Isabelle Eberhardt, Assia Djebar et Nina Bouraoui : le devenir métis(se) dans la littérature algérienne

Charbonneau, Chloé (2023). « Isabelle Eberhardt, Assia Djebar et Nina Bouraoui : le devenir métis(se) dans la littérature algérienne » Mémoire. Montréal (Québec), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en études littéraires.

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Résumé

Depuis plus d’une vingtaine d’année et de manière de plus en plus soutenue à l’heure où le métissage s’est érigé en idiome planétaire, de nombreuses personnalités littéraires, appartenant à une frange pluriculturelle au carrefour d’influences multiples, clament à travers leurs oeuvres et leurs prises de parole une appartenance à un imaginaire émancipé des contours nationaux binaires et essentialistes. À travers ces remises en cause, artistes et philosophes explorent une « voie tierce » permettant d’entrevoir l’horizon d’un devenir métis, interstice dans lequel il serait possible de reconnaitre et de poursuivre une action qu’Édouard Glissant dirait « d’unité et de diversité libératrices. » Dans le champ littéraire francophone, le cas de la littérature algérienne nous interpelle particulièrement, notamment en raison des voix féminines qu’elle abrite et qui s’illustrent parmi les contributions notables à cet imaginaire, en plus d’avoir la particularité d’intégrer à la perspective d’un devenir métis une dimension féminine supplémentaire, laquelle constitue la tache aveugle de la pensée du métissage. Nous nous penchons pour ce mémoire plus précisément sur la filiation de trois autrices appartenant à ce corpus, soit Isabelle Eberhardt, Assia Djebar et Nina Bouraoui. Couvrant plus d’un siècle, notre analyse fait advenir entre elles un échange inédit afin de faire ressortir les figures, les thèmes et les motifs qui permettent de cerner les contours d’une posture métisse féminine algérienne, à la fois inusitée, atemporelle et emblématique au sein des auteurs et autrices de la littérature-monde. La première autrice de cette filiation, Isabelle Eberhardt, est une écrivaine suisse transfuge, convertie à l’Islam et rebaptisée Mahmoud Saadi. Ses écrits personnels, rassemblés dans le premier tome de l’ouvrage Écrits sur le sable (1904) mêlent sans distinction les langues et les imaginaires de trois continents et ainsi manifestent l’émergence d’une conscience métisse durant la période coloniale. La deuxième autrice, Assia Djebar, plume postcoloniale incontournable, pose dans son roman Nulle part dans la maison de mon père (2007), un ultime regard sur sa position ambiguë de femme algérienne assumant avec originalité son usage du français et son métissage culturel avec la culture des dominants. Enfin, la troisième autrice, Nina Bouraoui, franco-algérienne, expose un éclatement identitaire et un rapport subversif aux frontières stylistiques, nationales et sexuelles typiquement postmoderne dans son roman Tous les hommes désirent naturellement savoir (2018). Le premier chapitre situe dans son contexte épistémologique et historique le cadre conceptuel de notre recherche en définissant le nouveau paradigme mondial auquel nous sommes confronté.e.s depuis l’avènement de la Totalité-Monde. Cette amorce nous permet d’entrer ensuite dans la pensée du métissage à travers l’exposé des contributions principales auxquelles nous nous référons soit Édouard Glissant, François Laplantine, Alexis Nouss et Gloria Anzaldùa. En clôture nous revenons sur le contexte critique respectif entourant les oeuvres de nos trois autrices. Le deuxième chapitre est consacré à la notion de conscience métisse, laquelle émerge à l’intersection de plusieurs formes d’exils. La confrontation avec de muliples frontières concourt chez nos autrices à leur relativisation. Retranchées dans une espace ambivalent, à l’image de la rive méditérannéenne, elles ressentent vertige et solitude. Or, ce « nulle part », conçu comme béance créatrice, se sublime dans la pratique de l’écriture. Enfin le troisième chapitre souligne l’adhésion progressive de nos autrices à une dynamique de métissage et explore les stratégies et les postulats intellectuels qui leur permettent de conserver la tension inhérente à ce processus. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : postcolonialisme, littérature algérienne, métissage, féminisme poscolonial, Isabelle Eberhardt, Assia Djebar, Nina Bouraoui

Type: Mémoire accepté
Informations complémentaires: Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A.
Directeur de thèse: Bouvet, Rachel
Mots-clés ou Sujets: Écrits de femmes algériens (français) / Métissage dans la littérature / Postcolonialisme dans la littérature / Littérature algérienne / Isabelle Eberhardt / Assia Djebar / Nina Bouraoui
Unité d'appartenance: Faculté des arts > Département d'études littéraires
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 26 avr. 2024 11:05
Dernière modification: 26 avr. 2024 11:05
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/17656

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