Blouin, Audrey
(2021).
« Les effets des moments de silence sur la qualité de l'alliance thérapeutique au cours de psychothérapies » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en psychologie (Essai doctoral).
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Résumé
Un nombre grandissant d’études s’intéressent à l’influence de la communication non verbale, par exemple la synchronie non verbale et l’expression faciale, sur la qualité de l’alliance thérapeutique. Le silence au cours des rencontres de psychothérapie ne semble toutefois pas susciter autant d’intérêt. Parmi le nombre restreint d’études qui s’y attardent, la majorité s’intéressent à l’expérience d’un seul des deux protagonistes, ce qui limite la portée des résultats. Le présent essai doctoral s’intéresse aux moments de silence comme phénomène co-construit par la dyade thérapeutique. Il a pour objectif de mesurer l’influence de la durée et de la fréquence des silences sur la qualité de l’alliance thérapeutique au cours de rencontres de psychothérapie brève. L’échantillon se compose de 123 rencontres de psychothérapie issues de huit dyades thérapeutiques. La qualité de l’alliance thérapeutique est mesurée à l’aide de l’échelle Vanderbilt Therapeutic Alliance Scale Revised (VTAS-R) et les moments de silence, ainsi que leur durée, ont été compilés dans les bandes audio des rencontres de psychothérapie. Des analyses multi-niveaux ont été effectuées entre les scores de la durée de silence et les scores du VTAS-R ainsi qu’entre les scores de la fréquence de silences et les scores du VTAS-R. Les résultats obtenus montrent un lien quadratique significatif entre la durée moyenne de silence et les scores de la sous-échelle Contribution du patient du VTAS-R. Les moments de silence semblent ponctuer l’échange verbal et introduire un rythme particulier qui s’avère plus ou moins bénéfique pour la qualité de l’alliance thérapeutique selon la durée moyenne des pauses. La perception du patient quant à l’aide que le thérapeute peut lui apporter, de même que son engagement dans le travail thérapeutique seraient ainsi associés à la qualité de la rythmicité interactionnelle, marquée par des pauses de durée « optimale ». À partir de ces résultats, nous considérons que cette qualité rythmique serait entre autres dépendante de la capacité du thérapeute à s’ajuster aux besoins et au rythme du patient et permettrait l’élaboration d’un sentiment de sécurité et de confiance dans la relation thérapeutique. Dans ce contexte, les moments de silence permettraient un espace d’introspection et une façon de communiquer le ressenti de part et d’autre. À d’autres moments, par contre, ils pourraient introduire une distance entre les protagonistes et être interprétés par le patient comme un manque d’intérêt à son égard. Ainsi, le jugement clinique des thérapeutes s’avérerait important lors de l’usage du silence. Un usage systématique du silence comme technique thérapeutique serait déconseillé.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : silence, alliance thérapeutique, contribution du patient, rythmicité interactionnelle
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