Laurin, Eveline
(2024).
« Intervention de groupe multifamille pour les enfants de 6 à 12 ans endeuillés par suicide basée sur la résilience familiale » Mémoire.
Montréal (Québec), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en travail social.
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Résumé
Bien que la recherche tende à dire que le deuil par suicide serait plus semblable aux autres deuils que différent de ceux-ci (Bonanno, 2011 ; Cerel et al, 1999 ; Ellenbogen et Gratton, 2001; Séguin et al, 199), il comporte néanmoins des particularités sur lesquelles il est justifié de porter une attention. Il serait légitime de croire que ce deuil soit plus difficile parce que les personnes endeuillées par suicide peuvent faire face à des stigmas sociaux liés au suicide qui diminuent le soutien de l’entourage, que le geste en soi peut susciter plus d’émotions de colère et de culpabilité et que ces endeuillés peuvent partager des facteurs de vulnérabilité qui affectaient aussi la personne suicidée (Andriessen et Krysinska, 2012 ; Ellenbogen et Gratton, 2001 ; Genest et Gratton, 2009 ; Jordan, 2020 ; Séguin et al, 1999 ;). Pour les enfants, d’autres enjeux peuvent s’ajouter. La perte d’un parent est associée à un risque accru pour certains troubles comme l’anxiété, la dépression ou les troubles de consommation (Brewer et Sparkes, 2011 ; Cranwell, 2007 ; Journot-Reverbel et al, 2016; Lake et Murray, 2007 ; Mitchell et al, 2006 ;). Plus spécifique au deuil par suicide, le risque de reproduction du geste ( de Leo et Heller, 2008 ; Hanus, 2008 ; Hung and Rabin, 2009 ; Journot-Reverbel et al, 2016 ; Paesmans, 2005)de même que l’exclusion des discussions touchant le décès qui permettent une construction de sens qui favorise la résilience (Ratnarajah et Schofield, 2007 ; Supiano, 2012 ; Walsh, 2016) attirent l’attention. Toutefois, les connaissances actuelles permettent d’affirmer que la résilience est ce qui se produit le plus souvent lors d’un deuil, quel qu’il soit (Bonnano, 2011). Pour les enfants, il est aussi admis que leur deuil dépend essentiellement de la façon dont il est vécu dans leur entourage (Genest et Gratton, 2009 ; Hanus, 2008 ; Hung et Rabin, 2009 ; Lake et Murray, 2007 ; Masson, 2010 ; Masson, 2019 ; Paesmans, 2005; Wilson, 2019). Plus les modèles de résilience sont présents autour de l’enfant, plus il serait probable que les enfants réussissent à se renforcer à travers cette épreuve. En réponse à cette problématique, une intervention fondée sur le cadre théorique de la résilience familiale a été développée. Le groupe d’aide mutuelle multifamille a été retenu comme méthode d’intervention parce qu’il contribue au soutien social et favorise des apprentissages durables. Pour que l’intervention soit accessible à un maximum de familles, l’approche orientée vers les solutions a été utilisée parce qu’elle est peu intrusive et entraine des changements rapidement.
Les résultats montrent un renforcement du sentiment de connexion. Faire la démarche en famille a permis de créer des moments privilégiés pleins de sens qui ont dépassé les frontières du groupe. Une autre retombée importante est l’amélioration du sentiment de compétence. Miser sur les forces par différentes stratégies, entre autres à travers le coffre aux trésors, a permis aux familles de se reconnecter à leurs ressources et de les utiliser davantage. Les changements dans ces processus ont contribué à ce que l’espoir se renforcent chez ces familles. À la fin du groupe, elles percevaient avoir des ressources pour traverser les moments difficiles. Bien que le groupe présentait un manque d’homogénéité dans les participants, l’aide mutuelle a montré des bénéfices pour les enfants et les parents. Sur le plan de la communication en lien avec le décès, peu de changements sont observés. Les résultats sont plus mitigés pour la famille dont l’enfant vivait avec un TSA. Pour cet enfant, les bénéfices de l’aide mutuelle ne sont pas clairement observables et pour la famille, les retombées sur la résilience familiale sont plus modestes. Somme toute, il appert qu’une intervention de groupe multifamille utilisant une approche peu intrusive comme l’approche orientée vers les solutions et l’aide mutuelle en format courte durée peut soutenir la résilience familiale chez les familles ayant un enfant entre 6 et 12 ans endeuillé par suicide. Deux enjeux se sont démarqués en lien avec la formule, soit la diversité des profils des personnes participantes et les exigences de l’animation qui conjugue une structure organisée à une approche d’aide mutuelle, ce qui peut sembler contradictoire. Cette recherche a mis en lumière le peu de connaissances existantes concernant le deuil des enfants ayant un trouble développemental. Tout un champ de connaissances est à explorer de ce côté.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Deuil par suicide, deuil enfant, groupe multifamille, résilience familiale
Type: |
Mémoire accepté
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Informations complémentaires: |
Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A. |
Directeur de thèse: |
Dumont, Isabelle |
Mots-clés ou Sujets: |
Deuil chez l'enfant / Deuil après un suicide / Intervention en groupe multi-familial / Résilience familiale |
Unité d'appartenance: |
Faculté des sciences humaines > École de travail social |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
12 avr. 2024 11:03 |
Dernière modification: |
12 avr. 2024 11:03 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/17592 |