Leclerc, Frédérik
(2021).
« Dire adieu à l'utopie : la part des savoirs et du territoire dans l'évolution des pratiques urbanistiques grand-montréalaises (1989-2017) » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en études urbaines.
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Résumé
Lors des décennies 1960 et 1970, de nombreuses voix s’élevèrent pour remettre en question les fondements théoriques et les manifestations pratiques d’un urbanisme qui évoluait alors au rythme du fonctionnalisme et de ses dérivés. Dans la foulée de cette critique, de nouveaux courants émergèrent qui cherchaient à rompre avec les inclinations universelles et a-territoriales préconisées par cette approche dominante. Citons, à titre d’exemples, le projet urbain, le transit-oriented development (TOD), la planification stratégique spatialisée et l’urbanisme durable, qui virent le jour lors des décennies subséquentes. C’est ainsi que de nouvelles manières de penser, de faire et d’agir sur la ville virent le jour pour éventuellement se diffuser aux professionnels de l’aménagement oeuvrant un peu partout dans le monde, laissant ainsi présager l’avènement d’un urbanisme plus en phase avec les contextes et les valeurs propres aux sociétés contemporaines. Loin d’être à la périphérie de ce vaste mouvement d’idées, les instances de planification urbaine du Grand Montréal adoptèrent certains de ces nouveaux référents épistémiques à partir des années 1990, signalant par là leur volonté de réaménager la ville sur de nouvelles bases. Or, entre la conception d’un savoir et son application dans un contexte spécifique, un glissement peut survenir et le détourner de ses trajectoires initiales, compromettant ainsi ses promesses d’une ville meilleure. Notre thèse se propose d’examiner ces dynamiques afin de voir dans quelle mesure l’adhésion des urbanistes grand-montréalais à ces nouveaux savoirs a mené à l’émergence de pratiques plus sensibles aux milieux sur lesquels elles se posent. Pour y arriver, nous avons analysé les programmes particuliers d’urbanisme (PPU) produits au sein du transect Laval-Montréal-Longueuil entre le début des années 1980 et la fin des années 2010. Nous nous sommes plus spécifiquement intéressés aux processus d’appropriation (un rapport aux savoirs) et de territorialisation (un rapport au territoire, révélateur d’une territorialité) qui animent et signifient ces programmes, puis les avons articulés au sein d’une réflexion plus fondamentale sur l’attitude qu’ils dénotent vis-à-vis de l’édification. Cette incursion au sein des régimes de pratiques grand-montréalais a montré que, si les propositions mises en avant par ces derniers se sont effectivement transformées sous le coup des « nouveaux » savoirs de l’urbanisme, la logique d’édification qui les sous-tend est restée, elle, pratiquement inchangée. Les PPU étudiés s’alignent en effet sur une attitude du modèle similaire à celle qui prévalait lors de la période fonctionnaliste, soit une approche de la ville qui néglige les aspérités du territoire (et des territorialités qui l’investissent) à la faveur de conceptions idéelles et idéalisées de ce qu’il devrait être. Ces constats nous ont finalement menés à réfléchir sur la pérennité d’une telle attitude dans le domaine de l’urbanisme, puis sur la capacité de ses praticiens à se saisir des territoires sur lesquels ils interviennent.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : urbanisme, urbanisme des modèles, modèle, règle, territorialité, territorialisation, PPU, revitalisation urbaine, new urbanism, TOD, urbanisme durable, policy mobility studies