Lucas, Ashrah
(2022).
« La tardivité sexuelle : regard porté sur le parcours développemental de la fin de l'enfance à l'émergence de l'âge adulte » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en psychologie.
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Résumé
Cette thèse de doctorat propose un examen de la tardivité sexuelle en adoptant une perspective développementale basée principalement sur les théories du parcours de vie et de l’horloge sociale dans un paradigme hétérosexuel. Dans la société occidentale, la première relation coïtale est considérée comme un événement important chez les personnes hétérosexuelles. Elle correspond au marqueur symbolique d’une transition à la sexualité active. La plupart des individus vivent cette transition à l’intérieur de la même fenêtre d’âges, soit à la fin de l’adolescence. Ceux qui expérimentent ce début sexuel après cette période (c.-à-d. après l’âge de 18 ans) sont alors considérés comme en retard par rapport à la norme. La tardivité sexuelle, ou encore la transition tardive à la sexualité active, a longtemps été considérée exclusivement bénéfique pour les jeunes. Cependant, depuis les deux dernières décennies, des études révèlent qu’elle peut également entraîner une forme de marginalisation et de stigmatisation. Cette nouvelle perspective suscite alors une attention plus soutenue à l’égard de ce phénomène. L’approche développementale met en évidence l’importance d’examiner les facteurs qui peuvent précéder cette transition tardive et les répercussions pouvant y être associées à l’émergence de l’âge adulte. La présente thèse aborde ces questions en ayant recours à un devis longitudinal dans lequel les participants sont interrogés annuellement de 12 à 25 ans. Un tel devis est rarement employé dans ce champ de recherche qui est surtout basé sur des études transversales. La présente thèse est composée de deux articles scientifiques. Le premier article examine les antécédents de nature sociale qui peuvent être associés à la tardivité sexuelle. Un modèle en cascade a été testé afin de rendre compte du lien entre le retrait social à la fin de l’enfance et la tardivité sexuelle. Un échantillon de 332 participants (60,8% femmes) a complété des questionnaires chaque année entre 12 et 22 ans. Une modélisation par équations structurelles a révélé l’existence d’un lien indirect entre le retrait social et la tardivité sexuelle par l’intermédiaire de trois variables médiatrices. Plus précisément, le retrait social à la fin de l’enfance (12 ans) nuit à l’acquisition d’une perception positive de sa compétence sociale au début de l’adolescence (13-14 ans), ce qui en retour contraint la formation d’amitiés avec des pairs de l’autre sexe au milieu de l’adolescence (15-16 ans), limitant ainsi les opportunités de former une relation amoureuse à la fin de l’adolescence (17-18 ans) et d’être sexuellement actif au début de l’âge adulte. Le lien direct demeure significatif entre le retrait social et la tardivité sexuelle, ce qui suggère une médiation partielle. Ce modèle s’applique autant pour les femmes que pour les hommes. Le deuxième article évalue les liens entre la tardivité sexuelle et l’accomplissement des tâches développementales propres à l’émergence de l’âge adulte et le bien-être psychologique. Un échantillon de 268 participants (59 % femmes) a été évalué annuellement entre 15 et 25 ans. Le groupe des typiques (c.-à-d. première relation sexuelle entre 15 et 18 ans) a été comparé à celui des individus sexuellement tardifs (c.-à-d. première relation sexuelle après l’âge de 18 ans) sur les sphères professionnelle/académique, de l’indépendance financière, l’engagement dans la vie amoureuse et familiale et le bien-être psychologique à l’âge de 25 ans. Les analyses de chi-carrés ont révélé que les individus sexuellement tardifs tendent à accomplir plus lentement certaines tâches développementales propres à l’émergence de l’âge adulte que les typiques. Plus précisément, ils sont plus enclins à être encore aux études, tendent à travailler moins d’heures par semaines, et sont moins portés à être en couple et à être parents à 25 ans. Des MANCOVAs indiquent que les individus sexuellement tardifs présentent également un bien-être psychologique moindre que les typiques. Ils rapportent davantage de symptômes dépressifs et anxieux, une plus grande sensibilité interpersonnelle ainsi qu’un niveau moindre d’estime de soi et de bonheur hédonique. Les hommes sexuellement tardifs semblent en être affectés davantage que les femmes sexuellement tardives. La discussion générale propose une explication détaillée du parcours développemental des individus sexuellement tardifs de l’âge de 12 ans à 25 ans en intégrant ces deux articles. Le développement des hommes sexuellement tardifs et celui des femmes sexuellement tardives sont abordés de façon distincte. Les résultats de cette thèse contribuent à enrichir des modèles théoriques tels que la théorie du parcours de vie ainsi que celle de l’horloge sociale. Ils soulèvent l’importance des scripts et des normes sociales de genre dans l’analyse du parcours développemental d’un individu. Enfin, bien qu’elle comporte plusieurs limites, la présente thèse offre des avenues intéressantes sur le plan clinique et ouvre la voie à des recherches futures pertinentes.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : devis longitudinal, parcours développemental, sexualité, adolescence, émergence de l’âge adulte
Type: |
Thèse ou essai doctoral accepté
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Informations complémentaires: |
Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A. |
Directeur de thèse: |
Poulin, François |
Mots-clés ou Sujets: |
Développement psychosexuel / Sexualité / Adultes émergents / Adolescence / Socialisation / Passage à l'âge adulte / Études longitudinales |
Unité d'appartenance: |
Faculté des sciences humaines > Département de psychologie |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
04 avr. 2023 10:56 |
Dernière modification: |
04 avr. 2023 10:56 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/16440 |