Rech, Nathalie Christiane
(2023).
« Locking up and exploiting African American women at Angola State Penitentiary : experiences of incarceration in Jim Crow Louisiana (1901-1961) » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en histoire.
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Résumé
Ma thèse de doctorat, Enfermement et exploitation des femmes Africaines-Américaines au pénitencier d’Angola : Expériences d’emprisonnement dans la Louisiane de Jim Crow (1901-1961), examine comment l’intersection du genre et de la race a conduit à des conditions particulières d’incarcération pour les femmes Africaines-Américaines à la ferme pénale Louisianaise pendant la période de ségrégation raciale. Au cours de cette période marquée par la terreur pour les Noirs, Angola est une prison mixte dans laquelle les femmes représentent moins de cinq pourcent de la population carcérale. La sur-représentation des Africains-Américains y est plus accentuée chez les femmes que chez les hommes. J’ai construit une base de données de plus d’un millier de femmes à partir des registres d’écrou. J’ai également collecté les dossiers criminels dans une douzaine de cours, ainsi que des coupures de presse relatives à ces femmes. Tout au long de la thèse, je démontre les hiérarchies raciales et de genre en réalisant des comparaisons entre les femmes Noires et les autres catégories de prisonniers. Ce faisant, je dessine les continuités et relève les discontinuités entre le régime carcéral et les vies de ces femmes « en dehors », ainsi que les parallèles avec d’autres régimes d’oppression et de domination, notamment l’esclavage. Les expériences d’incarcération des femmes Noires captives à Angola sont déclinées selon les thèmes de l’espace, du temps, et du corps. Angola, une ancienne plantation d’esclaves transformée en « prison la plus sanglante en Amérique », présente une géographie « idéale » pour l’enfermement. Les femmes Noires y sont enfermées dans des quartiers féminins ségrégués selon la race. Captives dans une prison majoritairement masculine, leur présence est dérangeante. La spatialité de la prison renvoie aussi à ce qui se passe « au dehors » dans une Louisiane ségréguée. Néanmoins, les femmes Noires incarcérées résistaient à l’immobilité imposée par la prison, par l’évasion ou d’autres moyens. La captivité et un horaire rigide faisaient en sorte qu’elles ne pouvaient pas structurer leur propre temps. Malgré ce, leurs actes de résistance démontrent de leur volonté de déterminer les conditions de leur enfermement. Le corps de la femme Noire, déjà marqué par les vicissitudes de la vie sous Jim Crow, devient un objet scruté dans le système pénal. Transformé par la prison en outil via le travail forcé et les punitions corporelles, ce corps est aussi objet de domination par le biais des violences sexuelles et de la négligence médicale. Mon travail met en lumière la question de l’emprisonnement en Louisiane pendant la période de ségrégation raciale, ainsi que les enjeux actuels d’incarcération de masse en Louisiane (la capitale mondiale de l’incarcération), aux États-Unis et ailleurs. Au moyen d’un portrait statistique, il révèle également que les femmes Noires détenues recevaient une éducation semblable aux autres femmes Africaines Américaines. Comme elles, elles travaillaient majoritairement comme domestiques, et faisaient face à la discrimination raciale. La société dominante blanche les voyaient comme paresseuses, déviantes, débauchées, et par conséquent ne leur accordait ni respect, ni protection. Jusqu’à ce que leur criminalisation les place à part (physiquement et symboliquement), leurs réalités et leurs aspirations ressemblaient à celles des femmes de la classe ouvrière Noire. Ma thèse permet de combler un vide dans l’historiographie des prisons. À date, peu de travaux ont été réalisés sur l’emprisonnement des femmes à Angola, sur l’histoire de ce pénitencier tristement célèbre, et plus généralement sur le système pénal en Louisiane. Ma recherche contribue au champ de la recherche historique sur les femmes Noires incarcérées, un champ en plein développement. Ce projet démontre aussi que l’incarcération de ces femmes à Angola reproduisait leur victimisation (physique, sexuelle, économique) sous Jim Crow, et comportait certaines des mêmes caractéristiques des abus de l’esclavage.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : histoire africaine-américaine, prisons, femmes noires, travail forcé, violence d’État, résistance.
Type: |
Thèse ou essai doctoral accepté
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Informations complémentaires: |
Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A. |
Directeur de thèse: |
Robinson, Greg |
Mots-clés ou Sujets: |
Louisiana State Penitentiary / Noires américaines / Emprisonnement / Prisons / Travail forcé / Louisiane / Histoire / 20e siècle |
Unité d'appartenance: |
Faculté des sciences humaines > Département d'histoire |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
17 juill. 2023 09:39 |
Dernière modification: |
17 juill. 2023 09:39 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/16758 |