Efficacité du syrphe d'Amérique contre les pucerons en serre

Gonzalez, Noémie (2024). « Efficacité du syrphe d'Amérique contre les pucerons en serre » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en biologie.

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Résumé

Les cultures sous serres représentent un environnement stable et favorable pour les ravageurs tout au long de la saison. Parmi eux, les pucerons les plus dommageables au Canada sont le puceron vert du pêcher, Myzus persicae Sulzer 1776 (Hemiptera : Aphididae) et le puceron de la digitale, Aulacorthum solani Kaltenbach 1843 (Hemiptera : Aphididae) sur poivron et cultures ornementales, le puceron du melon, Aphis gossypii Glover 1877 (Hemiptera : Aphididae) sur concombre, et le puceron vert et rose de la pomme de terre, Macrosiphum euphorbiae Thomas 1878 (Hemiptera : Aphididae) sur diverses cultures maraichères. Actuellement, la lutte biologique est la méthode la plus utilisée, notamment en combinant des guêpes parasitoïdes Aphidius spp. avec la cécidomyie prédatrice, Aphidoletes aphidimyza Rondani 1847, (Diptera: Cecidomyiidae). Cette méthode n’est toutefois pas toujours efficace puisque les agents de lutte biologique sont susceptibles d’être hyperparasités/parasités et sont peu actifs à basses températures et courtes photopériodes, en entrant en diapause. Il est donc nécessaire de développer de nouveaux agents. Le syrphe d’Amérique (Eupeodes americanus (Wiedemann 1830), (Diptera : Syrphidae)), est une espèce indigène, retrouvée dans toutes les provinces canadiennes. Il représente la première espèce de syrphe commercialisée en Amérique du Nord. C’est une espèce à cycle rapide, tolérante aux basses températures et très vorace (Bellefeuille et al., 2019 ; 2021 ; Ouattara et al., 2022 ; Fauteux et al., 2023). Il est élevé et évalué au Laboratoire de Lutte Biologique de l’UQAM depuis 2014. Il est notamment très efficace en serre contre le puceron de la digitale sur le poivron en système de plantes réservoirs et à basses températures (Bellefeuille et al., 2021). La méthode de lâchers via plantes réservoirs assure une action immédiate des agents de lutte dès l'arrivée des ravageurs, la rendant ainsi mieux adaptée pour contrôler les pucerons par rapport à la lutte inondative, qui n'est pas toujours envisageable à des coûts raisonnables et qui peut être moins efficace. En effet, après les lâchers conventionnels, le délai d’action des agents de lutte biologique est important, les rendant incapables d’agir suffisamment rapidement pour empêcher la croissance des populations. L’objectif principal de cette étude est donc d’évaluer le syrphe d’Amérique en tant que nouvel agent de lutte biologique en serre contre deux des espèces de pucerons les plus dommageables au Québec : M. persicae et A. gossypii. Les objectifs spécifiques étaient premièrement d’étudier certains aspects clefs de sa biologie tels que son comportement d’oviposition (chapitre 2) et les préférences de ponte de la femelle (chapitre 3). Ce sont des questions essentielles afin de déterminer si c’est une espèce potentiellement utilisable avec succès en lutte biologique. En second lieu, il s’agit d’évaluer certains facteurs pouvant influencer son efficacité contre les pucerons tels que les systèmes de plante réservoir (chapitre 3), la lumière artificielle additionnelle en serre d’hiver (chapitre 4) et les stratégies de lâchers (chapitre 5). Les résultats ont montré que le syrphe d’Amérique possède une stratégie d’oviposition de type réponse numérique reproductive proportionnelle, c’est-à-dire que la femelle pond ses oeufs proportionnellement à la densité de pucerons. De plus, la densité minimale de pucerons déclenchant la ponte est basse avec 5 pucerons du melon, A. gossypii sur concombre et seulement 2 pucerons verts du pêcher, M. persicae sur poivron. Cette première étude a également permis de comparer le syrphe d’Amérique avec la cécidomyie du puceron, un prédateur commercial de référence en serre au Canada. Le syrphe possède une oviposition bien supérieure à la cécidomyie sur poivron et commence à pondre à de plus faibles densités. Sur concombre, ses performances sont similaires à la cécidomyie ce qui démontre bien le potentiel du syrphe comme nouvel agent de lutte biologique. En second temps, l’analyse de ses préférences de pontes entre cultures cibles et plantes réservoirs a permis de montrer que le système de plantes réservoirs utilisé (orge, maïs ou éleusine) influençait drastiquement l’oviposition du syrphe et indirectement son efficacité. En effet, le système de plante réservoir orge/R.padi est plus adapté en culture de poivron puisque le syrphe préfère la culture cible au système de plante réservoir. Pour la même raison, en culture de concombre, le système de plante réservoir avec l’éleusine est plus adapté à la lutte contre A. gossypii. Cette étude montre que le système de plante réservoir doit être soigneusement choisi en fonction des cultures et pucerons présents dans la serre afin d’optimiser l'impact du syrphe comme agent de lutte biologique. De plus, le syrphe n'avait aucune préférence entre le concombre et le poivron, ce qui signifie qu'il a le potentiel de protéger les deux cultures dans une serre mixte. Concernant l’intérêt appliqué de cette thèse, les résultats ont montré que le syrphe d’Amérique contrôle efficacement M. persicae avec 92 à 98% de réduction par rapport au témoin. Le type de lâchers, via plante réservoir ou via lâchers de pupes, n’a pas eu d’impact sur le niveau de contrôle. En revanche, l'utilisation de plantes réservoirs permet de produire naturellement de nouveaux syrphes adultes au fil du temps, sans nécessiter de lâchers supplémentaires. En serre d’hiver, les résultats ont montré que l’oviposition d'E. americanus n'est pas affectée par l’ajout de lumière artificielle (lampes HPS ou LED) ni par les courtes photopériodes. Son utilisation est donc compatible dans les serres d'hiver avec ou sans éclairage artificiel. Néanmoins, il a été prouvé que l’utilisation de LED ou de HPS augmente respectivement de 16 % et 9 % le taux d'éclosion des oeufs d'E. americanus. De plus, les lampes LED ont permis de diminuer de manière significative, soit de 71 %, la proportion d'oeufs non éclos par rapport à l'utilisation de lampes HPS. Enfin, l'utilisation de syrphes a augmenté significativement le rendement en poivron de 88,4% et 97,5% par rapport au témoin. Néanmoins, des études supplémentaires sont nécessaires afin d’affirmer si cela provient d’une meilleure pollinisation des plants par les syrphes ou seulement d’un effet indirect via le contrôle des pucerons. En somme, ce doctorat a permis une exploration approfondie du potentiel d’E. americanus en tant que nouvel agent de lutte biologique. En effet, il a montré qu’il possède une stratégie d’oviposition proportionnelle à la densité de pucerons et que sa ponte démarre même en cas de faibles infestations. Par ailleurs, l’étude montre qu’E. americanus est efficace en cultures sous serre contre M. persicae tout en examinant certains facteurs pouvant influencer cette efficacité, tels que le choix des systèmes de plante réservoir, les stratégies de lâchers et l'utilisation de la lumière artificielle additionnelle en serre d’hiver. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Eupeodes americanus, cultures sous serre, pucerons, lutte biologique, plante-réservoir

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A.
Directeur de thèse: Lucas, Éric
Mots-clés ou Sujets: Syrphe d'Amérique / Agents de lutte biologique / Pucerons / Lutte biologique / Puceron vert du pêcher / Puceron du cotonnier / Plantes-réservoirs / Culture en serre
Unité d'appartenance: Faculté des sciences > Département des sciences biologiques
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 19 juin 2024 09:48
Dernière modification: 19 juin 2024 09:48
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/17803

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