Boucher, Charles
(2022).
« La problématision du sommeil par le travail : quand le sommeil est mis au travail » Mémoire.
Montréal (Québec), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en sociologie.
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Résumé
Pour une population de travailleurs actifs et de travailleuses actives, le sommeil, à l’instar du travail, est un temps d’importance offrant une structure à la vie. Dans ce mémoire, nous étudions l’émergence d’un discours, destiné principalement à des employeurs du secteur tertiaire, et qui met de l’avant les bienfaits de la prise en charge du sommeil des employés-es. Pour ce faire, nous avons analysé le discours tenu dans 13 documents publiés de 2014 à 2020 et provenant, d’une part, de firmes de consultation et de compagnies d’assurance, et de l’autre, de méta-analyses portant sur la prise en charge du sommeil en milieu de travail. Si d’emblée « soigner » le sommeil est un objectif louable, notre démarche met en lumière comment des logiques productivistes sont au coeur de ce discours. Inspirés par la pensée foucaldienne, nous voyons comment le pouvoir pourrait s’exercer par la fonction biologique qu’est le sommeil de l’employé-e. Dans ce discours, le sommeil est décrit à la manière d’un capital à faire croître, car sous-jacent à la performance subséquente de l’employé-e, et donc, de l’organisation. Notre démarche identifie également deux enjeux émergents liés au phénomène étudié : la possible apparition d’une nouvelle pression de performance chez l’employé-e à « produire » le sommeil, ainsi que la création de temps satellite de l’emploi dans le temps personnel de l’employé-e, et ce, en lien avec la mise en place d’une discipline qui serait nécessaire à l’obtention d’un sommeil de meilleure qualité.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : sommeil, travail, biopouvoir, sociologie du sommeil