Guillemard, Alexis
(2022).
« Le tourisme, frein ou levier de l'adaptation aux changements climatiques dans les petites et moyennes villes littorales? » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en études urbaines.
Fichier(s) associé(s) à ce document :
Résumé
Cette thèse aborde le thème du tourisme et de l’adaptation aux changements climatiques dans les petites et moyennes villes littorales. Alors que les changements climatiques occupent une place de plus en plus centrale dans le discours médiatique et que les mesures d’atténuation d’émissions de gaz à effet de serre dominent les réponses apportées à cet enjeu, les institutions locales tardent à intégrer l’adaptation aux effets locaux des changements climatiques à la planification territoriale. Certaines activités et certains milieux semblent pourtant particulièrement vulnérables à l’intensification des aléas liés aux changements climatiques. C’est le cas du tourisme sur les littoraux. En effet, à la rencontre de la terre et de la mer, le secteur touristique exploite des ressources sensibles aux évolutions du climat. Au Québec, les littoraux de l’estuaire du Saint-Laurent font partie des attraits principaux de la province. Dans un même temps, chercheurs et habitants y observent différents effets des changements climatiques (accélération de l’érosion côtière, disparition du pied de glace en hiver, transformation des écosystèmes…). Nous avons choisi de nous concentrer sur deux petites et moyennes villes littorales du Québec car, sur un temps réduit, cette échelle urbaine offre une opportunité d’analyse intéressante. De plus, les études urbaines (contexte disciplinaire de cette thèse) ont tendance à privilégier l’étude de phénomènes métropolitains. Un cadre conceptuel introduit notre thèse. Ce premier chapitre explore et articule différents objets de recherche : les petites et moyennes villes, la littoralisation du tourisme, l’adaptation aux changements climatiques et l’innovation territoriale nécessaire pour trouver des réponses contextualisées. Le second chapitre fait émerger une problématique qui croise les concepts détaillés lors du premier chapitre, la théorie de la production de l’espace (Lefebvre, 1974) et certaines idées de la political ecology Ainsi, nous voulons interroger les rôles du tourisme dans l’adaptation aux changements climatiques, et réciproquement, le rôle des changements climatiques dans la production des espaces touristiques littoraux. Pour y répondre, nous avons mené un living lab à Rivière-du-Loup (Québec) et réalisé une enquête sociologique dans les Municipalités régionales de comté (MRC) de Rivière-du-Loup et de Rimouski-Neigette. Les informations qui concernent la méthodologie se trouvent dans le chapitre 3. Le chapitre 4 détaille les deux cas étudiés. Puis, le chapitre 5 synthétise les résultats. Nos données mettent en avant la place du Saint-Laurent pour les territoires louperivois et rimouskois, détaillent la production des espaces touristiques, partagent la perception des changements climatiques au sein de ces espaces et permettent de mieux évaluer la capacité d’agir pour l’adaptation aux changements climatiques. À la suite de ce chapitre, une discussion croise nos résultats et notre cadre théorique. Ce dialogue permet de réaliser que la production tripartie des espaces touristiques semble soumise à un quatrième moment, celui de l’espace des contraintes, où s’exprime l’agentivité de forces non humaines (comme les changements climatiques) difficiles à contrôler par les humains. Pour améliorer les réponses à cette perte de contrôle apparente, de nouvelles assemblées (comme les living labs) peuvent permettre de mieux intégrer la Nature dans sa dimension d’acteur. De plus, certaines formes de tourisme pratiquées dans le contexte de petites et moyennes villes mobilisent des acteurs en contact quotidien avec le milieu littoral, en mesure de contribuer à l’amélioration de l’adaptabilité aux changements climatiques des espaces touristiques.
_____________________________________________________________________________
MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : adaptation aux changements climatiques, tourisme, petites et moyennes villes, production de l’espace