Côté, Anne-Élizabeth
(2009).
« Comment comprendre le discours cinématographique de la violence? » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en science politique.
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Résumé
L'actuel traitement cinématographique de la violence préoccupe. Une violence « pure » envahirait nos écrans. Quel sens attribuer à cette inflation d'images de la violence? Le visionnement de certaines images de la violence stimule-t-il la propagation de la violence, ou bien opère-t-il une forme de catharsis? Quelle est la fonction du spectacle de la violence dans la culture qui est la nôtre? Soutenant l'hypothèse selon laquelle on ne peut ignorer que les spectacles qu'une société se donne à elle-même sont indissociables de celle-ci, nous soutiendrons que les images de la violence participent d'une « économie plus générale de la violence », spécifique de surcroît aux sociétés occidentales. Cet essai est une superposition de trames interprétatives, nous cherchons à rendre compte des positions de plusieurs penseurs, créateurs, psychanalystes ou hommes de théâtre qui ont abordé la question de la violence et notre rapport à l'image et à la fiction, ce qui nous permet de construire notre réflexion personnelle sur la représentation de la violence au cinéma et ses effets. Nous présentons d'abord brièvement plusieurs études portant sur la violence au cinéma et ses effets sur le spectateur. La conclusion qui s'en dégage est qu'il n'existe pas de critères objectifs pour juger des films de violence et qu'il est impossible de postuler un rapport clair entre la violence perpétrée par des individus et l'exposition aux images télévisuelles et cinématographiques de la violence. Sept films récents particulièrement représentatifs du genre « films de violence » actuels sont ensuite analysés. On verra que si l'on ne peut parler de violence « pure », on assiste toutefois à un accroissement des scènes cinématographiques de violence qui laissent peu de place à l'ambiguïté et à la polysémie des messages. Un bref retour sur la lecture freudienne du lien social, qui suppose un « reste » devant faire l'objet d'une purgation, et la présentation de la perspective politique de Myriam Revault D'Allonnes, impliquant que l'on ne peut éradiquer le mal du lien social et que le rôle du tragique est de nous le rappeler, nous permettent de cerner la place que pourraient occuper ces productions fictionnelles dans « l'économie de la violence » des sociétés occidentales. Si les productions cinématographiques ne peuvent être conçues comme des « corps étrangers », ce spectacle non seulement témoigne de l'impossibilité de vaincre la violence au coeur du vivre-ensemble, mais met également à jour notre impossibilité contemporaine de croire sans voir, d'imaginer en dehors du support visuel. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Violence, Spectacle de la violence, Vivre-ensemble, Catharsis.