Bachisse, Houda
(2021).
« La communication des partis politiques québécois sur Facebook : quel rapport au politique? » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en communication.
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Résumé
Cette thèse analyse la nature du rapport au politique que des citoyens et les quatre principaux partis politiques québécois représentés à l’Assemblée nationale : Parti libéral du Québec (PLQ), Parti québécois (PQ), Québec Solidaire (QS), Coalition Avenir Québec (CAQ), développent à travers leurs pratiques et dynamiques communicationnelles sur Facebook, notamment dans un contexte de profond malaise politique et démocratique. Ce rapport au politique est examiné du point de vue des stratégies médiatiques mobilisées, des motivations et attentes des acteurs politiques et des citoyens à l’égard de ces pratiques, notamment dans une optique de participation politique. La perspective théorique de cette thèse se situe au confluent et en aval de plusieurs disciplines en sciences humaines et sociales, comme les sciences de la communication, les sciences politiques, la philosophie politique et la sociologie. Ce cadre nous a permis de mener une réflexion spécifique, mais plurielle permettant de comprendre, d’une part, la trajectoire des idées liant pouvoir et communication, et d’appréhender, d’autre part, l’acte de communication dans sa globalité ; c’est-à-dire dans une perspective permettant de réfléchir sur le « pourquoi » et le « comment » des processus communicationnels en politique avec une vision holistique articulant plusieurs modalités : les discours, le social et la technique. Sur le plan méthodologique, nous avons mis en œuvre une stratégie de recherche mixte à dominante qualitative. Nous avons ainsi procédé à une observation non participante en ligne et à une captation des pages Facebook des quatre partis politiques ainsi qu’à des entrevues semi-dirigées avec leurs stratèges de communication. Nous avons également effectué une analyse de contenus des statuts publiés sur ces pages ainsi que des commentaires produits par les citoyens en réaction à ces statuts. Les résultats de cette recherche démontrent que les citoyens et les partis politiques développent à travers leurs dynamiques communicationnelles sur Facebook, non pas un seul rapport, mais des rapports au politique. Des rapports « immuables » reliant les partis politiques aux citoyens, qui sont basés sur des logiques stratégiques dont les déterminants sont le pouvoir. De fait, et face à un malaise politique patent, les quatre partis politiques n’ont pas hésité à utiliser Facebook et les vertus persuasives du marketing politique sur ce média afin de visibiliser leurs discours, contrôler leur médiatisation et construire par et dans ces discours, un éthos favorable à soutenir leur crédibilité, « doper » leur attractivité et faire valoir, voire légitimer leur légitimité politique. Par éthos, nous entendons dans cette recherche, l’image que le locuteur (dans notre cas les partis politiques) veut construire dans son discours pour exercer une influence sur son allocutaire (dans notre cas les citoyens) (Charaudeau, 2014, 2009). Ainsi, la rhétorique interactive censée favoriser une action communicationnelle, a cédé la place sur ce média, à une pragmatique de discours où chaque parti politique cherche à construire une identité qui « magnifie » son éthos selon des modalités allant de la persuasion, à la justification, de la critique à la séduction, voire à l’humanisation. Ce constat conforte certaines tendances observées dans la littérature récente sur l’usage des médias socionumériques en politique (Lalancette et Raynauld, 2019 ; Lalancette, 2018 ; Gingras, 2018 ; Aldrin et Hubé, 2017), qui affirment qu’aujourd’hui comme hier, l’activité politique, qu’elle soit conquête ou exercice du pouvoir, mobilise toute une machinerie symbolique et communicationnelle. La rhétorique déployée irait donc en ce sens, condensant à la fois raison et émotion, mêlant les drames aux faits. Cette machinerie fait, de la mise en scène, du déclenchement de l’admiration, du recours aux récits de vie attrayants, aux photos et autres artefacts, une manière d’asseoir ou de renforcer la proximité entre le peuple et les prétendants au pouvoir (Gingras, 2018). Par ailleurs, la communication politique n’est possible que si les citoyens réagissent, d’une manière ou d’une autre, aux discours et enjeux qui y circulent. Facebook a permis justement de faire émerger certaines réactions qui créent les conditions d’autres rapports plus larges, qui n’incluent pas seulement le rapport avec « la politique », mais également avec « le politique ». À l’aune de nos résultats, Facebook permettrait de dynamiser une certaine socialité, qui n’est pas forcément vectrice de solidarités, mais qui permet d’en tisser de nouvelles où chaque citoyen ordinaire pourrait exister en politique, mais selon ses moyens, ses connaissances et ses particularités. Facebook a permis également aux individus ordinaires d’explorer de nouveaux relais où émergent dans le corps social des formes non conventionnelles de la participation politique. L’ossature de cette participation repose sur la prise de parole publique, sa structure est la liberté individuelle et les jugements personnels quant à sa particularité ; elle est éphémère.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : communication politique, rapport au politique, campagne électorale, partis politiques, citoyens ordinaires, espace public, légitimité du pouvoir, marketing politique, élections générales québécoises 2018.
Type: |
Thèse ou essai doctoral accepté
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Informations complémentaires: |
Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF / A. |
Directeur de thèse: |
Agbobli, Christian |
Mots-clés ou Sujets: |
Communication politique / Médias sociaux / Facebook / Partis politiques / Participation politique / Marketing politique / Campagnes électorales / Québec (Province) |
Unité d'appartenance: |
Faculté de communication |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
02 févr. 2022 09:27 |
Dernière modification: |
02 févr. 2022 09:27 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/15125 |