Énonciation et imaginaire du lecteur dans Journal du voleur de Jean Genet et Rigodon de Louis-Ferdinand Céline

Daniel-Leclerc, Arissa (2022). « Énonciation et imaginaire du lecteur dans Journal du voleur de Jean Genet et Rigodon de Louis-Ferdinand Céline » Mémoire. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en études littéraires.

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Résumé

En lisant Journal du voleur et Rigodon, on voit souvent le lecteur interpellé, convoqué, pris à partie. Pourtant, les lecteurs réels de Jean Genet et de Louis-Ferdinand Céline ne s’identifient pas tout à fait à l’image qui leur est renvoyée. Cette assignation relève donc de l’artifice : elle est de l’ordre du semblant, de la composition imaginaire, voire de l’affectation linguistique pure et simple, et, par conséquent, elle participe d’une logique spécifique qu’il s’agit d’analyser. Le « lecteur » dont on parle et à qui l’on s’adresse n’est pas seulement (ou pas vraiment) celui qui est en train de lire le texte : il est un reflet qui entre dans sa composition et à partir duquel on peut déduire un certain rapport à l’autre, que l’on fait intervenir d’une manière susceptible de recevoir ou de confirmer quelque chose. En considérant le lecteur d’abord comme une figure proprement littéraire, il est possible de le penser davantage comme une modalité de l’énonciation qui infléchit le discours du sujet. Dans le cadre de ce mémoire, il s’agit de tenir compte du statut imaginaire et symbolique de ce lecteur qui prend la forme d’un interlocuteur à la fois présent et évanescent. Sa présence, admise explicitement au sein du texte, semble liée à une fonction précise, essentielle au projet littéraire de l’un et de l’autre. Les travaux d’Émile Benveniste permettent de développer une réflexion axée sur les pronoms utilisés dans Rigodon et Journal du voleur afin de saisir en quoi, chez Genet et Céline, l’identification aux personnes verbales – entre le sujet « je » et le lecteur « vous » – mène à un constat, soit celui d’une tendance à la dissimulation du sujet genetien et à une forme d’exhibition du sujet célinien, sous le couvert d’une relation duelle façonnée à même le travail littéraire. Cet aspect de l’écriture est souvent relevé afin d’interroger un enjeu communicationnel entre narrateur (ou auteur) et lecteur. Bien qu’il s’agisse d’un point de départ prometteur, le lecteur, s’il est pensé comme matériau textuel, ne peut pleinement s’envisager à partir de cette prémisse. Car lorsque Genet ou Céline s’adresse au lecteur, il s’agit aussi de construire un interlocuteur qui oriente l’écriture : c’est d’abord un autre imaginé et imaginaire, sur la ligne du « petit autre » d’après le vocabulaire lacanien. L’Autre, le grand Autre, toujours d’après Jacques Lacan, est quant à lui un « lieu » symbolique situé au-delà de celui qui est nommé. Cette écriture de l’autre, établie selon des paramètres propres au sujet de l’énonciation, met en relief l’image d’un lecteur qui sous-tend un leurre : leurre des identifications qui s’y jouent, leurre pour le lecteur réel, leurre sans image qui illustre la primauté d’un silence, d’une absence. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : lecteur, Louis-Ferdinand Céline, Jean Genet, Journal du voleur, Rigodon, Émile Benveniste, pronoms, énonciation, psychanalyse, altérité.

Type: Mémoire accepté
Informations complémentaires: Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A.
Directeur de thèse: Lussier, Alexis
Mots-clés ou Sujets: Écrivains et lecteurs dans la littérature / Altérité dans la littérature / Louis-Ferdinand Céline / Rigodon / Jean Genet / Journal du voleur
Unité d'appartenance: Faculté des arts > Département d'études littéraires
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 27 juill. 2022 12:19
Dernière modification: 27 juill. 2022 12:19
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/15670

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