Une forme d'amour, suivi de Laisser l'incurable : pratique performative et poétique comme rituel pour apprivoiser les deuils inscrits dans les corps-archives

Boutin, Sarah (2023). « Une forme d'amour, suivi de Laisser l'incurable : pratique performative et poétique comme rituel pour apprivoiser les deuils inscrits dans les corps-archives » Mémoire. Montréal (Québec), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en arts visuels et médiatiques.

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Résumé

Une forme d’amour est un recueil de poèmes qui se divise en trois parties. La première est narrée au nous. Elle sonde les dispositifs par lesquels la parole et la peine de filles et de grands mères sont maintenues sous silence. Les blessures transmises d’une génération à l’autre créent une sorte d’enfermement. Elles s’ancrent dans un espace hospitalier où les corps en douleur acquiescent à ce qui est attendu d’eux et n’arrivent pas à éprouver leurs souffrances. Dans la deuxième partie, le sujet pris par le deuil cherche à se délester de sa tristesse – il n’y parvient que par instants. Le jardin abandonné de la grand-mère est investi par une voix au je qui recense les gestes quotidiens du corps. Le lilas et les petits fruits mûris agissent comme des offrandes qui accompagnent la perte. Narrée au elle, la troisième partie est la plus courte et la plus lumineuse. La voix de la grand-mère morte quitte l’absence pour transmettre sa sagesse ; elle reconnaît la maladie et la mort comme des conditions inextricables du vivant et y consent. Le deuil arrive ici à se déposer. En passant de nous à elle, les thèmes, les images et les motifs de la maladie, de la solitude et de la disparition se répètent et s’ouvrent pour aller vers une plus grande inclusion de ce qui fait le monde (la mort, la nature, entre autres). Comment les corps prennent-ils en eux l’expérience indicible et invisible du deuil et de la perte ? Est-ce que les pratiques de poésie et d’arts visuels peuvent accompagner la solitude et la disparition ? Telles sont les questions auxquelles l’essai Laisser l’incurable de ce mémoire-création en arts visuels et études littéraires tente de répondre. À l’instar du deuil qui se répercute de façon indéfinie, il se déploie par circonvolutions et endosse la forme du fragment. L’assemblage de récits d’atelier, d’anecdotes de cueillettes, de notes personnelles, d’inventaires de gestes et de sensations qui fait office d’analyse accorde ensuite une place prépondérante à la voix subjective qui, au travers des considérations théoriques, tente de comprendre – pour s’en affranchir – d’où lui vient la honte qui inhibe l’expression de sa tristesse. Investie en tant que cas de figure, la nymphe Écho (Ovide, Les Métamorphoses) exemplifie la réalité selon laquelle certains vécus n’existent que cryptés à même les corps par lesquels leur forme est modulée. Le travail d’Aby Warburg tel que rapporté par Georges Didi-Huberman permet d’envisager la réaction somatique d’Écho et de la voix narratrice en tant que survivances, car elles sont en filiation avec leurs ancêtres pleureuses. Cette idée que l’absence de parole n’est pas une absence de langage est appuyée par le travail d’autrices et d’artistes plasticiennes qui oeuvrent avec les césures, les blancs, les failles, les manques. Ces espaces de suspensions au coeur des poèmes, des images et des gestes sont envisagés, non plus comme des manifestations pathologiques, mais comme un rythme par lequel le deuil ouvre et dilate le corps qui le porte. La prise de parole plastique et poétique qui puise sa voix à même le rythme haletant du corps endeuillé lui redonne du souffle. Ce mouvement d’échange plutôt que de repli se concrétise par une performance-lecture présentée conjointement par la Maison de la Littérature à Québec et l’organisme Contours le 17 juin 2023. Lors de cette présentation publique les trois voix des poèmes dialoguent entre elles – le je est porté par l’artiste, le nous par un choeur de femmes présentes sur place et le elle est préenregistrée – et permettent que les considérations théoriques s’incarnent dans le corps, qui est en définitive l’objet d’intérêt de cette recherche-création. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : poésie, performance, interdisciplinarité, voix, corps, deuil, Écho, disparition, hôpital, résistance, silence, jardin, tendresse

Type: Mémoire accepté
Informations complémentaires: Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A.
Directeur de thèse: Ninacs, Anne-Marie
Mots-clés ou Sujets: Poésie / Art de performance / Deuil dans la littérature / Solitude dans la littérature / Silence dans la littérature / Jardins dans la littérature / Poèmes / Mémoires et thèses de création
Unité d'appartenance: Faculté des arts > École des arts visuels et médiatiques
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 22 nov. 2023 08:46
Dernière modification: 22 nov. 2023 08:46
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/17116

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