Les visages de la République dans l'oeuvre d'Émile Zola

Gagné, Nicolas (2023). « Les visages de la République dans l'oeuvre d'Émile Zola » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en études littéraires.

Fichier(s) associé(s) à ce document :
[img]
Prévisualisation
PDF
Télécharger (2MB)

Résumé

La République telle que pensée par Zola est un objet étonnamment difficile à saisir. Étonnamment, car il a beaucoup écrit sur la politique tout au long de sa carrière ; sa défense du capitaine Dreyfus, qu’il voit comme une lutte contre les adversaires de la République telle qu’elle devrait exister, est loin de constituer un acte isolé. Par exemple, il a souvent et durement critiqué le personnel politique de la Troisième République qui se consolide dans les années 1870 et décrit la République « naturaliste » ou « scientifique » qu’il aurait voulu vu voir instaurée en France. Pourtant, on demeure sur notre faim en ne lisant que l’oeuvre critique ; la République naturaliste n’est définie que de façon floue, voire circulaire et tautologique : le républicain scientifique est le républicain qui traite de façon scientifique les questions politiques, qui applique en politique la méthode littéraire des écrivains naturalistes. L’idée est intéressante, mais elle a peu de suite ; c’est à peine si Zola nomme un homme politique capable d’incarner cet idéal. Il faut creuser plus loin. Nous postulons donc qu’il est nécessaire, pour faire le tour de la question, de chercher la notion de République au sein de l’oeuvre romanesque. Zola, après tout, est romancier bien avant d’être philosophe ; si on considère à juste titre Germinal comme un chef-d’oeuvre, ce n’est pas pour son analyse politique pénétrante, mais pour ses qualités littéraires : pouvoir captivant de l’intrigue, puissance de l’imaginaire qui s’y déploie, richesse et la prégnance des images. Ce qui ne signifie pas qu’un tel roman ne soit pas intéressant à analyser dans sa dimension politique, au contraire : c’est notamment dans l’imaginaire que se cache un discours républicain. Une lecture croisée des textes fictifs et non fictifs s’avère ainsi nécessaire pour saisir la question dans toute sa complexité. L’objectif principal de cette recherche est donc de comprendre ce que représente la République pour Zola et comment il la représente, ce qui n’est pas forcément la même chose. C’est à partir d’une étude littéraire, historique et politique que nous cherchons à déterminer comment la République est visible dans ses oeuvres, quel discours critique elle entraîne, quelles situations narratives elle crée dans l’économie romanesque, quelles figures la portent ou l’incarnent. Cela permet d’étudier la République selon ses différentes formes : sur le plan littéraire, comme composition et comme personnel du roman ; sur le plan historique, comme « mise en récit » de l’Histoire ; sur le plan politique, comme discours idéologique. Nous avons donc cherché à établir une poétique (politique) de la République. Nous avons accordé une place privilégiée aux personnages, des visages au sens propre, qui peuvent incarner la République de plusieurs façons différentes et livrent sur celle-ci un discours complexe étant donné leur propre complexité. Nous nous sommes principalement attardé au cycle des Rougon-Macquart, ce qui peut sembler curieux, vu qu’il aborde officiellement la seule période du Second Empire. Cependant, nous montrons que le romancier, ne craignant pas l’anachronisme, y aborde constamment des enjeux républicains, créant une temporalité alliant époque de la narration et époque de la rédaction, ce qui génère une complexité féconde pour notre travail. Cette thèse montre bien la difficulté de la question : il n’existe pas chez Zola un visage unifié de la République, mais une multitude de visages en fonction du genre et du moment de l’écriture ; il existe une tension entre fiction et critique et les vues du romancier évoluent de façon significative tout au long de sa vie. En revanche, il n’est pas impossible de déceler des vérités générales, des continuités, des constantes. On remarque notamment que la République zolienne s’incarne dans une série de valeurs portées notamment par des personnages romanesques, dont plusieurs n’ont de prime abord rien de républicain : travail régulier, vérité et justice, liberté, puissance (notamment créatrice), science, etc. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Émile Zola, République, littérature, personnages, discours

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A.
Directeur de thèse: Cnockaert, Véronique
Mots-clés ou Sujets: Émile Zola / République / République dans la littérature
Unité d'appartenance: Faculté des arts > Département d'études littéraires
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 06 déc. 2023 11:37
Dernière modification: 06 déc. 2023 11:37
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/17206

Statistiques

Voir les statistiques sur cinq ans...