Viens, Catherine
(2023).
« Transformation du système fédéral indien par la base : processus de résistance à l’extraction de charbon par la grām sabhā au Chhattisgarh » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en science politique.
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Résumé
Alors que nous sommes en pleine crise climatique, nous nous retrouvons aussi dans une période caractérisée par l’augmentation des projets d’extraction minière. L’Inde, devenue en 2023 le pays le plus peuplé de la planète, détient la cinquième plus grande réserve de charbon au monde. Depuis l’élection du Bhāratīya Janatā Party (BJP) en 2014 avec le premier ministre Narendra Modi à sa tête, le pays vit un virage important. Qualifié de parti nationaliste hindou de droite, le BJP a pour objectif de créer un hindu raṣtrā (État hindou) et d’accélérer le développement socioéconomique du pays. En 2020, en pleine pandémie de Covid-19, il annonçait le lancement de sa politique nationale Ātmanirbhara Bhārata (l’Inde auto-suffisante) dans laquelle est présenté un projet de développement néolibéral fortement axé sur le secteur privé et l’exploitation des ressources naturelles et, à plus forte raison, le charbon. Pour faire de l’Inde un hindu raṣtrā, certaines communautés qui ne cadrent pas dans le milieu idéologique et ethnique hindou sont davantage poussées à la marge. La même chose se produit pour toute personne qui s’oppose à ses projets de « développement ». C’est ce qu’illustre l’augmentation des arrestations des personnes qui défendent l’environnement et les droits humains, ainsi que les restrictions imposées aux organisations non gouvernementales. Dans « l’Inde de Modi », les espaces démocratiques et fédéraux sont donc de plus en plus restreints. Alors que depuis les années 1990 le pays se démocratise de plus en plus et que les États se présentent, dans le système fédéral indien, comme des espaces socioéconomiques de plus en plus autonomes, le gouvernement du BJP participe plutôt à une dé-démocratisation et à une défédéralisation de l’État indien. Dans ce contexte, les mouvements de résistance sont de plus en plus reconnus comme essentiels pour faire contrepoids aux politiques du gouvernement central. Cette thèse part de la prémisse selon laquelle une des stratégies pour résister et protéger les espaces démocratiques et fédéraux en Inde réside dans la conceptualisation d’espaces radicaux ainsi que dans la proposition d’alternatives au développement à toutes les échelles de gouvernance. Cela s’avère d’autant plus urgent dans un contexte de crise climatique et face à la réalité selon laquelle les lieux riches en ressources naturelles sont généralement habités par des communautés qui sont marginalisées dans leur contexte social et politique. Cette thèse s’intéresse plus précisément à un mouvement de résistance dans la région forestière Hasdeo Aranya, située au nord de l’État du Chhattisgarh. Depuis dix ans, ce mouvement s’oppose au déploiement du projet minier PEKB, opéré par la filière minière du Groupe Adani, un des plus importants conglomérats indiens. Il se démarque par l’utilisation des dispositifs fédéraux, constitutionnels et démocratiques, et notamment de la grām sabhā : une assemblée locale reconnue par la Constitution indienne et qui est centrale à plusieurs lois visant à protéger les droits des communautés habitant les forêts de l’Inde. Par un assemblage théorique incorporant des concepts analytiques de l’écologie politique féministe, de l’économie politique et des études portant sur le genre et le fédéralisme, cette thèse offre une caractérisation de processus politiques ascendants de résistance qui émergent du mouvement qui s’oppose au projet PEKB. Cette thèse vise à contribuer significativement à la littérature scientifique qui s’intéresse aux mouvements de résistances à l’extraction minière en élaborant un cadre d’analyse qui procure les outils conceptuels pour étudier l’interaction entre un mouvement de résistance à l’extractivisme, les processus de marginalisation et le fédéralisme. Ce faisant, elle met en lumière les dynamiques sociopolitiques de l’Inde contemporaine en portant une attention particulière sur la place qu’occupe l’exploitation du charbon dans la construction même de l’Inde fédérale et démocratique ainsi que dans la création de l’hindu raṣtrā. Puis, elle participe à la re-politisation des processus extractifs : les activités extractives sont fondamentalement politiques et doivent faire partie du débat social et politique. Elle participe également à la conceptualisation de processus ascendants de résistance en tant que stratégies et actions qui sont déployées à l’échelle locale et qui ont pour objectif d’exercer une influence de plus grande ampleur. À partir du cas des résistances à l’extractivisme dans la région Hasdeo Aranya, cette thèse conclut en appelant à des recherches futures dont le cœur est la solidarité, mais aussi l’empathie envers les communautés qui sont les plus vulnérables face à la montée du néolibéralisme et des mouvements nationalistes majoritaires d’extrême-droite, et à la crise climatique.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Résistances, Inde, fédéralisme, extractivisme, environnement, écologie politique féministe, économie politique
Type: |
Thèse ou essai doctoral accepté
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Informations complémentaires: |
Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A. |
Directeur de thèse: |
Gagnon, Alain-G. |
Mots-clés ou Sujets: |
Résistance au gouvernement / Inde / Mouvements sociaux / Extractivisme / Mines et extraction de charbon / Aspect de l'environnement / Fédéralisme / Chhattīsgarh (Inde) |
Unité d'appartenance: |
Faculté de science politique et de droit > Département de science politique |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
28 sept. 2023 10:59 |
Dernière modification: |
20 nov. 2024 00:10 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/17012 |