Expertise visuospatiale chez les personnes autistes : quels sont les mécanismes cérébraux impliqués?

D. Thérien, Véronique (2023). « Expertise visuospatiale chez les personnes autistes : quels sont les mécanismes cérébraux impliqués? » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en psychologie.

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Résumé

La perception visuelle semble jouer un rôle dominant au sein du fonctionnement cognitif des personnes autistes. Les habiletés visuospatiales supérieures caractérisent d’ailleurs le profil cognitif de près de la moitié des personnes autistes. Ces supériorités se manifestent entre autres par des pics d’habiletés ou de performances aux tâches visuospatiales. Bien que l’hétérogénéité cognitive soit largement reconnue dans la population autiste, peu d’études la considèrent dans la composition des échantillons, ce qui mène à des résultats contradictoires entre les études investiguant les habiletés visuospatiales. L’objectif de la thèse était d’examiner les bases neurofonctionnelles qui supportent spécifiquement les habiletés visuospatiales supérieures des personnes autistes en comparant celles présentant des forces visuospatiales, celles sans ces forces et des personnes neurotypiques avec l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle lors de deux tâches visuospatiales sollicitant divers processus visuoperceptifs. Les deux études de la thèse ont permis d’examiner l’activité cérébrale et la connectivité fonctionnelle ainsi que leur association avec la performance lors de deux tâches distinctes, soit une tâche de rotation mentale (étude 1) et une tâche adaptée à partir du sous-test des Blocs issu des échelles d’intelligence de Wechsler (étude 2). Dans la première étude, 27 adultes autistes — 13 présentant un pic de performance au sous-test des Blocs des échelles d’intelligence de Wechsler et 14 sans pic — ont été comparés à 23 adultes neurotypiques. Les résultats montrent que les personnes autistes qui présentent un pic aux Blocs ont été plus rapides à la tâche comparativement aux personnes neurotypiques. De plus, en comparaison aux personnes neurotypiques, les personnes autistes qui présentent un pic aux Blocs ont montré une plus grande activation des régions pariétales et occipitales, des connexions fonctionnelles plus fortes entre les régions occipitales et pariétales et entre les régions occipitales et frontales, ainsi que des connexions plus faibles entre les régions pariétales et frontales. En revanche, comparativement aux personnes autistes qui présentent un pic aux Blocs, les personnes autistes sans pic aux Blocs ont montré une plus grande activation des régions situées plus antérieurement et dans l’hémisphère droit. De plus, elles ont démontré une connectivité fonctionnelle diminuée entre plusieurs paires de régions visuoperceptives situées dans la partie postérieure du cortex cérébral par rapport aux personnes autistes qui présentent un pic aux Blocs et aux neurotypiques. Enfin, l’augmentation de la complexité des problèmes visuospatiaux a entraîné une modulation seulement des régions pariétales pour les personnes autistes qui présentent un pic aux Blocs, alors que les autistes sans pic et les neurotypiques ont recruté un ensemble de régions corticales beaucoup plus large et étendu en réponse aux problèmes plus complexes. Dans le cadre de la deuxième étude de la thèse, les échantillons étaient sensiblement les mêmes que ceux de la première étude, comprenant 31 adultes autistes — 15 présentant un pic de performance au sous-test des Blocs des échelles d’intelligence de Wechsler et 16 sans pic — et 28 adultes neurotypiques. Malgré des performances similaires entre les groupes, les autistes — avec et sans pic aux Blocs — ont montré une activation plus importante des régions occipitales comparativement aux personnes neurotypiques. Par contre, les personnes autistes avec un pic aux Blocs se sont démarquées des deux autres groupes par une connectivité fonctionnelle accrue entre les régions postérieures visuoperceptives et par une connectivité fonctionnelle plus faible entre les régions frontales et postérieures situées au niveau occipito-temporal. Une modulation plus faible des régions plus antérieures du cerveau (frontales et pariétales) en réponse à l’augmentation de la cohérence perceptive était également observée de manière distinctive chez les personnes autistes présentant un pic aux Blocs comparativement aux deux autres groupes. L’ensemble des résultats de la thèse suggèrent des mécanismes cérébraux visuoperceptifs plus spécialisés, plus autonomes et plus efficaces supportant les habiletés visuospatiales supérieures retrouvées parmi les personnes autistes. Ces travaux de recherche ont des implications théoriques quant au modèle de surfonctionnement perceptif et du modèle de sous-connectivité en autisme. De plus, l’ensemble des résultats étaye l’importance majeure de tenir compte de l’hétérogénéité en recherche en incluant des sous-groupes autistes mieux caractérisés et plus homogènes sur le plan du phénotype cognitif ou comportemental afin de favoriser une meilleure compréhension du fonctionnement cérébral en autisme et, ultimement, de contribuer à développer des approches clinique et pédagogique plus ciblées et adaptées à différents sous-groupes de personnes autistes. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : autisme, cognition, visuospatial, IRMf, connectivité fonctionnelle

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A.
Directeur de thèse: Soulières, Isabelle
Mots-clés ou Sujets: Autisme / Autistes / Fonctions visuo-spatiales / Cognition
Unité d'appartenance: Faculté des sciences humaines > Département de psychologie
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 11 juill. 2023 11:15
Dernière modification: 11 juill. 2023 11:15
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/16750

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