artistique et le rite : celui des tags et des graffiti et celui des arts du corps. Nous mesurons jusqu'à quel point ces phénomènes permettent au jeune de se façonner une identité, selon une esthétique bricoleuse qui allie le bagage personnel du participant et de nombreux emprunts. Par rapport aux notions d'éclectisme et de syncrétisme, le bricolage comporte de très fortes résonances artistiques. Les deux derniers chapitres exploitent donc cette dimension du bricolage. Le quatrième chapitre est principalement traversé par un mouvement artistique qui accorde une place prépondérante aux synthèses inattendues : le surréalisme, qui tend à réunir ce qu'on avait tendance à dissocier. Cet effort visant à réunir les contraires se répercute sur tous les aspects du mouvement. Dans le cinquième et dernier chapitre, nous poursuivons notre étude des inscriptions culturelles du jeu entre les contraires. Mais tandis que nous nous étions intéressés à la création artistique dans le quatrième chapitre, il s'agit, cette fois, d'adopter le point de vue du récepteur; dans l'économie de cette réception, nous nous intéressons au rapport entre le culte et la culture, par le truchement du phénomène des œuvres et des figures cultes. L'usage du terme « culte » suggère un certain rapport au religieux. Nous scrutons également l'émergence et l'évolution d'un discours qui prétend opérer un renversement radical par rapport aux critères esthétiques modernes : non plus préoccupés par l'élection de chefs-d’œuvre, les membres de cette sous-culture jettent volontairement leur dévolu sur des films médiocres. Cette esthétique paraît opérer une sorte de désublimation du beau classique dans un geste qui rappelle, à bien des égards, l'attaque contre le « bon goût » orchestrée par la mouvance néodadaïste de l'art contemporain.
______________________________________________________________________________
MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Religion, culture, éclectisme, syncrétisme, bricolage, contraires, symbole, surréalisme
Type: |
Thèse ou essai doctoral accepté
|
Informations complémentaires: |
La thèse a été numérisée telle que transmise par l'auteur |
Directeur de thèse: |
Ménard, Guy |
Mots-clés ou Sujets: |
Bricolage (Religion), Contraire (Philosophie), Culture, Éclectisme, Religion, Surréalisme (Art), Symbole, Syncrétisme |
Unité d'appartenance: |
Faculté des sciences humaines > Département de sciences des religions |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
|
Date de dépôt: |
19 avr. 2011 19:36 |
Dernière modification: |
01 nov. 2014 02:18 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/3855 |