Saillant, Francine; Lapierre, Nicole; Müller, Bernard et Laplantine, François, ed.
(2018).
Les mises en scène du divers. Rencontre des écritures ethnographiques et artistiques, sous la dir. de Saillant, Francine; Lapierre, Nicole; Müller, Bernard et Laplantine, François.
Montréal, Centre Figura, coll. « Cahiers ReMix », no 9, 168 p.
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Résumé
Les sciences sociales et en particulier l’anthropologie ont longtemps considéré les moyens dont elles disposent comme suffisants et adéquats pour décrire et traduire les mondes qu’elles exposent. Ces moyens, dans la plus pure tradition, sont l’écriture scientifique et les appareils conceptuels. Or, dans l’acte d’écriture, en passant du monde de l’expérience à celui de sa formalisation par le texte, la plupart des chercheurs ressentent, à un moment ou à un autre, que «quelque chose se perd». Ce «quelque chose» est, entre autres, la partie sensible de cette expérience et sa dimension relationnelle. Le courant de l’anthropologie visuelle a aussi à sa façon contribué à fournir des réponses à ceux qui voulaient réconcilier la sensorialité de l’expérience et la scientificité de sa restitution.
Aujourd’hui, la collaboration de plus en plus étroite entre anthropologues et artistes modifie la nature des débats et pratiques. La préoccupation des créateurs, qu’ils soient ou non reconnus comme artistes, est souvent tournée vers les sujets de la narration, c’est-à-dire ceux et celles dont on prétend traduire et représenter les expériences. Les artistes abordent alors des thématiques familières aux anthropologues et autres spécialistes des sciences sociales; et ces derniers, de leur côté, puisent aux disciplines artistiques. Les artistes finissent par se préoccuper du «monde réel», des conditions politiques et sociales de la création et aussi de ceux qui ne peuvent se réduire à n’être que des publics. Les scientifiques s’interrogent sur le statut des participants à leurs travaux qui ne peuvent pas non plus être réduits à n’être que des objets de l’observation ethnographique. Alors que des expériences de ce type se multiplient du côté des Amériques on les retrouve aussi du côté européen.
Les journées d’étude organisées en 2018 à Québec et à Paris sur la rencontre des écritures ethnographiques et artistiques se sont saisies de toutes ces questions émergentes. Il ne s’agissait pas de faire une «anthropologie de l’art», mais de se demander: que peut l’art pour l’anthropologie aujourd’hui et que peut l’anthropologie pour l’art? Comment l’art et l’anthropologie croisent-ils la question des altérités, des diversités, par des propositions inspirantes et innovantes, ou comment pourraient-ils le faire?