Diaz, Jeremy
(2022).
« L'appropriation sociale des ateliers de fabrication numérique dans un contexte de ville intelligente : le cas de Barcelone » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en études urbaines.
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Résumé
Depuis le début des années 2010, la diffusion internationale d’ateliers de fabrication numérique facilite l'accès à des non-professionnels à des outils de conception et de fabrication numérique. Principalement situés dans les zones urbaines, ces espaces offrent à la disposition des citoyens des moyens de production et d’expérimentation pour concevoir, prototyper et réparer toutes sortes d'objets. Ces pratiques ont été soutenues par des militants de la « démocratisation » de la fabrication numérique, dont le mouvement maker est le relai médiatique le plus puissant. Certaines autorités urbaines ont été progressivement conquises par la promesse de ces activistes d'encourager l'esprit d'entreprise, de générer de nouvelles connaissances, de mobiliser les citoyens et même de transformer la perception et la manière dont la consommation et la production se réalisent dans leur ville. Dans un contexte de politique de villes intelligentes, certaines villes se sont lancées dans la construction et le financement de lieux dédiés à ces pratiques collaboratives. Ces lieux outillent, accompagnent et accueillent une diversité d’acteurs tournés autour d’une même volonté d’agir en inventant de nouveaux modèles de financement, de gestion et de fonctionnement. Cependant, le discours séduisant de ces activistes associe de façon trop mécanique l'accessibilité de ces outils numériques au sein d’une multitude d’ateliers à l'idée d'appropriation sociale voire d’émancipation individuelle et collective. Notre revue de littérature démontre qu’une majorité des modes d’organisation des ateliers de fabrication numérique ne parviennent pas (encore) à assurer une appropriation de ces espaces par le grand public. L’objectif central de cette thèse est d’explorer la façon dont un atelier de fabrication numérique peut assurer une appropriation sociale de ces espaces. Pour ce faire, cette recherche analyse le cas d’un réseau public d'ateliers de fabrication numérique à Barcelone : les Ateneus de Fabricació. À partir d’observations documentaires, d’entretien semi-directifs et d’observations directes de 2017 à 2020, nos résultats montrent que le développement des Ateneus de Fabricació est le produit d’une adaptation dans la sphère publique de principe de fonctionnement en ligne de communautés libres et open source. La mise en oeuvre d’un mode de fonctionnement contributif a nécessité une adaptation des pratiques des autorités municipales dans la gestion de ces ateliers afin d’assurer un libre accès aux ateliers articulé autour d’un système de réciprocités multiples. En définitive, l’interprétation de nos résultats démontre que ce mode de fonctionnement des Ateneus de Fabricació assure une appropriation sociale de ces ateliers par les résidents barcelonais à l’échelle individuelle, collective et politique.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Politique urbaine, appropriation, atelier de fabrication numérique, Barcelone, ville intelligente