Beaucaire, Krystof
(2023).
« Un métabolisme enraciné : éléments critiques pour l'introduction d'une approche dialectique au sein de l'écologie sociale viennoise » Mémoire.
Montréal (Québec), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en sociologie.
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Résumé
Devant les nombreux défis que les sociétés humaines doivent confronter dans le cadre de la crise socioécologique, le choix d’un cadre épistémologique permettant de faire sens des réalités environnementales devient plus criant que jamais. La compréhension à prétention objective que peu-vent générer les sciences naturelles est effectivement insuffisante pour informer pleinement les positionnements esthétiques, éthiques et politiques relatifs à la crise socioécologique. En réponse à ces lacunes, les sciences humaines travaillent depuis longtemps la question des relations sociales à la nature. Mais, ces approches demeurent elles-mêmes incomplètes et marquées par un rapport malaisé à la matérialité. L’idée d’une rencontre structurante entre les sciences naturelles et les sciences humaines devient ainsi une occasion d’un grand intérêt, suggérant la possibilité pour les deux approches d’atteindre une synthèse génératrice de nouveaux potentiels. C’est habité de ces aspirations que se développera l’Institut d’écologie sociale de Vienne, porteur d’une approche novatrice dans le métabolisme social, cherchant justement à combiner sciences naturelles et humaines dans une synthèse vouée à développer de nouvelles réponses à la crise. Or, cette approche demeure encore limitée par les difficultés (épistémologiques et historiques) du projet et par l’incompatibilité du cadre théorique luhmannien qui structure leur approche. En réponse à ces difficultés, nous suggérons l’importance d’une approche explicitement dialectique fondée dans l’intégration de la dimension symbolique dans la relation nature-culture et se basant sur une analyse herméneutique de l’expérience humaine de la nature. À partir de la critique de trois conceptions philosophiques du rapport humain à la nature, nous élaborons en réponse une approche herméneutique qui orientera le reste du mémoire. De manière symétrique, nous approchons ensuite le concept de la nature du point de vue des sciences naturelles, s’intéressant à leurs limites. Ces considérations prépareront une exploration en profondeur de l’écologie sociale de Vienne où nous passerons en revue ses concepts fondamentaux, ses différentes méthodes et ses propres limites. En réponse, nous proposons finalement une approche renouvelée du concept de métabolisme social. Prenant pleinement acte d’une approche dialectique pour reconfigurer les cadres épistémologiques des sciences, nous proposons qu’elles seraient à même de développer une approche plus explicitement politique tout en préservant leur statut fondamental de sciences.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : écologie sociale, métabolisme social, épistémologie, herméneutique dialectique, économie politique