Descheneaux, Julie
(2024).
« Facteurs contextuels influençant l'implantation de l'éducation à la sexualité en milieu scolaire en contexte de responsabilité partagée » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en sexologie.
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Résumé
Le Québec s’est doté d’un programme d’éducation à la sexualité en milieu scolaire depuis les années 1980. Dans la foulée du consensus scientifique pour une éducation holistique à la sexualité (comprehensive sex / sexuality education), les contenus implantés en 2018 réfèrent aux multiples dimensions de la sexualité humaine et sont adaptés au développement psychosexuel des élèves. Or, l’éducation à la sexualité reste un objet d’enseignement contesté à l’école, au même titre que d’autres éducations à, et leur enseignement sous le Programme de formation de l’école québécoise est interdisciplinaire, donc ils relèvent d’une responsabilité partagée à l’école. Les collaborations que l’éducation à la sexualité exige dans l’école et hors de l’école entre le personnel enseignant, le personnel non-enseignant et le personnel externe (ex : organismes communautaires) demeurent un enjeu complexe pour l’implantation de ces contenus dans les écoles. Il apparaît important de bien comprendre ce contexte d’implantation du programme québécois d’éducation à la sexualité, et spécifiquement les facteurs contextuels qui influencent son implantation en 2018, dans le cadre de la responsabilité partagée. Le projet de recherche-intervention Éducation à la sexualité en milieu scolaire: un portrait pour informer l’action au coeur de cette thèse a été développé avec la visée générale de soutenir l’implantation des contenus obligatoires de 2018 en éducation à la sexualité au sein d’un Centre de services scolaire sur la rive nord montréalaise. Trois objectifs spécifiques ont été poursuivis dans le cadre de cette étude : 1) Documenter la mise en oeuvre des activités d’éducation à la sexualité et les facilitateurs et obstacles à l’implantation de l’éducation à la sexualité du point de vue des partenaires régionaux et des prestataires dans les écoles. 2) Examiner les intentions du personnel enseignant et leurs facteurs associés à l’intention à enseigner par soi-même, enseigner en tandem ou inviter dans sa classe des éducateurs ou éducatrices à la sexualité. 3) Explorer l’intention du personnel non-enseignant sollicité à animer l’éducation à la sexualité dans les classes et les facteurs associés à cette intention. L’étude de cas a été retenue comme méthodologie principale pour comprendre le phénomène en contexte et permettre des retombées en temps réel au sein d’un Centre de services scolaire. Pour répondre à l’objectif 1, une méthodologie mixte triangulée a été retenue où les collectes quantitatives et qualitatives ont été analysées séparément puis interprétées de façon contrastée pour s’enrichir (Creswell et Plano Clark, 2011). Le cadre conceptuel des facteurs d’implantation de Durlak et DuPre (2008) a permis d’analyser les résultats. Pour répondre aux objectifs 2 et 3, un devis mixte séquencé (Creswell et Plano Clark, 2011) a permis, à partir d’une approche qualitative dans un premier temps, le développement des instruments de mesure tout en précisant les variables dépendantes de l’étude (personnel enseignant : intention d’enseigner, de co-enseigner et d’accueillir dans sa classe un·e éducateur·trice à la sexualité; personnel non-enseignant : intention d’animer l’éducation à la sexualité si sollicité·e par le personnel enseignant) et les variables indépendantes (attitude, norme, perception de contrôle). La collecte quantitative du premier volet de l’étude réalisée auprès du personnel enseignant (n=295) et non-enseignant (n=154) démontre que 42,0 % du personnel enseignant et 9,1 % du personnel non-enseignant avaient enseigné ou animé au moins une activité d’éducation à la sexualité l’année précédant l’implantation obligatoire des contenus. La collecte qualitative de ce volet réalisée auprès des partenaires à l’implantation de l’éducation à la sexualité au CSS (n=14) et des prestataires dans les écoles (n=35) démontre que le contexte d’implantation est caractérisé par 7 facilitateurs, 9 obstacles et 8 facteurs à la fois facilitateurs et obstacles selon les points de vue. Les résultats révèlent que deux facilitateurs avaient des effets structurants dans le cas étudié : a) la coordination inter-organisationnelle et intersectorielle du CSS avec les organismes partenaires sur le territoire, soutenue par un fort leadership du tandem éducation / santé publique b) les facteurs liés au soutien et à la prévention-promotion. Les quatre obstacles principaux se sont avérés être : a) le manque de financement; b) la tension sur qui devrait enseigner l’éducation à la sexualité; c) l’exigence d’adapter le programme; d) les difficultés à mobiliser les cadres. Le deuxième volet de l’étude réalisé auprès du personnel enseignant (n=295) démontre qu’environ 40% ont l’intention d’enseigner l’éducation à la sexualité par eux-mêmes ou elles-mêmes à leurs élèves, 36% ont l’intention de co-enseigner, tandis que 76% ont l’intention d’inviter un éducateur ou une éducatrice à la sexualité dans leur classe. Un seul facteur commun à l’intention est partagé pour les trois stratégies d’enseignement : la norme morale, c’est-à-dire le fait de sentir qu’on a le devoir, pour les bienfaits des élèves et de la société, de faire de l’éducation à la sexualité. Les trois modalités d’enseignement sont associées à différents facteurs associés: a) l’auto-efficacité en éducation à la santé sexuelle et l’aisance avec les contenus influencent l’intention à enseigner par soi-même; b) l’auto-efficacité au travail en partenariat, le fait d’enseigner à des classes multi-niveaux ou multi-âges et avoir fait des études supérieures influencent l’intention de co-enseigner avec un·e collègue; c) le faible niveau d’aisance avec les contenus et le niveau élevé de regret anticipé influencent l’intention à inviter un éducateur ou une éducatrice à la sexualité dans sa classe. Le troisième volet auprès du personnel non-enseignant (n=199), davantage exploratoire, démontre qu’environ 1 personne sur 3 pense qu’elle pourrait être sollicitée pour aller animer des contenus en éducation à la sexualité dans les classes et qu’environ 65% ont l’intention de répondre favorablement à l’appel pour les animer. La croyance au rôle social a été un facteur associé à leur intention de répondre favorablement s’ils ou elles sont sollicité·e·s à animer des contenus en éducation à la sexualité. En conclusion, cette thèse démontre que l’implantation de l’éducation à la sexualité dans le contexte de la responsabilité partagée fait face à de nombreux défis afin de pérenniser le programme et d’assurer la réussite de l’implantation, mais que des facteurs contextuels sont néanmoins favorables à son implantation sur le territoire étudié.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : promotion de la santé sexuelle; éducation à la sexualité; « éducation à »; analyse d’implantation; milieu scolaire; intention; facteurs associés à l’intention.
Type: |
Thèse ou essai doctoral accepté
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Informations complémentaires: |
Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A. |
Directeur de thèse: |
Otis, Joanne |
Mots-clés ou Sujets: |
Éducation sexuelle dans les écoles / Éducation à la sexualité / Programmes d'études / Interdisciplinarité en éducation / Québec (Province) |
Unité d'appartenance: |
Faculté des sciences humaines > Département de sexologie |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
07 janv. 2025 11:20 |
Dernière modification: |
07 janv. 2025 11:20 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/18385 |