D'une femme à une autre : lire, écrire, devenir en contexte de cancer

Bélanger, Jennifer (2024). « D'une femme à une autre : lire, écrire, devenir en contexte de cancer » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en études littéraires.

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Résumé

Cette thèse en recherche-création débute avec un malentendu, un lapsus, qui détermine les règles du jeu au fondement de son écriture : au moment de dire au revoir à mon amie atteinte d’un ostéosarcome, et hospitalisée suite à une opération consistant à lui retirer une partie importante de son ossature, j’ai poussé un au rêvoir. Ce tour de langue, anodin sans doute, irrigue pourtant ce travail, en faisant du rêve – celui de s’en sortir, tout comme celui d’écrire, de lire et d’aimer encore – l’exigence d’un vivre en tension avec la mort. Creusant l’interstice entre le réel et le fantasmé, puis dialoguant avec des philosophes du vivant (Haraway, Coccia, Dufourmantelle, Macé, Malabou), je m’aventure dans les strates troubles d’un présent défini par nombre de crises intimes et collectives afin d’imaginer des possibles qui soient politiques et poétiques, érigés à partir des ruines du contemporain. En voulant déplier mon expérience d’accompagnante auprès de cette amie malade, une écrivaine acclamée, je me suis approchée d’un corpus d’autopathographies féministes publiées en France, aux États-Unis et au Québec entre 1980 et 2022. L’analyse de tissus corporels et textuels où s’inscrit la maladie m’a permis d’élever un noyau commun aux vies abîmées par le cancer, soit cette coïncidence de vécus et de sens entre les devenirs des patientes et ceux des autres formes de vie : végétale, animale, minérale. À partir de cet acquis que tout vivant, sans distinction de formes et d’espèces, partage une même atmosphère et un même sol précaires, bien qu’à des degrés différents selon sa position dans l’échelle de valeurs de notre tradition métaphysique occidentale, j’élabore l’hypothèse que les corps féminins malades – surtout s’ils sont racisés, queers, pauvres – encaissent en symptômes graves l’extériorité dont ils sont tributaires. Au discours répandu sur le cancer qui déplore qu’une de ses causes soit l’hygiène de vie des individus, omettant ainsi la responsabilité des États en matière de santé, je réponds qu’il faut s’attarder aux conditions sociales qui représentent des facteurs aggravants dans le développement des cellules malignes, tout en influant sur la qualité et la quantité des soins. C’est dans ces allers-retours entre le dedans et le dehors des chairs malades, impactées par leur environnement, que se déploie ma pensée et que celle-ci, à la recherche d’une vérité capable de nuance, se nourrit de fragments tirés de mes carnets d’accompagnement, de bribes de dialogue, de souvenirs et de souhaits formulés à partir des pouvoirs spéculatifs du littéraire. Cette thèse se divise en quatre temps interrogeant chacun un moment du devenir malade – le devenir, le dé-devenir, le devenir-avec et le non-devenir – caractérisé par des métamorphoses, des suspensions, des retours vers l’origine pour mieux en dévier, des feintes pour rater la fin de son histoire, car l’existence ne saurait se restreindre aux schémas narratifs des mythes et des contes héroïques qui fondent notre imaginaire. Avec ces femmes malades, et inspirée par une philosophie de l’organique qui propulse la créativité et l’intelligence sensible des plantes et des animaux vers nos modes actuels de fonctionnement, j’ai voulu prendre le risque d’un détournement et d’une perte de soi, condition pour qu’adviennent des rapports à autrui qui soient ludiques, hors de la mesure et de la maîtrise, débouchant sur les potentialités innovantes et révolutionnaires des vivant·es prêt·es à s’accompagner : à s’attabler ensemble pour prendre des décisions éclairées et alimenter une faim de justice. Cette thèse, en misant « le tout pour le tout », en visant « le tout est dans tout » (Coccia), ébauche une autre manière d’appréhender les corps féminins malades, au prisme d’un écoféminisme radical dans sa défense d’une continuité affective, perceptuelle et sensorielle entre les présences, les absences et le monde. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : femmes, cancer, autopathographie, littérature contemporaine des femmes, philosophie végétale, organique, plante, animal, minéral, écoféminisme, amitié, accompagnement, crises sociales, crises écologiques, environnement.

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A.
Directeur de thèse: Delvaux, Martine
Mots-clés ou Sujets: Cancer dans la littérature / Femmes dans la littérature / Amitié féminine dans la littérature / Autopathographies / Accompagnement des malades / Récits personnels / Mémoires et thèses de création
Unité d'appartenance: Faculté des arts > Département d'études littéraires
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 11 juin 2024 08:12
Dernière modification: 11 juin 2024 08:12
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/17768

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