Lévêque-Samoisette, Justine
(2021).
« L'exercice du pouvoir dans les milieux de travail autogérés : entre assujettissement et subjectivation » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en travail social.
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Résumé
Dans le cadre d’un stage de solidarité internationale dans une coopérative de recyclage brésilienne, nous avons fait le constat de la complexité de la réalité du pouvoir dans les milieux de travail autogérés. D’une part, une contradiction semble persister entre l’égalité enchâssée dans la structure formelle et la reproduction de rapports de pouvoir asymétriques. D’autre part, les membres évaluent positivement les impacts de leur participation à un milieu de travail démocratique dans différents aspects de leur vie. Nous avons souhaité, dans le cadre de cette recherche de type exploratoire, mieux comprendre la complexité de la question du pouvoir dans de telles organisations en nous intéressant à l’expérience qu’en font les travailleurs et travailleuses des milieux autogérés au Québec. Les aspects formels et organisationnels de telles structures étant relativement bien documentés, nous avons décidé de nous intéresser plutôt aux aspects subjectifs d’une telle expérience. La définition foucaldienne du pouvoir nous est apparue fort à propos pour une telle entreprise : il est conçu comme une force qui circule et transige entre les individus, dans toute relation et dans toutes les sphères de la vie sociale. Inévitable liant social, les relations de pouvoir sont également constitutives des sujets. Une telle conceptualisation du pouvoir nous apparaissait pertinente pour appréhender l’apparente contradiction de la persistance de rapports de pouvoir asymétriques dans des structures égalitaires, de même que pour comprendre les processus de subjectivation favorisés lors d’une expérience de démocratie directe dans le cadre du travail. Si les sujets se construisent dans les relations de pouvoir, comment des contextes autogérés influencent-ils la construction de soi? Nous avons utilisé une méthodologie qualitative. Nous avons choisi le récit d’expérience comme technique de collecte de donnée auprès des sept personnes répondantes, issues de six collectifs de travail autogérés. Les personnes participantes ont raconté leur expérience de l’exercice du pouvoir dans leur relation aux discours et pratiques propres aux milieux autogérés, ainsi que dans le contexte de leurs relations avec leurs cogestionnaires. Il en est ressorti que les discours et pratiques de ces milieux agissent comme des cadres qui à la fois contraignent l’action sur le milieu, mais aussi la rendent possible, à travers un processus d’appropriation d’une liberté déstabilisante. De plus, les relations de pouvoir, inhérentes à toute dynamique intersubjective, sont source d’une reconnaissance nécessaire pour agir sur soi et sur le milieu. Il est apparu que certains aspects de leur expérience d’autogestion favorisent des processus de subjectivation constructive, alors que d’autres sont synonymes d’un rapport à soi négatif.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : autogestion; relations de pouvoir; récit d’expérience; subjectivation