Quevillon Lacasse, Claude
(2023).
« Effets d'un enseignement intersyntaxique en anglais langue d'enseignement et en français langue seconde sur les habiletés syntaxiques à l'écrit et la conscience métasyntaxique et intersyntaxique d'élèves du secondaire » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en éducation.
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Résumé
Le contexte de mondialisation actuel conjugué à l’ère de la communication numérique rendent de plus en plus nécessaire le développement d’une compétence à écrire (MELS, 2007), et ce, dans plus d’une langue (Hornberger et Link, 2012). En contexte canadien, cette conjoncture entraîne la hausse des exigences à écrire de façon efficace et exacte (Neumann, 2014) en milieu scolaire (Lunsford et Lunsford, 2008) dans les deux langues officielles, soit l’anglais et le français (Chong, 2014). Les habiletés syntaxiques à l’écrit sont un aspect de la compétence à écrire particulièrement important à développer (Myhill et al., 2008), puisque la complexité et la précision syntaxiques sont des indicateurs de qualité de textes exigés en contexte scolaire (Crossley, 2020). Cependant, l’enseignement de la syntaxe habituel dans les milieux scolaires anglophones (enseignement traditionnel décontextualisé ou aucun enseignement explicite), notamment au Québec, ne semble pas optimal, puisqu’il ne permettrait pas aux élèves de transférer leurs connaissances à l’écrit (Jean, 2013) ni de développer leur conscience métasyntaxique, un aspect de la conscience métalinguistique qui serait corrélé à la compétence à écrire exigée en contexte scolaire (Harrison et al., 2016). Pourtant, des dispositifs didactiques efficaces pour améliorer les habiletés syntaxiques à l’écrit ont fait l’objet de recherches aux États-Unis depuis les années 1960, notamment la combinaison de phrases libre (Connors, 2000; Saddler, 2019; Savage, 1980); ce dispositif n’est toutefois pas répandu au Québec. Par ailleurs, l’enseignement cloisonné de l’anglais et du français en contexte scolaire, en particulier au secondaire (Mainella, 2012), limiterait les possibilités de tirer profit des ressources bilingues des élèves pour faciliter le développement de leur compétence à écrire dans les deux langues (Cummins, 2008). Or, de nombreux auteurs proposent des formes d’enseignement interlinguistique en milieu scolaire, par le rapprochement des pratiques enseignantes et la réflexion interlinguistique (sur les similarités et les différences entre les langues apprises), pour développer les compétences bi-/plurilingues des élèves (Armand et al., 2008; Ballinger et al., 2020; Candelier, 2016; Horst et al., 2010; Jessner et al., 2016; Lyster et al., 2013). Ainsi, nous avons cherché à vérifier les effets d’un enseignement intersyntaxique, à savoir des activités de combinaison de phrases libre avec discussion intersyntaxique à la fois en classe d’anglais langue d’enseignement (ALE) et de français langue seconde (FLS) au secondaire, sur les habiletés syntaxiques des élèves à l’écrit en anglais et en français, et leur conscience métasyntaxique et intersyntaxique. Dans le cadre d’un devis quasi expérimental, 215 élèves (dont 87 ont remis leur formulaire de consentement) de 3e secondaire (de 14-15 ans) d’une école public anglophone au Québec ont écrit deux textes au prétest, un en français et un en anglais, suivi de questions ciblant leur conscience métasyntaxique et intersyntaxique. Puis, 132 de ces élèves (dont 62 avec consentement) ont participé à sept activités de combinaison de phrases libre avec discussion métasyntaxique et intersyntaxique en classe d’ALE et/ou de FLS durant une période de trois mois. Au posttest, tous les élèves ont à nouveau écrit deux textes, un en anglais et un en français, suivi des mêmes questions métasyntaxiques et intersyntaxiques. Les résultats des élèves sur le plan des habiletés syntaxiques à l’écrit (opérationnalisées au moyen de 9 indicateurs de complexité syntaxique et de 5 indicateurs d’exactitude syntaxique) et de leur conscience métasyntaxique et intersyntaxique (telle que révélée dans leurs réponses aux questions post-tâche d’écriture), en anglais et en français, ont été comparés entre les deux moments de collecte de données (prétest et posttest) et en fonction du groupe (contrôle, expérimental en classe d’ALE ou de FLS, expérimental en classe d’ALE et de FLS). Des analyses de variance (ANOVA) à mesures répétées ont été conduites pour vérifier s’il y avait des différences significatives entre les deux temps pour chaque groupe et entre les trois groupes aux deux temps. Ensuite, les variables de complexité syntaxique et d’exactitude syntaxique ainsi que les variables de niveau de conscience métasyntaxique et intersyntaxique ont été entrées dans des matrices de corrélations bivariées (une matrice par temps par groupe), pour vérifier s’il y avait des corrélations entre certaines variables et si elles évoluaient à la suite du traitement. Les résultats des analyses indiquent que les textes produits par les élèves en ALE ne présentent aucune différence significative entre le prétest et le posttest dans chacun des trois groupes ou entre les trois groupes aux deux temps. Cependant, des différences significatives ont été observées entre le prétest et le posttest pour plusieurs indicateurs d’habiletés syntaxiques dans les textes produits en FLS par les élèves des deux groupes expérimentaux (avec traitement dans un cours de langue ou avec traitement dans les deux cours de langue), indiquant une augmentation de certains taux de complexité syntaxique et une diminution du taux de certaines erreurs syntaxiques. Une tendance contraire s’observe relativement au niveau de conscience métasyntaxique et intersyntaxique des élèves, qui a augmenté de façon significative entre le prétest et le posttest en ALE dans les deux groupes expérimentaux, mais pas en FLS. Les matrices de corrélations bivariées indiquent une augmentation du nombre de corrélations significatives et positives entre plusieurs variables d’habiletés syntaxiques à l’écrit, dans les textes en ALE ou en FLS, et le niveau de conscience intersyntaxique des réponses des élèves, mais seulement dans le groupe expérimental ayant fait le traitement à la fois en classe d’ALE et de FLS. Malgré les limites inhérentes à ce type de recherche à devis écologique, note étude a pu démontrer qu’un enseignement intersyntaxique tel qu’expérimenté ne nuit nullement aux apprentissages en écriture en L1 ou en L2, et au contraire semble prometteur pour améliorer certains aspects de la compétence à écrire et de la conscience méta- et intersyntaxique d’élèves bilingues.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : enseignement interlinguistique, syntaxe, combinaison de phrases, écriture, habiletés syntaxiques, conscience métasyntaxique, conscience interlinguistique, anglais langue d’enseignement, français langue seconde
Type: |
Thèse ou essai doctoral accepté
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Informations complémentaires: |
Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A. |
Directeur de thèse: |
Jean, Gladys |
Mots-clés ou Sujets: |
Enseignement interlinguistique / Syntaxe / Habiletés métasyntaxiques / Anglais (Langue) / Étude et enseignement (Secondaire) / Français (Langue) / Acquisition d'une langue seconde / Anglais écrit / Français écrit |
Unité d'appartenance: |
Faculté des sciences de l'éducation |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
21 févr. 2024 12:40 |
Dernière modification: |
21 févr. 2024 12:40 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/17412 |