Brethomé, Charlet
(2021).
« Danser sur la musique techno : une analyse des rapports sociaux de domination et de la praxis rave dans les espaces technos à Montréal » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en science politique.
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Résumé
Lorsque l’on discute des différentes sous-cultures, qu’elles soient punk, hippie ou techno, on insiste habituellement sur les nouvelles formes de solidarités et de transgressions qui en émergent. Cependant, comme ces sous-cultures sont constituées de liens entre personnes, les rapports sociaux de domination propres à la société les caractérisent aussi. Dans le cadre de ce mémoire, nous étudions la scène musicale électronique (techno) montréalaise. Nous nous attardons plus spécifiquement sur les espaces festifs raves, leur conception et la manière dont ils spatialisent et actualisent les rapports sociaux, qu’ils soient de genre, de race, de classe ou de sexualité. Par rave, nous entendons l’évènement, le rassemblement festif où l’on danse sur de la musique techno. Avec ce mémoire, nous cherchons à comprendre comment la conception et la perception de ces espaces de fête par les acteurs de la scène (les collectifs organisateurs, d’une part, et les participant•es, d’autre part) et ceux qui lui sont extérieurs (police, politiques municipales, propriétaires d’espaces), spatialisent et coconstruisent les rapports sociaux de sexe, genre et classe, mêlant ainsi transgression et reproduction des rapports sociaux de domination.
Nous soutiendrons que les espaces temporaires de fêtes matérialisent bien des rapports de domination qui s’agencent cependant différemment, suivant si ces évènements ont lieu dans des espaces institutionnalisés et fixes (les clubs) ou dans des espaces éphémères (rave). Notre analyse repose sur cadre féministe matérialiste de consubstantialité des rapports sociaux. À l’aune de cette optique, nous posons que les rapports de classe, de genre, de « race » et d’âge sont tout à la fois matériels et se co-construisent les uns les autres au sein d’agencements toujours spécifiques. Cette optique féministe matérialiste nous permet à la fois d’analyser les mécanismes de dominations et d’observer des initiatives transgressives et subversives à l’échelle micro-politique. Ce mémoire s’appuie principalement sur des entretiens semi-dirigés avec des participant.es (11) et de membres de collectifs – ces groupes d’individus plus ou moins formalisés qui organisent des évènements technos (6). Ce deuxième groupe de personnes nous permet de mieux comprendre comment certaines raves, comme espaces éphémères de fête, reflètent une réelle praxis, une volonté esthétique et (micro)politique de soutenir les personnes et communautés marginalisées et opprimées sur les axes du genre, de la classe et de la « race ».
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : sous-culture ; scène ; rave ; techno ; consubstantialité des rapports sociaux ; féminisme ; matérialisme ; genre ; queer ; praxis ; support ; clubs ; gentrification ; technologies disciplinaires ; safe space ; intersectionnalité