Verdon, Jean-Nicolas
(2024).
« Les réseaux idéologiques englobants : l'influence des think tanks dans les universités aux États-Unis » Mémoire.
Montréal (Québec), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en science politique.
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Résumé
Le but de ce mémoire est d’entamer un défrichage des liens entre les think tanks et les universités états-uniennes. Avec une perspective néo-gramscienne, considérant la haute teneur idéologique des think tanks, nous souhaitions observer si ces liens ouvrent la porte à une idéologisation des universités états-uniennes. Pour y parvenir, nous avons privilégié une analyse de réseaux qui permet justement de calculer la densité de ces liens. Nous avons sélectionné huit think tanks. Parmi ces huit think tanks, quatre ont clairement une idéologie de droite et les quatre autres ont définitivement une idéologie de gauche. Pour mesurer l’impact de ces liens entre les think tanks et les universités états-uniennes, nous avons juxtaposé ces résultats avec des réseaux qui comprennent une relation entre seize médias et les universités états-uniennes afin d’observer si certains établissements préconisent un transfert de connaissances idéologiques concernant une seule idéologie. Les seize médias analysés ont été répartis en huit médias propageant une idéologie de droite et huit médias propageant une idéologie de gauche. Après avoir composé une revue de la littérature sur l’influence des think tanks dans la société étatsunienne, nous avons jeté les bases de la théorie néo-gramscienne. Après quoi nous avons sommairement défini l’idéologie et les différents mouvements idéologiques présents dans la politique états-unienne. Notre analyse de réseaux intègre également des concepts de la sociologie bourdieusienne en s’attardant sur liens privilégiés concernant la transmission des savoirs. À travers le corps de l’analyse, nous avons également ouvert la discussion sur les relations de plus en plus étroites entre les think tanks et l’univers politique états-unien et sur l’avènement des écoles évangéliques fondamentalistes. En guise de contexte, nous voulions démontrer rapidement la polarisation idéologique et partisane aux États-Unis ainsi que l’avènement d’un paradigme néolibéral dans la gestion et l’administration des universités états-uniennes. Nous avons émis l’hypothèse que les think tanks sont au coeur de réseaux idéologiques englobants, c’est-à-dire un bassin d’intellectuels capable d’enseigner dans les universités états-uniennes des connaissances idéologiques alignées avec les idéologies d’une élite philanthropique. Les résultats de nos analyses en réseaux, malgré plusieurs nuances importantes, pointent vers l’affirmatif. Il y a définitivement des relations fortes entre les différents collèges militaires ainsi que les universités à caractère religieux et les think tanks de droite. Cependant, ces institutions ont formé très peu de journalistes parmi notre échantillon. Seul George Mason University se qualifie, selon nos critères, comme une université idéologique où il y a définitivement un transfert de connaissance entre des intellectuelles travaillant dans des think tanks et des intellectuels étudiant pour devenir journalistes. Néanmoins, nous pourrions également suspecter six autres universités appartenant à un réseau idéologique englobant de droite. Bien que la gauche semble moins suspecte à créer de tels réseaux, cinq universités états-uniennes mériteraient une plus grande attention.