Bourgé, Antoine
(2023).
« La diplomatie des otages : négocier avec des groupes terroristes » Travail dirigé.
Montréal (Québec), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en science politique.
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Résumé
La pratique diplomatique est traditionnellement vue comme une activité de l’État. Ce dernier est l’acteur centrale des relations internationales. Il élabore, négocie et traite des enjeux visant le système international. Au travers de la diplomatie il maintient l’ordre international. Or, avec la mondialisation, de nouveaux acteurs ont intégré la scène internationale. Ils remettent en cause le monopole de l’État dans sa capacité à représenter les valeurs primaires et élémentaires de l’humanité (Bull, 1977). Ces nouveaux entrepreneurs politiques, par différents moyens font pression sur les gouvernements et parviennent à modifier les comportements des États. Ainsi la diplomatie, et en particulier la négociation diplomatique se fait aujourd’hui entre les États, mais aussi entre les États et les nouveaux acteurs. Des groupes terroristes ont aussi bénéficié des effets de la mondialisation. Grâce aux avancés en matière de communications et de déplacements, ils parviennent à projeter leur violence au-delà de leur territoire d’activité usuel. Le terrorisme transnational devient donc un enjeu des relations internationales, en soustrayant à l’État le monopole de la violence organisé. Dans ce contexte, nous nous demandons comment peut-on qualifier les négociations entre les États et les groupes terroristes ?
Nous posons l’hypothèse suivante : Les négociations avec les groupes terroristes dans le cas de la libération d’otages intègre l’évolution de la pratique diplomatique. Afin de répondre à cette hypothèse nous montrons dans un premier temps que la diplomatie doit inclure les nouveaux acteurs des relations internationales. Ensuite nous définissons les groupes terroristes comme des acteurs. Pour ce faire nous proposons une comparaison entre les réseaux de plaidoyer transnationaux et les réseaux terroristes. Ainsi, nous définissons les groupes terroristes comme des réseaux de plaidoyer usant de la violence. Puis, nous pensons une diplomatie avec les groupes terroristes. Pour ce faire, nous revenons sur l’attitude des États vis-à-vis du terrorisme. Pour le combattre, les gouvernement ferme la porte à la négociation, sauf dans le cas de prises d’otages. De fait, nous regardons comment la libération des otages par la négociation permet de repenser la diplomatie traditionnelle. Enfin, nous faisons trois études de cas nous permettant d’illustrer notre réflexion. La première est consacrée à l’enlèvement d’Ingrid Betancourt par les FARC en 2002 en Colombie. Le caractère diplomatique de la libération d’otages dans le cas de la guérilla FARC est flagrant : l’intervention de diplomates étrangers, d’acteurs de la société civile, mais aussi dans la façon dont les FARC vont mener les négociations. Pour notre deuxième cas d’étude, nous avons choisi de nous intéresser aux enlèvements de Florence Aubenas et de Georges Malbrunot et Christian Chesnot, survenue en 2005 et 2004 en Irak. Elle nous sert à observer l’implication des comités de soutiens pour la libération des otages et la pression qu’ils exercent sur la diplomatie de leurs les gouvernements. Pour notre dernier cas d’étude, nous choisissons d’étudier une série d’enlèvements survenus entre 2013 et 2014 en Syrie par l’État Islamique. Leur détention va illustrer les différentes approches adoptées par les États dans la question de la libération des otages. Nous verrons que la doctrine de la non-négociation, bien qu’adoptée par tous les États dans leurs
discours reflète une réalité différente.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : terrorisme, diplomatie, négociation, otages