«Emparons-nous du sol !» Chômage, retour à la terre et colonialisme durant la Grande dépression au Québec

Bernard, Jean-Philippe (2022). « «Emparons-nous du sol !» Chômage, retour à la terre et colonialisme durant la Grande dépression au Québec » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en histoire.

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Résumé

Cette thèse porte sur les programmes de retour à la terre adoptés par les gouvernements pour assister les chômeurs durant la Grande dépression des années trente. En privilégiant une approche à la fois descendante (top down) et ascendante (bottom up), elle offre trois contributions historiographiques principales. Dans un premier temps, elle remet en question l’idée d’échec généralement attribuée à ces politiques en concentrant plutôt son analyse sur les transformations qu’elles ont engendrées dans l’aménagement du territoire québécois. Elle explore, successivement, les instances fédérales engagées dans le retour à la terre et la lutte contre le chômage, la modernisation de l’État québécois permettant à son administration publique d’étendre son influence sur le territoire et auprès des populations, de même que le processus de déconfessionnalisation de l’appareil colonisateur qui l’accompagne. En guise de seconde contribution, cette thèse adopte une approche sociale pour documenter l’histoire de ces programmes. En prenant en compte l’expérience des chômeurs, des femmes et des familles, elle propose une analyse qui dépasse les objectifs initialement visés par ces programmes afin d’observer leurs retombées concrètes à l’échelle des territoires et des communautés. Enfin, la mise en oeuvre du retour à la terre est abordée à travers la lunette du colonialisme de peuplement et des conséquences de cette politique d’appropriation des terres et des ressources naturelles sur les Premières Nations de la province. C’est le concept de citoyenneté sociale qui sert de fil conducteur à cette thèse. Introduit par T. H. Marshall, ce concept suggère que l’extension de l’État social au XXe siècle a contribué à transformer la relation des citoyen.ne.s à l’État en l’articulant autour d’une nouvelle logique de droits et de devoirs. Cette thèse aborde le retour à la terre comme une politique sociale et montre qu’en assistant financièrement les chômeurs choisissant de s’établir sur des lots de colonisation, cette mesure a contribué à alimenter un nouveau discours de droit à l’assistance chez les citoyen.ne.s de ces territoires. La construction de ces discours est néanmoins contrebalancée par le maintien d’une vision libérale et charitable de l’assistance, attribuable en partie au rôle que continue de jouer l’Église catholique dans l’administration de ces politiques sociales et qui participe à en restreindre l’extension. Dans cette lignée, cette thèse adopte une perspective critique à l’égard de la citoyenneté sociale en nuançant, voire en rejetant, l’idée d’universalité qu’on lui attribue et en insistant sur les inégalités qui la traversent. Par le recours aux théories critiques du développement et de l’aménagement du territoire et des ressources, à l’histoire des femmes et de la formation de l’État social, aux travaux de James C. Scott sur les pratiques infrapolitiques et la résistance des populations subalternes, de même qu’aux réflexions de Ian McKay entourant l’hégémonie et l’ordre libéral et l’historiographie du colonialisme canadien, cette thèse offre une relecture du retour à la terre des années trente. Elle mobilise une diversité de sources qui permettent de décrire le quotidien des femmes et des familles, étudier la mécanique de l’administration publique et les transformations que connaissent les États canadien et québécois, de comprendre les conflits entre colons, marchands ou religieux à l’échelle des colonies tout en offrant des exemples des formes précises d’appropriation des terres autochtones et des conflits autour des usages des ressources naturelles. Par ces contributions, elle se veut un outil pour réfléchir à l’histoire des politiques d’aménagement du territoire et des ressources au Canada et sur l’importance d’une prise en compte de la nature, des communautés locales et des Premières Nations dans leur élaboration. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : aménagement du territoire et des ressources naturelles, politiques sociales et aide aux chômeurs, formation de l’État, pratiques infrapolitiques, colonialisme de peuplement

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A.
Directeur de thèse: Fahrni, Magda
Mots-clés ou Sujets: Grande Dépression, 1929 / Québec (Province) / Politique de peuplement / Aide aux chômeurs / Lutte au chômage / Retour à la terre / Aménagement du territoire / Colonialisme
Unité d'appartenance: Faculté des sciences humaines > Département d'histoire
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 24 mai 2022 08:44
Dernière modification: 24 mai 2022 09:23
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/15516

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