Perrault Hébert, Édith
(2022).
« Le caractère a-normal en procès : le discours judiciaire en matière de filicide : production et reproduction des normes et stéréotypes sexistes » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en droit.
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Résumé
La recherche portant sur la réponse pénale au filicide est constante. La durée et la nature varient selon le genre; les pères ont plus de chance d’être incarcérés et les mères, de bénéficier de peines alternatives ou d’être dirigées en psychiatrie. La réponse pénale étant le résultat de la rencontre du débat social, du discours institutionnel, de ses agents et de leurs interactions, le discours judiciaire s’avère un corpus tout indiqué pour étudier le phénomène, ainsi que la production et la production des normes et des stéréotypes sexistes par le droit. La présente recherche avait donc pour objectif de documenter le discours tenu dans des procès de filicide et de comparer le discours tenu sur les mères à celui tenu sur les pères, accusé·es d’avoir tué leur enfant. Ayant adopté une démarche inductive, une partie importante de ce mémoire est consacrée aux réflexions et aux découvertes qui ont guidé la collecte, l’analyse et la présentation des résultats. Les résultats sont ceux de l’analyse de récit faite dans les dossiers judiciaires d’appel de Cathie Gauthier et d’Éric Savard. L’analyse de récit judiciaire porte sur le degré de vraisemblance et la crédibilité de la théorie de la cause, si le récit et les personnages parviennent à convaincre. Les cas étudiés mettent en lumière, cette vraisemblance et ce potentiel rhétorique passe par la création de personnages archétypiques, inspirés des grands récits, qu’ils soient judiciaires ou autres. Dans les deux cas, il n’y a pas que l’accusé·e qui fait l’objet du discours. L’autre parent fait partie intégrante du récit. Le portrait qui est brossé, de l’un, comme de l’autre, diffère radicalement selon l’entité narrative. En effet, la défense et la poursuite mettent en scène des personnages tragiques et stéréotypés en vue de susciter l’aversion ou la compassion du jury pour, éventuellement, le convaincre. Les avocat·es et leurs témoins participent à la construction de ces personnages aux traits grossiers. Ils et elles insistent sur le caractère anormal des parents. Des descriptions qui font échos aux résultats de la recherche sur la production des déviances parentales en matière familiale. Pour la présentation des résultats, plusieurs allers-retours ont été faits entre le corpus et la littérature en vue de constituer sept idéaux-types genrés : la pauvre femme, le génie malin et la sorcière, dans l’un, et le véritable opprimé, la dépravée, le truand et la femme a·battue, dans l’autre. Une telle méthode permet de rendre intelligibles les phénomènes observés, de provoquer l’effet généré par la lecture des dossiers et de cerner l’ampleur des stratégies argumentatives déployées. L’efficacité de ces stratégies sur le jury reste à démontrer. L’analyse indique que les avocat·es, en raison de leur mandat, jouent un rôle prépondérant dans la production et la reproduction des normes et des stéréotypes sexistes et enfin, démontre que l’espace du procès mérite une attention particulière en recherche en droit.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Discours, dossiers judiciaires, filicide, genre, anormalités, archétypes.
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