On ne peut trop les ménager afin de se les conserver : la politique de distribution des présents au Canada, en Acadie et dans les Pays d'En-Haut (1713-1760)

Terrollion, Maxence (2025). « On ne peut trop les ménager afin de se les conserver : la politique de distribution des présents au Canada, en Acadie et dans les Pays d'En-Haut (1713-1760) » Thèse. Montréal (Québec), Université du Québec à Montréal, Doctorat en histoire.

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Résumé

Cette thèse porte sur l’évolution et la structure de la politique de distribution des présents aux communautés autochtones alliées des Français au XVIIIe siècle au Canada, en Acadie et dans les Pays d’En-Haut. Si l’historiographie a bien montré l’importance des présents dans le maintien des alliances franco-autochtones, elle s’est rarement interrogée sur la manière dont le gouverneur général a pu maintenir un aussi vaste réseau d’alliances, reproduisant année après année, à l’échelle de la Nouvelle-France, les négociations avec les communautés alliées. Notre hypothèse initiale est que la distribution des présents, au-delà d’être une simple pratique diplomatique, constituait un véritable outil impérial dont l’utilité ne se limitait pas seulement au maintien des alliances franco-autochtones. Les rapports des gouverneurs, les lettres des commandants de poste, les écrits d’autres officiers de la Marine, ainsi que les rapports comptables de l’intendant ont été analysés afin de faire apparaitre les contours de cette politique et de l’étudier tant du point de vue des discours officiels que des écrits transmis entre les différents acteurs impliqués. À travers l’étude du vocabulaire diplomatique et en tenant compte des contextes de production des différentes missives, il a été possible de montrer que la politique de distribution des présents était à la fois un outil diplomatique essentiel, une pratique nécessitant un financement constant et un sujet de discorde entre les différents échelons de la hiérarchie coloniale. Cette thèse met en évidence l’utilisation des présents pour inciter les communautés autochtones à participer aux projets impériaux français. Tout d’abord, elle met en perspective les continuités existant entre la politique des « présents du roi » instaurée au XVIIe siècle et la pratique plus institutionnalisée du XVIIIe siècle. Toutefois, dans le contexte des affrontements franco-britanniques pour le contrôle du territoire, le traité d’Utrecht de 1713 a constitué un tournant dans la manière d’envisager et d’appliquer cette politique aux communautés autochtones situées aux frontières de la Nouvelle-France. Sans effacer son rôle de maintien des alliances, les Français transmirent des présents aux communautés pour les encourager à s’opposer aux efforts des Britanniques pour s’établir sur leur territoire, voire à entrer en guerre contre la Nouvelle-Angleterre s’il le fallait. Pour maintenir cette politique et mobiliser les communautés autochtones, les Français ont dû constituer un réseau logistique capable d’acheminer les présents à l’ensemble de leurs alliés. Héritée du XVIIe siècle, cette structure se développa au XVIIIème siècle pour incorporer de nouveaux forts, mobiliser plusieurs officiers aux compétences diverses ainsi que des représentants autochtones. Les alliés, à la fin de cette chaîne logistique, pouvaient alors influencer la quantité et le type de présents offerts en fonction des individus présents dans leurs villages. Cette thèse met également en lumière les méthodes et les discours employés par le gouverneur et l’intendant dans leur correspondance respective pour défendre le maintien de cette politique tout en s’affirmant comme des administrateurs compétents de la colonie. La question du coût de cette politique, fréquemment soulevée par Versailles, ainsi que de son utilité, revenaient régulièrement dans les échanges épistolaires entre la métropole et sa colonie. Dans ce contexte, les autorités coloniales développèrent des stratégies discursives pour justifier le maintien d’une pratique fortement critiquée en métropole. Cependant, la guerre de la Succession d’Autriche et la guerre de Sept Ans, entrainant des hausses inédites de dépenses, tant pour les présents que dans d’autres domaines, fragilisèrent le statut de cette politique. En raison de la mobilisation des marchands, du blocus britannique et des compétitions avec les officiers de l’armée de terre, les stratégies discursives des administrateurs coloniaux ne suffirent finalement plus à les protéger des critiques et des accusations de Versailles. En 1760, cette politique fut définitivement abandonnée par la métropole et les dépenses qu’elle avait occasionnées dans les années 1750 figurèrent parmi les principaux chefs d’accusation lors de l’Affaire du Canada. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : présents, diplomatie, Nouvelle-France, alliance franco-autochtone, 18e siècle

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A.
Directeur de thèse: Beaulieu, Alain
Mots-clés ou Sujets: Présents / Aspect politique / Cadeaux diplomatiques / Nouvelle-France / Peuples autochtones / 18e siècle / France / Politique coloniale
Unité d'appartenance: Faculté des sciences humaines > Département d'histoire
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 22 oct. 2025 08:07
Dernière modification: 22 oct. 2025 08:07
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/19195

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