Paré, Alexandre
(2023).
« Communs urbains fonciers et conscience territoriale : les cas de l'Îlot des murmures et de l'Espace Bonheur Masson » Mémoire.
Montréal (Québec), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en géographie.
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Résumé
Notre recherche s’intéresse à la notion de communs urbains fonciers, plus précisément à l’impact du déploiement des pratiques de commoning sur le territoire de la promenade Masson localisée dans l’arrondissement Rosemont – La Petite-Patrie à Montréal, un quartier qui subit un processus de gentrification. Sur le plan théorique, cette recherche vise à comprendre en quoi les communs urbains peuvent permettre une transformation institutionnelle ainsi qu’une émancipation face aux effets aliénants du néolibéralisme, tout en participant à la gestion durable d’une ressource foncière. Sur un plan plus empirique, son objectif est d’en apprendre plus sur les différentes modalités de commoning afin d’examiner leur portée transformatrice. Pour ce faire, nous avons mené l’étude de deux cas localisés au sein du territoire de la promenade Masson : l’Îlot des murmures et l’Espace Bonheur Masson. Il s’agit de deux expérimentations locales de réaménagement d’espaces vacants, menées dans une logique de co-construction et d’autogestion, par et pour des citoyens. À cet effet, nous avons émis l’hypothèse que les pratiques de mise en commun (commoning), élément central au sein de ces initiatives, mènent à des pratiques spatiales alternatives permettant la valorisation de la valeur d’usage d’une ressource foncière. Ce faisant, nous analysons ces deux expérimentations sous le prisme des communs en confrontant les pratiques de commoning aux effets des processus de gentrification en cours dans le quartier. Nos données empiriques nous montrent que ces initiatives ont contribué à la création de deux communs urbains fonciers qui limitent l’enclosure des ressources foncières urbaines, tout en ayant un caractère émancipateur. Les pratiques de commoning s’y déroulant favorisent la création d’espaces de rencontre et de cohabitation. Ces sites sont appropriés par une population diversifiée et les pratiques de commoning témoignent d’une volonté de limiter les effets exclusifs de la gentrification. Nous avons constaté que l’incidence immatérielle du commoning a un effet territorialisant qui facilite une appropriation des sites par l’ensemble des résidents du quartier, mais à une échelle très réduite. Ce faisant, ces pratiques permettent aux participants de s’émanciper des règles néolibérales pour en créer d’autres dans une logique de reterritorialisation par le commun. Le contexte territorial en place a facilité l’émergence de communs urbains fonciers ainsi que la transformation des manières de faire, d’être et de comprendre le territoire.