Ujhelji, Geneviève
(2024).
« L'important, c'est de participer : étude de cas sur la solidarité alimentaire et les pratiques d'inclusion à Montréal » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en science politique.
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Résumé
À Montréal, la solidarité alimentaire est ancrée dans le territoire depuis plusieurs années. Elle cherche à offrir une alternative à l’aide alimentaire institutionnalisée et à recréer des liens de communauté. Hétérogènes, les différentes initiatives concernent des échelles d’engagement variées, allant de l’action publique traditionnelle à l’engagement populaire. À l’heure des critiques et mises au défi actuel des procédures conventionnelles de participation politique, nous voulions découvrir comment certaines initiatives de solidarité alimentaire autonomes définissent les paramètres de l’inclusion. Pour ce faire, la recherche exploratoire s’appuie sur l’expérience de populations marginalisées et historiquement effacées des référents politiques classiques. À l’aide d’une méthode qualitative, trois entretiens collectifs ont été menés auprès de six personnes au courant de l’année 2022. La recherche relève, depuis les discussions échangées entre les participant.e.s, des indicateurs permettant de cerner quelques dynamiques d’inclusion et d’exclusion à l’intérieur de pratiques politiques et culturelles propres à leur collectif. Alors qu’il était supposé que les interstices du politique soient plus rigides, les données révèlent que la ligne de partage entre formalité et informalité des pratiques participatives est davantage poreuse. Au niveau structurel, de meilleures stratégies de redistribution des bénéfices sont facilitées lorsque les groupes mettent en place des pratiques qui permettent aux membres d’identifier leurs besoins et de s’approprier les méthodes et les outils de contribution. Certains groupes dans lesquels les pratiques sont moins consensuelles ont plus de mal favoriser un vivre-ensemble et l’attachement tend à s’éroder plus rapidement. Au niveau social, les liens de proximité sont vus comme une plus-value, tandis que les liens de réciprocité sont importants pour pérenniser l’engagement. En plus de la mise en place de pratiques participatives plus formalisées, la dimension informelle de la participation, comme les occasions de spontanéité, d’initiative et de partage, revêt une place importante pour renforcer le sentiment d’inclusion. L’étude de cas conclut en signalant que l’autonomie politique de certains collectifs a du mal à être garante d’empowerment citoyen lorsque ceux-ci éprouvent des difficultés à refléter la participation de leurs membres.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : participation citoyenne, rapports de pouvoir, inclusion, solidarité alimentaire, autonomie politique, intersectionnalité