Faust, Rachel
(2023).
« Les données issues des nouveaux dispositifs technologiques : perspectives paritaires sur les enjeux liés aux risques psychosociaux et à la gestion de la prévention en SST » Mémoire.
Montréal (Québec), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en sciences de la gestion.
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Résumé
Cette étude s’intéresse aux implications individuelles et organisationnelles des données collectées via les wearable devices (WD) quant à la performance ainsi que la santé et la sécurité des travailleurs.ses (SST). Pour ce faire, nous nous appuyons sur un devis exploratoire inductif nous permettant d’investiguer les dimensions du processus d’implantation de WD et son impact sur les individus et le milieu de travail. Notre cadre conceptuel, inspiré du modèle d’analyse de la situation de travail centrée sur la personne en activité, des rapports de pouvoir et des approches en implantation de transformations technologiques, permet d’analyser les perceptions et les préoccupations liées aux WD de différents acteurs.rices. En tout, 22 personnes occupant des rôles différents (employé, syndicat, expert technique) ont participé à des entretiens semi-dirigés individuels ou de groupe. L’analyse thématique de ces entretiens a permis de relever des thèmes recouvrant : les perceptions et les préoccupations liées aux WD, les types de dispositifs décrits, les défis, les facilitants et le contexte du processus d’implantation, les indicateurs, les rôles des acteurs.trices impliqués.es ainsi que les mesures de contrôle de l’utilisation des données.
Nos résultats concernent des dispositifs technologiques qui sont majoritairement des WD, mais également d’autres types de technologies collectant des données qui ne sont pas portées par l’utilisateur.trice. Les données collectées sont surtout destinées à la géolocalisation, mais également à la biométrie et à l’environnement, dans le but de prévenir des risques psychosociaux, chimiques et liés à la sécurité. De plus, notre corpus de données révèle l’importance de la définition des besoins et des exigences en accord avec la complexité du contexte (social, économique, institutionnel et organisationnel) dans le processus d’implantation. Deux principaux facilitants au processus d’implantation sont ressortis. D’abord, l’acceptabilité des dispositifs technologiques qui passe surtout par la participation des travailleurs.ses. Ensuite, le succès des projets qui sont souvent dans des organisations où l’infrastructure et l’expertise sont largement développées. Toutefois, l’inadéquation des technologies avec les besoins, une structure d’entreprise peu flexible et hiérarchisée, le manque de leadership et de suivi dans le projet, le manque d’implication des acteurs.trices concernés.es et la perception d’intrusion dans la vie privée des utilisateurs.trices sont des obstacles et des défis au processus d’implantation. Nos résultats suggèrent également que les préoccupations des participants.es sont en lien avec leur rôle en ce qui concerne la perception des travailleurs.ses par les experts, l’opposition des travailleurs.ses aux projets d’implantation de dispositifs technologiques, la perte d’automatismes liés à la sécurité des utilisateurs.trices, la perception des intentions de l’employeur dans l’utilisation de dispositifs, l’action syndicale et la gestion des coûts. Finalement, plusieurs avantages sont mentionnés par les experts en ce qui concerne les dispositifs technologiques : la prévention SST, la collaboration au sein des équipes, l’optimisation des procédés et des économies en argent. Le groupe syndicat peut également se servir des données pour protéger leurs membres, alors que les travailleurs.ses rencontrés.es ont peu parlé des avantages liés aux dispositifs. Notre analyse souligne que l’utilisation des dispositifs technologiques n’est pas aussi efficace qu’on pourrait le croire concernant la prévention, car ils introduisent d’autres risques SST pour les travailleurs.ses. De plus, il semble y avoir un manque d’intérêt pour les indicateurs de gestion et le travail des employés.es par les experts, ce qui nous amène à nous questionner sur l’adéquation de la technologie avec le contexte et l’activité de la personne. Notre étude comporte certaines limites, notamment, en ce qui concerne la saturation au niveau des données qui n’a pas été atteinte, ce qui ne nous permet pas de généraliser à l’ensemble de la population. De plus, une catégorie importante, les gestionnaires, est manquante dans notre échantillon, ce qui ne nous permet pas d’avoir les perspectives de tous les acteurs.trices impliqués.es dans le processus d’implantation. En somme, cette étude met en lumière des pistes de réflexion aux divers.es acteurs.trices impliqués.es dans l’implantation des dispositifs technologiques quant à la conception des indicateurs de gestion, la participation des travailleurs.ses et la prévention SST. L’originalité de ce mémoire repose sur notre cadre conceptuel qui s’appuie à la fois sur le travail de l’individu et les rapports de pouvoir, ce qui permettra à d’éventuelles recherches dans le domaine d’élargir les perspectives quant au processus d’implantation des dispositifs technologiques et les impacts de l’utilisation des données collectées.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : impacts des nouvelles technologies, santé et sécurité du travail, dispositifs technologiques, collecte de données, indicateurs de gestion, activité de travail, rapports de pouvoir, processus d’implantation
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