Leclair, Patrick
(2025).
« Complexe Guy-Favreau : la bouée de sauvetage du « Chinatown » » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en histoire.
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Résumé
Ce mémoire offre un éclairage nouveau sur l’impact et la signification du projet Complexe Guy-Favreau sur le secteur « Chinatown » de Montréal. Conçu en 1966 et inauguré en 1984, ce complexe fédéral a traversé plusieurs cycles urbains, sociaux, politiques et économiques durant ses 18 années de développement. Cette étude débute avec la rénovation du faubourg Saint-Laurent en 1959 et se termine avec la remise des plans finaux du complexe fédéral et la première pelletée de terre en 1981. L’analyse se concentre sur l’évolution spatiale du secteur communément appelé « Chinatown » ainsi que sur l’occupation par les Chinois du faubourg Saint-Laurent. L’idée de rénover ce quartier ancien central s’inscrit dans un contexte de « lutte au taudis » et de développement de l’Est du centre-ville. À l’époque, les pratiques urbanistiques sont autoritaires et la société civile est largement exclue du processus décisionnel. Le contexte de l’État providence et de la Révolution tranquille engendre une « lutte des drapeaux » entre Québec et Ottawa, chacun cherchant à construire des tours à bureaux pour loger ses employés et affirmer sa présence au centre-ville. Après l’échec d’un projet tripartite avec le Mouvement Desjardins et le gouvernement provincial (1967-1970) au Nord du boulevard Dorchester (maintenant nommé boulevard René-Lévesque), une partie de la zone du « Chinatown » telle que nous la comprenons aujourd’hui, est ciblée par le gouvernement fédéral pour faire, cette fois-ci, un projet individuel. Notre analyse démontre qu’avant la période de construction du Complexe Guy-Favreau, le « Chinatown » est un lieu flou, sans limites fixes, où les Chinois, bien que peu nombreux dans l’ensemble du faubourg Saint-Laurent, restent présents, alors que le reste de la population quitte le secteur. À l’époque, le quadrilatère visé par le projet du complexe fédéral se situe dans le faubourg Saint-Laurent, mais certaines institutions et commerces chinois y ont pignon sur rue aux côtés d’entreprises non chinoises. Lorsque le projet du Complexe Guy-Favreau, une grande tour à bureaux à vocation administrative, est rendu public, il cesse d’être un projet mené de manière purement autoritaire. Notre étude met en lumière le rôle crucial du Service d’urbanisme et de l’habitation de Montréal, ainsi que ses interactions avec six personnalités chinoises en particulier, qui ont contribué à consolider l’espace diffus et incertain du « Chinatown ». Cette intervention marque le début de la revitalisation du secteur avec la mise en œuvre de la Place Guy-Favreau. La conjoncture socioéconomique et le nouveau contexte politique poussent le gouvernement fédéral à revoir son projet à l’été 1977, entraînant une modification du design et de l’approche participative. La crise économique, la réaction négative du public à la Place Guy-Favreau, les tensions politiques avec le Québec et l’application de la loi sur les biens culturels rendent la phase initiale du projet difficilement justifiable. Le gouvernement doit alors intervenir de manière plus mesurée et réfléchie, prenant en compte les besoins de la population et les objectifs urbains de la ville de Montréal, s’il veut aller de l’avant. La solution réside dans l'intégration de nouvelles idées en matière d'urbanisme, en accordant une attention particulière au patrimoine et aux besoins de la population locale dans la conception des projets urbains. Le nouveau Complexe Guy-Favreau, avec l’ajout de logements, son comité consultatif et la protection patrimoniale de bâtiments adjacents (initiée avec l’adoption de la loi québécoise sur les biens culturels), devient ainsi le moteur d’une série d’initiatives par la Ville qui transforment l’ancien espace diffus de l’enclave chinoise en un véritable quartier résidentiel caractérisé par une occupation tangible. Cette démarche conduit à une reconnaissance accrue de la présence chinoise dans le secteur, à la définition claire du « Chinatown » et à la consolidation et protection de son territoire.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Complexe Guy-Favreau, Place Guy-Favreau, « Chinatown », Quartier chinois, Rénovation urbaine, Patrimoine, Montréal, Québec.
Type: |
Mémoire accepté
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Informations complémentaires: |
Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A. |
Directeur de thèse: |
Fougères, Dany |
Mots-clés ou Sujets: |
Complexe Guy-Favreau / Histoire / Rénovation urbaine / Quartier chinois / Montréal (Québec) |
Unité d'appartenance: |
Faculté des sciences humaines > Département d'histoire |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
15 avr. 2025 14:30 |
Dernière modification: |
15 avr. 2025 14:30 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/18698 |