Radziszewski, Stephanie
(2023).
« Relations entre le bien-être et l'environnement résidentiel des locataires en habitations à loyer modique (HLM) » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en psychologie.
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Résumé
Les programmes de logement social, dont celui des Habitations à loyer modique (HLM), font partie du filet social dont s’est doté le Québec dans l’intention de lutter contre les inégalités sociales de santé. Le but de ces programmes est d’offrir un logement abordable à des personnes qui ont un faible statut socioéconomique, afin d’améliorer leur niveau de santé et de bien-être. Pourtant, les locataires en HLM forment l’un des groupes les plus vulnérables de notre société. Ils et elles sont plus à risque que la population générale d’être victimes de stigmatisation et de vivre des niveaux faibles de santé physique et mentale. Les locataires vivant en HLM rapportent d’ailleurs des niveaux de bien-être plus faibles que les locataires du même niveau socioéconomique qui louent d’un propriétaire privé. L’environnement résidentiel, qui comprend le logement, l’immeuble et le quartier autour, influence le bien-être des résident·e·s. Plusieurs caractéristiques des milieux HLM, telles qu’une stricte réglementation ou une faible qualité des matériaux de construction, en font des environnements résidentiels particuliers. À ce jour, il existe peu d’études qui ont exploré le lien entre l’environnement résidentiel et le bien-être des locataires en HLM en considérant à la fois les caractéristiques des locataires et celles de leur environnement. Une meilleure compréhension de cette relation permettrait non seulement d’avancer les connaissances scientifiques, mais potentiellement d’améliorer le programme HLM et ainsi augmenter le bien-être des locataires. L’objectif général de cette thèse est d’explorer les relations entre l’environnement résidentiel et le bien-être des locataires en HLM. Pour ce faire, nous avons utilisé des données issues d’un projet de recherche participative implanté dans six sites HLM dans la province du Québec. Nous avons cherché à répondre à deux questions de recherche plus précises au cours de deux volets distincts. Le premier volet porte sur comment l’environnement résidentiel des locataires en HLM influence positivement ou négativement leur bien-être. Nous avons adopté un devis d’étude de cas multiple afin de comparer les démarches photovoix menées avec des locataires-chercheur·e·s des six sites du projet (ntotal = 59). Ils et elles ont suivi une formation à la recherche et à la photographie, ont pris en photo des aspects de leur environnement pour en discuter en groupe et ont préparé une exposition publique. Nous avons effectué une analyse inter-cas des 303 légendes rédigées par les locataires-chercheur·e·s pour transmettre le message de leurs photos. Le deuxième volet concerne les forces et les habiletés que les locataires en HLM peuvent mettre à profit dans leur environnement résidentiel. Nous avons utilisé les réponses de 310 locataires ayant participé à une enquête sur leur environnement résidentiel et leur bien-être. Ils et elles ont répondu à des questions ouvertes sur les forces et les habiletés possédées ainsi qu’à des questions fermées quant à leur satisfaction concernant les opportunités disponibles dans leur environnement résidentiel d’utiliser ces forces et ces habiletés. Les réponses ouvertes ont été enregistrées, puis transcrites intégralement. Nous avons effectué une analyse de contenu d’abord inductive avec laquelle nous avons identifié deux modèles conceptuels des forces et des habiletés qui correspondaient à nos résultats. Nous avons poursuivi l’analyse de contenu de manière déductive à l’aide des deux modèles. Finalement, nous avons effectué des analyses descriptives sur les réponses aux questions fermées. Les résultats de cette thèse sont présentés dans deux articles, soit un par volet de la recherche. Dans le premier article, nous soulignons que les locataires en HLM perçoivent leur environnement résidentiel de manière généralement positive, bien qu’ils et elles soulèvent certaines lacunes. Les aspects négatifs, comme la faible qualité des matériaux ou un manque d’autonomie, sont principalement liés aux particularités de la vie en HLM. Dans le deuxième article, les résultats mettent en lumière la diversité de forces et d’habiletés rapportées par les locataires. Également, les participant·e·s ont dit être modérément satisfait·e·s avec les opportunités disponibles dans leur environnement pour utiliser leurs forces et leurs habiletés. Le chapitre de discussion générale revient sur trois faits saillants de la thèse : la valeur ajoutée du logement social pour réduire les inégalités sociales de santé, la complexité de la relation entre l’environnement résidentiel et le bien-être des locataires en HLM, et l’importance du savoir expérientiel des locataires. Nous présentons également des implications pratiques en termes de pouvoir d’agir individuel, organisationnel et communautaire et terminons avec certaines considérations méthodologiques.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : environnement résidentiel, bien-être, Habitation à loyer modique (HLM), logement social, forces, habiletés, photovoix, étude de cas multiple.