Giroux, Samuel
(2022).
« Contribution de variables affectives et cognitives aux comportements agressifs d'adolescents en centre de protection de l'enfance et de la jeunesse » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en psychologie.
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Résumé
Contexte. Les adolescents hébergés en centre de protection de l’enfance et de la jeunesse (CPEJ) présentent plusieurs difficultés psychologiques, dont des comportements agressifs (pousser, frapper, intimider) qui ont des conséquences graves. Pour comprendre ces comportements et ultimement mieux intervenir, on doit d’abord distinguer leur fonction: il y a l’agression proactive (AP) qui est manifestée de façon délibérée dans l’objectif d’atteindre un but et il y a l’agression réactive (AR) qui est défensive et manifestée pour retirer une menace réelle ou perçue. Les deux fonctions sont corrélées ensemble, mais elles sont aussi distinctes et reliées à des facteurs de risque personnels différents. Au nombre de ces facteurs, il y a les traits d’insensibilité aux émotions (traits IE), l’empathie, la colère et l’inhibition (fonction exécutive). Lorsqu’on étudie les comportements agressifs, il faut aussi tenir compte des différences sexuelles et de la contribution des troubles extériorisés (le trouble des conduites, TC; le trouble oppositionnel avec provocation, TOP; le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité/impulsivité, TDAH). Ces variables doivent être considérées dans les analyses afin de contrôler leur effet sur les variables dépendantes (AP et l’AR). Objectifs de l’article 1. Documenter les relations entre deux facteurs de risque personnels, soit les traits IE et l’empathie affective, et l’AP. Le deuxième objectif vise à mesurer le pourcentage de la variance des scores d’AP qui s’explique par ces deux facteurs de risque, lorsque le modèle d’analyse intègre les variables de contrôle (l’AR, le sexe, les troubles extériorisés). Objectifs de l’article 2. Documenter les relations entre trois facteurs de risque personnels, soit la colère, l’inhibition cognitive, l’inhibition d’une réponse motrice, et l’AR. Ensuite, l’étude vise à mesurer le pourcentage de variance des scores d’AR qui s’explique par ces facteurs de risque, une fois que les variables de contrôle sont considérées dans le modèle (l’AP, le sexe, les troubles extériorisés). Méthode. L’échantillon final dénombre 87 participants dont la moyenne d’âge est 15,6 ans (e.t.=1,3). Il est composé à 55.2 % de filles (n = 48) et à 44.8 % de garçons (n = 39). Ces jeunes sont tous recrutés dans un CPEJ, après avoir obtenu l’autorisation parentale. Lors d’une séance d’évaluation, les participants remplissent les questionnaires suivants: le Reactive-Proactive Agression Questionnaire (Raine, et al., 2006) mesurant l’AP et l’AR, l’Inventory of Callous-Unemotional Traits- Young version (Kimonis et al., 2008) mesurant les traits IE, le Basic Empathy Scale (Jolliffe & Farrington, 2006) mesurant l’empathie et l’Échelle de la colère du Beck Youth Inventories (Beck et al., 2005). Le participant complète aussi les épreuves cognitives suivantes: le Continuous Performance Test-II (Conners & MHS Staff., 2000) mesurant l’inhibition d’une réponse motrice et l’épreuve du Color-Word interference de la batterie D-KEFS (Delis et al., 2001) mesurant l’inhibition cognitive. Finalement, les questionnaires suivants sont remplis par l’éducateur du CPEJ responsable du jeune : l’Échelle Teacher rating scale de Dodge et Coie (1987) mesurant l’AP et l’AR des participants, l’Inventaire des comportements Conners 3e édition – version parent (Conners, 2008) mesurant les symptômes du TC, du TOP et du TDAH chez les participants et l’Inventory of Callous-Unemotional Traits-Parent version (Kimonis et al., 2008) mesurant les traits IE des participants. Pour les deux articles, des corrélations bivariées sont menées entre les variables dépendantes, les variables de contrôle et les facteurs de risque personnels d’intérêt. Dans un deuxième temps, des analyses de régression hiérarchique sont menées pour chaque variable dépendante, et les variables de contrôle sont initialement introduites en trois blocs (1- la fonction complémentaire de l’agression, 2- le sexe et 3- les troubles extériorisés) et les facteurs de risque personnels sont ensuite introduits dans le modèle afin de mesurer le pourcentage additionnel de la variance expliquée des scores de la variable dépendante. Principaux résultats de l’article 1. Les traits IE sont corrélés positivement avec l’AP. L’EA est corrélée négativement avec l’AP. Les traits IE contribuent à expliquer 2 % de la variance de l’AP (lorsque sont considérées les variables de contrôle). L’EA contribue à expliquer 2 % de la variance de l’AP. Quand sont considérées les variables de contrôle et les traits IE, l’EA est positivement reliée à l’AP. Principaux résultats de l’article 2. Seule la colère est reliée à l’AR et contribue à expliquer 7 % de la variance additionnelle des scores de l’AR une fois que les variables de contrôle sont considérées dans le modèle. Pour les deux formes d’inhibition, elles ne sont pas reliées à l’AR. Conclusion. Des facteurs de risque personnels distincts contribuent à expliquer la fonction des comportements agressifs des adolescents hébergés en centre de réadaptation. Plus les jeunes ont des traits IE et de l’EA plus ils ont des comportements d’AP. Également, plus ils ont de colère, plus ils ont de comportements d’AR. Les résultats permettent de mieux identifier les facteurs de risque pouvant devenir la cible d’interventions futures.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : comportements agressifs, fonction proactive, fonction réactive, traits d’insensibilité aux émotions, empathie affective, empathie cognitive, colère, autorégulation de la colère, inhibition cognitive, inhibition d’une réponse motrice, trouble des conduites, trouble oppositionnel avec provocation, trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité/impulsivité, adolescence, centre jeunesse.
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