Filori, Sébastien
(2025).
« La voie du Manoir : ethnographie d’une communauté intentionnelle écologique et sociale située en Gaspésie » Mémoire.
Montréal (Québec), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en sociologie.
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Résumé
Face à l’ampleur des défis climatiques et sociaux de notre ère, cette étude de cas se penche sur une éco-communauté québécoise en quête d’alternatives : le Manoir, en Gaspésie. Elle explore deux questions de recherche. D’abord, décrire : « Quel est ce modèle alternatif, comment fonctionne sa mise en oeuvre, et quelle vision des choses le sous-tend, quant au vivre-ensemble, à la gouvernance, au travail, et à l’économie ? ». Ensuite, critiquer : « Quels sont les avantages et limites de ce modèle alternatif, en quoi donne-t-il des pistes dans la lutte contre la crise climatique et sociale ? ». Ce mémoire présente d’abord le terrain du Manoir, son fonctionnement, ses missions (expérimenter et promouvoir un modèle alternatif), et ses valeurs (communalisme, justice sociale, écologie, autonomie, ouverture). Ces fondements sont ce qui motive les membres et structure leurs conceptions et pratiques quant aux dimensions que nous explorons. Pour ce qui est de la vie communautaire, le groupe cherche à maintenir la qualité des relations en gérant les conflits à travers des pratiques comme la médiation ou la communication non-violente. En matière de gouvernance, il adopte une conception démocratique anarchiste basée sur l’égalité, l’autodétermination, et la transparence. Il prend la plupart des décisions collectivement, à travers la méthode du consensus constructif, tout en offrant une marge d’autonomie aux membres dans des projets délégués. Son modèle économique repose entre autres sur la mutualisation des ressources, des revenus, et du temps de travail, sur la simplicité volontaire, sur l’autosuffisance, et sur les solidarités au sein de son réseau. S’agissant du travail, le Manoir réduit la place du salariat et du labeur pénible, et adopte une conception de l’activité comme notion centrale, désenchantée, et diversifiée. Il valorise certaines occupations épanouissantes et porteuses de sens, autant que les tâches productives. Cela fonde un modèle social accessible, couvrant les besoins de chacun tant qu’il contribue à sa manière. Ces dimensions sont toutes traversées par la notion de commun, à laquelle le Manoir se rattache pour plusieurs raisons : ressources gérées collectivement, valeurs libertaires, mise en réseau, égalité et équité… Ce communalisme offre des avantages, comme la résilience et la solidarité, mais aussi des limites, comme la promiscuité ou la microgestion. Il suscite d’ailleurs des dissensions entre les partisans d’une approche individualiste ou collectiviste, et ce dans l’ensemble des dimensions étudiées : vie communautaire plus ou moins structurée par le groupe ; décisions collectives ou marge d’initiative ; degré de mutualisation des ressources et des contributions… Pour éviter les tensions dues à ces désaccords, il convient de chercher des équilibres ou de faire des concessions, chose délicate sur les enjeux névralgiques. D’où l’importance de partager une même vision, afin d’avancer dans la même direction et d’éviter ces arbitrages. Mais dans notre société individualiste, il est ardu de trouver des gens prêts à s’engager dans un modèle radicalement communaliste et exigeant. Ainsi, sa principale limite est sa difficulté à rayonner et convaincre des gens d’y adhérer. Il demeure toutefois digne d’intérêt : même sans l’adopter intégralement, ses avantages sont une source d’inspiration. Au-delà du Manoir, c’est d’ailleurs l’ensemble des initiatives en quête d’alternatives qu’il faut étudier, tant elles expérimentent, sur le terrain, une diversité de pistes justes et durables. Bien qu’imparfaites, elles nous offrent des idées et de l’espoir, ce qui justifie notre intérêt. Ce mémoire, en jetant la lumière sur l’une d’entre elles, tente lui aussi, à son échelle, d’élargir les imaginaires et de participer à cette quête d’espérance et d’issues. À d’autres désormais d’y apporter leur contribution. La tâche est imposante, certes. Mais à l’aube des tempêtes que charrie notre siècle, elle est vitale.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : éco-communautés, commun, communalisme, autogestion, économie communautaire, ethos de l’activité
Type: |
Mémoire accepté
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Informations complémentaires: |
Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A. |
Directeur de thèse: |
Filion, Jean-François |
Mots-clés ou Sujets: |
Éco-communautés / Communes / Communalisme / Vivre-ensemble / Organisation du travail / Autogestion |
Unité d'appartenance: |
Faculté des sciences humaines > Département de sociologie |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
03 juin 2025 14:37 |
Dernière modification: |
04 juin 2025 06:51 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/18818 |