Lafrenière, Sarah
(2023).
« Un premier portrait de la subordonnée relative en langue des signes québécoise (LSQ) » Mémoire.
Montréal (Québec), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en linguistique.
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Résumé
Ce mémoire porte sur la subordonnée relative en langue des signes québécoise (LSQ). Dans cette étude exploratoire, nous nous interrogeons sur la forme sémantique et syntaxique de la subordonnée relative dans une langue à modalité visuospatiale, et plus précisément sur la façon dont s’exprime ce type de structure sur les plans manuel, non manuel, spatial et prosodique en LSQ. Comme cette structure n’a pas encore fait l’objet d’une description formelle dans la grammaire de cette langue, notre objectif de recherche est de brosser un premier portrait de la subordonnée relative en LSQ, à travers l’analyse de 21 structures relatives issues de discours narratifs produits par 20 signeur·e·s natif·ive·s de la LSQ. Une recension critique des écrits sur la subordination relative dans les langues du monde, puis dans les langues des signes spécifiquement, nous a permis de construire une grille d’analyse afin de décrire les caractéristiques syntaxiques et de marquage des structures relatives en LSQ. La description des 21 structures constituant notre corpus nous a permis de tirer six conclusions quant à la forme et à la fonction, en LSQ, des éléments présentés comme des indicateurs de relativisation dans la littérature sur les langues des signes. Ces conclusions sont les suivantes. i) Des signes manuels sont employés dans les relatives en LSQ pour construire la trame référentielle et la cohérence syntaxique du discours, mais aucun de ces signes n’est exclusivement porteur du sens de relativisation. ii) Le contraste global entre les comportements non manuels superposés respectivement à la principale et à la relative permet de distinguer les deux unités syntaxiques, mais aucun de ces comportements pris isolément n’est explicitement porteur du sens de relativisation. iii) Les propositions principales et relatives sont toujours marquées par un contraste spatial découlant de leur distribution sur des loci distincts dans l’espace de signation. iv) Des indices prosodiques (tenue de signes manuels, ralentissement dans le rythme de signation, pauses dans le discours) sont attestés, mais le rôle de ceux-ci n’est pas spécifiquement d’exprimer la relativisation. v) Parmi les indices manuels, non manuels, spatiaux et prosodiques attestés dans les relatives, certains ont pour unique fonction d’indiquer des frontières syntaxiques. vi) Aucun de ces indices ne sert exclusivement à exprimer un sens de relativisation, mais leur présence et leur agencement contribue à exprimer syntaxiquement une relation de dépendance sémantique entre l’unité propositionnelle relative et le SN relativisé. Globalement, nous proposons, à la lumière de nos résultats, que la subordonnée relative en LSQ se réalise syntaxiquement grâce à deux principes : le contraste et la liaison spatiale.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : langue des signes québécoise, syntaxe, sémantique, subordination, subordonnée relative