Kadhim, Nada
(2024).
« Le rôle des groupes sociaux dans la protection du bien-être et dans la qualité de l'intériorisation des normes alimentaires négatives » Thèse.
Montréal (Québec), Université du Québec à Montréal, Doctorat en psychologie.
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Résumé
L’alimentation malsaine est un comportement fréquent qui peut nuire à notre santé physique et psychologique. En tant qu’humains, nous mangeons quotidiennement avec d’autres individus et, par conséquent, nous pouvons être influencés par les comportements alimentaires à la fois sains et malsains de ces partenaires alimentaires. En d’autres mots, nos comportements alimentaires malsains sont souvent influencés par les normes sociales (c.-à-d., les règles et les principes d’un groupe à propos de comportements spécifiques) concernant l’alimentation malsaine. Guidée par deux cadres théoriques principaux, notamment l’approche de l’identité sociale et la théorie de l’autodétermination, la présente thèse visait à approfondir nos connaissances quant au rôle des normes sociales concernant l’alimentation malsaine dans la prédiction des variables comportementales et psychologiques suivantes : les intentions à consommer des aliments malsains, le bien-être, et l’endossement personnel et volontaire des comportements alimentaires malsains (c.-à-d., le degré d’intériorisation des comportements alimentaires malsains). Trois études ont été réalisées et sont présentées dans cette thèse. D’abord, une étude corrélationnelle et longitudinale (étude 1 ; N = 318) a été menée dans la population générale. Cette étude impliquait de remplir un questionnaire en ligne aux trois temps de mesure suivants : 1) Temps 1 : cinq semaines avant le temps des Fêtes (T1) ; 2) Temps 2 : pendant le temps des Fêtes (T2) ; et 3) Temps 3 : cinq semaines après le temps des Fêtes (T3). Étant donné l’importance et la pertinence du temps des Fêtes (T2) dans le contexte de l’alimentation malsaine, la première étude de cette thèse a d’abord examiné l’évolution des moyennes concernant la fréquence des comportements alimentaires malsains, les normes encourageant l’alimentation malsaine et le bien-être à travers les trois temps de mesure de l’étude. Ces analyses ont révélé que : la fréquence des comportements alimentaires malsains, les normes encourageant l’alimentation malsaine et la vitalité (c.-à-d., un des indicateurs de bien-être) étaient toutes plus élevées au T2 comparativement au T1 et au T3. Ensuite, cette première étude visait à vérifier si les normes sociales encourageant l’alimentation malsaine, puisqu’elles peuvent normaliser et légitimer ce comportement, peuvent aussi atténuer (c.-à-d., modérer) le lien négatif attendu entre la fréquence des comportements alimentaires malsains et le bien-être. Afin de cerner l’évolution des variables entre le T1 et le T2, puis entre le T2 et le T3, des variables représentant les changements observés entre ces mêmes temps de mesure ont été créées pour les mesures suivantes : la fréquence des comportements alimentaires malsains, les normes encourageant l’alimentation malsaine et le bien-être. Les résultats des analyses de modération ont démontré que la variable représentant le changement dans les normes encourageant l’alimentation malsaine entre le T1 et le T2 (c.-à-d., un contexte où l’alimentation malsaine était plus saillante socialement) a atténué le lien négatif observé entre la variable représentant le changement dans la fréquence des comportements alimentaires malsains entre le T1 et le T2, et la variable représentant le changement dans le bien-être entre le T1 et le T2. En d’autres mots, lorsque la fréquence de l’alimentation malsaine a augmenté entre le T1 et le T2, une augmentation parallèle dans la force des normes encourageant l’alimentation malsaine entre ces mêmes temps de mesure a permis d’atténuer une diminution vécue au niveau du bien-être, toujours entre ces temps de mesure spécifiques. Ce rôle protecteur et atténuateur des normes sociales a été observé uniquement entre le T1 et le T2, et non entre le T2 et le T3 (c.-à-d., un contexte où l’alimentation malsaine n’était plus aussi saillante socialement). Cette première étude a été publiée dans le journal Group Dynamics: Theory, Research and Practice dans un article qui s’intitule The buffering role of social norms for unhealthy eating before, during and after the Christmas holidays: A longitudinal study (voir le Chapitre 2). L’étude 2 (N = 191), utilisant un devis expérimental et menée auprès d’étudiants universitaires, avait pour but de tester si les normes encourageant l’alimentation malsaine, activées de manière expérimentale et situationnelle cette fois, modèrent elles aussi le lien entre l’alimentation malsaine et le bien-être psychologique. Cette étude visait également à vérifier si ces normes encourageant l’alimentation malsaine et induites expérimentalement augmentent les intentions à consommer des aliments malsains et le degré d’intériorisation de ces comportements alimentaires malsains, comparativement à des normes qui découragent l’alimentation malsaine. Cette deuxième étude a généré peu de résultats significatifs et n’a pas été publiée (voir le Chapitre 3). Elle a cependant permis d’apporter des améliorations méthodologiques à l’étude expérimentale subséquente de la présente thèse. Aussi menée auprès d’étudiants universitaires, l’étude 3 visait à vérifier si l’effet des normes encourageant l’alimentation malsaine est modéré, c’est-à-dire amplifié vs atténué, par la manière dont ces normes sont communiquées par un groupe social qui les encourage. Spécifiquement, l’étude 3 (N = 341) visait à tester si, d’une part, l’effet des normes encourageant l’alimentation malsaine sur les intentions à consommer des aliments malsains et sur le degré d’intériorisation de ces comportements est amplifié lorsque le groupe d’appartenance soutient collectivement l’autonomie de ses membres. D’autre part, l’étude vérifiait si l’effet des normes encourageant l’alimentation malsaine sur ces intentions et ce degré d’intériorisation est atténué lorsque ce groupe est contrôlant avec ses membres. Cette étude a révélé que les normes encourageant l’alimentation malsaine ont augmenté les intentions à manger des aliments salés et gras, mais aussi l’amotivation (c.-à-d., le manque de motivation) à manger malsainement, comparativement aux normes décourageant l’alimentation malsaine. De plus, cette étude a démontré que lorsque les normes encourageant l’alimentation malsaine étaient promues de manière contrôlante par le groupe d’appartenance (vs en soutenant l’autonomie), les participants ont rapporté des niveaux plus faibles d’intentions à consommer une option de repas plus saine (c.-à-d., des tacos au tofu). Enfin, cette étude a révélé que lorsque les normes encourageant l’alimentation malsaine étaient promues en soutenant l’autonomie des membres du groupe, les participants ont rapporté des niveaux plus élevés de régulation intégrée (une motivation fortement autodéterminée) à consommer des aliments malsains. Cette étude a été publiée dans le journal PLoS ONE dans un article intitulé Investigating the impact of eating norms and collective autonomy support vs. collective control on unhealthy eating and its internalization (voir le Chapitre 4). Le cinquième et dernier chapitre de la présente thèse rappelle les objectifs poursuivis et les résultats observés, puis aborde les implications théoriques et pratiques des résultats, et présente finalement les limites de la thèse et certaines avenues de recherche futures. Globalement, la présente thèse supporte l’utilité de l’approche de l’identité sociale ainsi que du modèle du remède social qui en découle pour étudier le rôle protecteur des normes sociales encourageant l’alimentation malsaine dans la prédiction du bien-être. En effet, cette thèse révèle que les groupes sociaux peuvent à la fois protéger le bien-être des individus lorsqu’ils consomment des aliments malsains dans certains contextes, mais aussi nuire à leur bien-être en les incitant à manger malsainement. La présente thèse confirme également la pertinence d’intégrer l’approche de l’identité sociale et la théorie de l’autodétermination afin de comprendre comment les normes encourageant l’alimentation malsaine et le soutien collectif à l’autonomie vs le contrôle collectif interagissent pour prédire des comportements alimentaires malsains et le degré d’intériorisation de ces comportements. Plus généralement, cette thèse confirme la nécessité de considérer le contexte social plus large entourant l’alimentation malsaine lors de l’étude de ce comportement.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : alimentation malsaine, normes sociales, le soutien collectif à l’autonomie vs le contrôle collectif, intériorisation, bien-être
Type: |
Thèse ou essai doctoral accepté
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Informations complémentaires: |
Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A. |
Directeur de thèse: |
Amiot, Catherine |
Mots-clés ou Sujets: |
Alimentation malsaine / Normes sociales / Intention / Intériorisation / Bien-être |
Unité d'appartenance: |
Faculté des sciences humaines > Département de psychologie |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
11 oct. 2024 08:48 |
Dernière modification: |
11 oct. 2024 08:48 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/18095 |